Emploi : les obstacles se multiplient sur le parcours d'insertion des jeunes

Les jeunes qualifiés qui aspirent à des emplois de qualité pourraient lourdement pâtir des conséquences néfastes de la crise sur le marché du travail, selon une récente enquête du Céreq.
Grégoire Normand
Pour ceux qui espéraient trouver un emploi à la hauteur de leur diplôme, la partie s'annonce plus difficile : peu de créations d'emploi et une file d'attente qui s'allonge avec l'arrivée sur le marché du travail des sortants de l'appareil éducatif expliquent les chercheurs.
"Pour ceux qui espéraient trouver un emploi à la hauteur de leur diplôme, la partie s'annonce plus difficile : peu de créations d'emploi et une file d'attente qui s'allonge avec l'arrivée sur le marché du travail des sortants de l'appareil éducatif" expliquent les chercheurs. (Crédits : Reuters)

Horizon professionnel bouché, CDD non renouvelés, jobs étudiants arrêtés, flambée du chômage... depuis le début de la pandémie, la situation des jeunes sur le marché du travail demeure très préoccupante. La plupart des indicateurs indiquent que cette population est en première ligne dans cette récession hors norme. La crise sanitaire et économique a précipité un grand nombre dans la précarité. Leur insertion professionnelle se transforme déjà en parcours du combattant. Même ceux qui ont suivi de longues études, des formations et des stages à répétition, et ont poursuivi les efforts pour postuler pendant les périodes troublées de confinement témoignent de graves difficultés.

Dans ce contexte morose, le centre de recherches et d'études sur les qualifications (Céreq), qui vient de publier une enquête éclairante menée avant la pandémie sur les aspirations professionnelles des jeunes, montre que les salariés débutants sont avant tout à la recherche de "qualité au travail". Le choc terrible provoqué par la récession pourrait néanmoins modifier en profondeur les ambitions de cette population confrontée à un marché du travail déprimé. "La crise actuelle et ses effets sur l'emploi des jeunes pourraient venir bousculer le rapport au travail de ces derniers et impulser une redéfinition de leurs aspirations individuelles, à l'aube de leur vie professionnelle" relève l'étude du laboratoire de recherches situé à Marseille.

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Progresser en interne

L'étude intitulée "À quoi rêvent les jeunes salariés ? Qualité du travail, aspirations professionnelles et souhaits de mobilité des moins de 30 ans", indique que les salariés souhaitent avant tout progresser à l'intérieur de leur entreprise. Ainsi, 73% des répondants indiquent qu'ils souhaitent davantage prendre de responsabilités et 79% souhaitent faire évoluer le contenu de leur travail. Dans le détail, "près d'un tiers des jeunes salariés (31%) mettent en avant un souhait de progresser dans leur entreprise, porté par une confiance marquée dans l'avenir et un risque de perdre leur emploi qu'ils perçoivent comme très faible. Leur objectif de gagner en responsabilité est encouragé par la possibilité qu'ils ont de discuter avec leur responsable des questions de mobilité, de salaire et d'organisation du travail". Pour favoriser cette ascension en interne, les jeunes qui ont répondu à l'enquête sont plus demandeurs de formation auprès de leur direction que le reste de la population interrogée.

L'adéquation difficile entre la qualification et le travail

En occupant leur premier poste, beaucoup de jeunes sont parfois déçus ou expriment un désenchantement lorsqu'ils se confrontent à la réalité du marché du travail. Ils seraient ainsi 16% à rechercher une meilleure adéquation entre leur niveau de qualification et le poste occupé. Ce groupe de répondants déclarent de grands motifs d'insatisfaction et jugent souvent "inintéressantes" leurs tâches réalisées au quotidien. Outre des conditions de travail parfois jugées "pénibles", ils doivent affronter de "sombres perspectives professionnelles". Près d'un an et demi après la sortie de leurs études, ils seraient 22% à être sans emploi.

La situation des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur est à cet égard criante. Ainsi, 49% des jeunes salariés de ce groupe de répondants sont diplômés du supérieur (contre 51% dans l'ensemble) mais 47% en emploi non qualifié (28% dans l'ensemble). Plus souvent aussi à temps partiel (22% contre 12% en moyenne), moins souvent en CDI (75% contre 79%), ces jeunes sont massivement salariés dans des entreprises de taille moyenne (250 à 499 salariés), et dans les secteurs des «  activités de services administratifs et de soutien » signalent les auteurs.

La situation des femmes est souvent préoccupante sur l'inadéquation entre le poste et le niveau de qualification. Plus diplômée en moyenne que les hommes, elles occupent plus souvent des postes moins rémunérés. Dans le contexte de la crise actuelle, les craintes et déceptions même pour les plus qualifiés risquent de s'amplifier. "Pour ceux qui espéraient trouver un emploi à la hauteur de leur diplôme, la partie s'annonce plus difficile : peu de créations d'emploi et une file d'attente qui s'allonge avec l'arrivée sur le marché du travail des sortants de l'appareil éducatif" indique le bulletin de recherche.

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Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 28/01/2021 à 21:45
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L'insertion par le digital des boomers, cela fait plusieurs décennies que les jeunes la subissent...

à écrit le 28/01/2021 à 17:19
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En lisant ça on se dit qu'ils vont changer de stratégie mais non:confinement et psy gratuit pour les nouveaux pauvres !

à écrit le 28/01/2021 à 16:58
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La peur des vieux avant la vie des jeunes, un classique dans nos sociétés en déclin.

le 28/01/2021 à 18:20
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Par contre , chez les fourmis c'est l'inverse ils sacrifient les vieilles fourmis en les envoyant à l’extérieur pour combattre ou chercher de la nourriture car ,il y a plus de risque ,les plus jeunes eux restent dans la fourmilière.

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