Emploi : l'embellie se confirme, l'intérim en dessous de son niveau d'avant-crise

L'emploi salarié a accéléré de 1,4% au second trimestre, soit 265.000 créations nettes d'emplois selon des chiffres dévoilés par l'Insee. L'institut a révisé à la hausse sa dernière estimation du mois d'août qui faisait état de 239.000 créations. Au total, l'emploi salarié (privé et public) se situe fin juin 2021 à +0,6% par rapport à son niveau de fin 2019 (+145.400).
Grégoire Normand
L'emploi a bondi notamment dans l'hébergement-restauration (+11,7%, soit +118.300) au cours du second trimestre.
L'emploi a bondi notamment dans l'hébergement-restauration (+11,7%, soit +118.300) au cours du second trimestre. (Crédits : Reuters)

Les voyants sont au vert sur le front de l'emploi. Malgré un printemps morose ponctué par un confinement et une situation sanitaire tendue, les chiffres de l'emploi dévoilés par l'Insee ce mercredi 8 septembre confirment l'embellie attendue. Selon l'institut de statistiques, l'emploi salarié a augmenté de 1,1% entre avril et juin contre 0,6% entre janvier et mars. Ainsi, plus de 289.000 emplois ont été crées au second trimestre.

Du côté de l'emploi public, les créations de postes ont augmenté de 0,4%, soit 24.300 emplois. Les statisticiens ont révisé à la hausse leurs projections par rapport à celles de juin (+0,3 point ; 62.000 emplois).

"L'emploi se porte très bien en France. Les créations nettes d'emplois sous-estiment même la force du marché du travail. Les entreprises ont repris à temps complet les travailleurs qui étaient au chômage partiel. Le recours moindre au chômage partiel reflète une bonne santé du marché du travail" a expliqué Charlotte de Montpellier, économiste chez ING en charge du suivi de la France interrogée par La Tribune.

 "La masse salariale soumise à cotisations sociales suivie dans le cadre de cette publication augmente de nouveau au deuxième trimestre 2021 : +2,1 % après + 1,7 %" ajoute l'Ursaff dans un communiqué.

Pas d'hécatombe redoutée sur le front de l'emploi

La levée des mesures de restriction et l'accélération de la vaccination dans la population française ont apporté un vent d'optimisme sur le marché de l'emploi. Après une année 2020 catastrophique, un grand nombre d'économistes redoutaient une hécatombe chez les travailleurs. A ce stade, si des coupes massives ont été annoncées dans des grands groupes, le taux de chômage n'a pas grimpé en flèche. Dans leurs dernières prévisions, les économistes de l'Insee tablent sur une croissance supérieure à 6% en 2021.

"Le marché du travail dynamique permet aux ménages d'avoir un revenu plus soutenu. C'est positif pour la consommation privée. Elle représente une part très importante du produit intérieur brut en France. Les entreprises sont confrontées à une demande très importante. Elles doivent embaucher pour répondre à cette demande. Le redressement du marché du travail permet d'avoir des prévisions plus optimistes pour la croissance" a ajouté l'économiste.

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Boom de l'emploi dans le tertiaire marchand

Dans le détail, la hausse de l'emploi est particulièrement marquée dans le tertiaire marchand. Au total, plus de 252.000 emplois ont été crées dans ce secteur au second trimestre. Après s'être effondré au printemps 2020, l'emploi dans les services a subi des fluctuations spectaculaires au gré des mesures prophylactiques mises en œuvre par le gouvernement. En effet, tous les secteurs dans le tertiaire à forte interaction sociale ont subi de plein fouet les confinement successifs et l'ensemble des mesures sanitaires depuis le printemps 2020.

Compte tenu du poids des services dans l'économie tricolore, la mise sous cloche de nombreux établissements aurait pu déboucher sur une crise violente sans la mise en oeuvre de l'activité partielle. "L'activité partielle a permis d'éviter des pertes dramatiques d'emplois. Ce mécanisme a permis d'avoir un choc très fort mais qui n'a pas débouché sur une catastrophe. Le chômage a un impact très important sur la confiance. La reprise aurait été moins dynamique sans l'activité partielle" a indiqué l'économiste d'ING.

Dans le tertiaire non-marchand, la hausse est également marquée avec près de 29.000 emplois crées. "L'emploi y dépasse largement son niveau mesuré un an auparavant, qui avait été affecté par le premier confinement, et excède aussi son niveau d'avant-crise (+1,4 % par rapport à fin 2019, soit +115.900), principalement dans le secteur de la santé (+4,0 % soit +63.700 emplois)", indique l'Insee.

En revanche, les chiffres de l'emploi dans la construction (1.500) et l'industrie (3.117) sont bien moins favorables. "L'emploi a retrouvé son niveau d'avant crise assez rapidement. Cette hausse n'est pas globale. La construction a essuyé les pertes du Covid par exemple. Dans le même temps, l'industrie n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant crise. L'hébergement-restauration reste également en dessous de son niveau d'avant crise", estime Charlotte de Montpellier. 

L'emploi intérimaire retrouve des couleurs sans atteindre son niveau d'avant-crise

L'emploi intérimaire qui constitue un indicateur avancé très scruté s'améliore au second trimestre avec 17.900 emplois (+2,4%) contre 1.200 au premier trimestre (+0,2%). Si les personnes en CDI ont globalement pu conserver leur emploi pendant la crise sanitaire, beaucoup de salariés en mission intérimaire ont perdu leur emploi du jour au lendemain sans vraiment de perspectives claires.

En cherchant à réduire rapidement leurs coûts, les entreprises ont d'abord dû se séparer de ce personnel. Au premier trimestre 2020, la chute de l'intérim avait été particulièrement impressionnante (-40% ; -318.000 postes). Depuis ce plongeon, les indicateurs se redressent sans retrouver leur niveau d'avant-crise (-22.700 emplois par rapport au dernier trimestre 2019).

Les difficultés de recrutement pourraient persister

La reprise économique s'accompagne de difficultés de recrutement. Sans surprise, le redressement d'une économie après un tel choc entraîne mécaniquement des frictions entre l'offre et la demande de travail. Au delà des obstacles exprimés par les employeurs, ces difficultés pourraient durer.

"Les contraintes sur les entreprises risquent de rester. Il y a de moins en moins de personnes sur le marché du travail. Malheureusement, ces difficultés modèrent l'élan économique. Les entreprises sont limitées dans leur dynamique comme dans l'industrie, le bâtiment", conclut Charlotte de Montpellier.

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Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 08/09/2021 à 13:55
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Quels emplois, pour quel salaire et qu'elles conditions de travail ? L'hôtellerie/restauration? Je connais... Pas "glop"..pas "glop"!!

à écrit le 08/09/2021 à 13:39
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Photo: ben voilà ça ressemblait à ça aussi le bar de la plage, on dirait que les humains ont été atrophiés d'une partie d'eux-mêmes avec cette dictature sanitaire.

le 08/09/2021 à 18:45
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Poseur de plexiglass, c'est un métier qui ne connait pas la crise !

le 09/09/2021 à 6:20
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Ce cliche a ete pris en Norvege. Signale.

le 11/09/2021 à 9:55
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@ matin brun: Et ce sont pas des humains qui habitent en Norvège ? Signalé.

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