Quel est le montant moyen des salaires en France ? Selon la dernière note de l'Insee publiée ce vendredi 4 décembre, le salaire brut moyen était de 3.137 euros et le salaire net de 2.369 euros en 2018 dans le secteur privé pour un poste en équivalent temps plein. La croissance des salaires en 2018 a marqué le pas (+0,4%) par rapport à 2017 (0,9%). Cette progression est ainsi inférieure à l'augmentation moyenne enregistrée ces 20 dernières années (+0,6%). Il s'agit de la plus faible hausse depuis 2014.
Avec la crise actuelle, les salariés risquent de payer les répercussions néfastes de la récession sur leur fiche de salaire. En effet, beaucoup de salariés en poste ont déjà signalé qu'ils avaient enregistré une perte substantielle de leur revenu issu de leur activité, notamment pour tous ceux qui ont connu des périodes de chômage partiel ou de fermeture administrative depuis le début de la crise. Tous les ouvriers ou les employés qui n'ont pas pu travailler à distance pendant tous les mois de confinement sont particulièrement affectés par cette baisse de revenus contrairement à beaucoup de cadres qui ont pu pratiquer le télétravail.
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Un salaire médian à 1.871 euros, des disparités accrues
Le salaire médian était de 1.871 euros nets en 2018. Ce montant inférieur de 21% au salaire moyen permet d'avoir une vision plus juste de la répartition des salaires dans la population active. En effet, derrière cette moyenne, il existe des disparités salariales importantes dans le haut de la distribution et une forte concentration dans le bas.
Ainsi, près de 80% des salariés reçoivent un salaire net dans un intervalle compris entre le salaire minimum (1.177, nets des contributions et des cotisations) et 3.000 euros par mois. Sur le spectre des salaires, 10% des salariés gagnent moins de 1.282 euros (premier décile) et 10% gagnent plus de 3.776 euros par mois (9ème décile). Enfin, le dernier centile (99ème centile) perçoit plus de 9.172 euros par mois, soit environ 8 fois le SMIC.
Une hausse six fois plus importante pour le sommet de la pyramide
Pour 2018, toutes les catégories de salaires ont enregistré une hausse mais là encore il existe des écarts. Il apparaît que les salariés en haut de la pyramide ont connu une hausse de salaire deux fois plus importante (+0,5% pour le dernier décile) que la médiane (+0,2%) ou ceux situés dans le premier décile (0,2%).
L'écart est encore plus spectaculaire si l'on prend en compte les salariés au sommet de l'échelle (99ème centile). Dans cette catégorie, la hausse est de 1,2%, soit six fois plus que la valeur médiane. "Les disparités salariales s'accroissent donc, poursuivant une tendance entamée en 2010. Jusqu'en 2009, la tendance était inverse, si bien que depuis 1996, le premier décile a plus augmenté que le neuvième", expliquent les statisticiens. Dans le graphique ci-dessous, le fossé commence à se creuser au lendemain de la crise de 2008 entre les salaires du dernier décile et la valeur médiane. La pandémie risque encore d'accentuer cet effet au moins à court terme.
En 2018, une baisse moyenne chez les cadres
Cette hausse au sommet de l'échelle des salaires ne doit pas faire oublier que les cadres ont en moyenne connu un recul de leur salaire net en 2018 de 0,2%. Chez les professions intermédiaires, l'inflexion est légèrement plus marquée (-0,3%). Chez les employés (0,1%) et les ouvriers (0,3%), la situation est un peu meilleure.
Par secteur, les salariés de l'industrie (+0,5%) et du tertiaire (0,5%) ont connu une hausse sur leur fiche de salaires quand les travailleurs de la construction ont enregistré une diminution (-0,3%).
Des inégalités persistantes entre les hommes et les femmes
La parité dans les salaires est loin d'être gagnée. Les chiffres de l'institut de statistiques indiquent que le salaire en équivalent temps plein des femmes était inférieur de 16,9% à celui des hommes. Sur les dernières années, les écarts ont tendance à diminuer, souligne l'institut de statistiques. Cela peut s'expliquer par une plus forte présence des femmes dans les métiers de cadres par exemple, avec une hausse de un point en seulement un an (36,4% en 2018 contre 35,4%). Dans le même temps, "le salaire net moyen des femmes cadres progresse en 2018 (+ 0,3 % en euros constants), contrairement à celui de leurs homologues masculins (− 0,3 %)", ajoute l'Insee.
Malgré ces signaux favorables, cet écart entre les hommes et les femmes persiste. Si la participation des femmes au marché du travail s'est considérablement accrue ces dernières décennies, elles occupent bien plus souvent que les hommes des postes à temps partiel et se retrouvent plus souvent pénalisées au moment de l'arrivée d'un enfant par exemple. En outre, la sous-représentation des femmes dans le haut de la distribution des salaires illustre le "plafond de verre" toujours bien présent dans les plus hautes sphères du secteur privé.
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