En 30 ans, les écarts de revenus entre l'Île-de-France et les autres régions se réduisent

Les écarts de revenus fiscaux entre les départements de la région francilienne et les autres départements ont baissé sous l'effet notamment de la hausse des revenus dans certaines grandes métropoles (Lyon, Toulouse, Nice, Bordeaux, Strasbourg) et zones frontalières. En revanche, les inégalités au sein des départements franciliens ont augmenté durant les trois dernières décennies selon l'Insee. La baisse des revenus fiscaux en Seine-Saint-Denis est particulièrement alarmante alors que la pandémie frappe de plein fouet ce département.
Grégoire Normand
Le tableau dressé par les économistes de l'Insee pour la région Île-de-France met en lumière les disparités criantes qui persistent dans la région la plus peuplée de la France métropolitaine.
Le tableau dressé par les économistes de l'Insee pour la région Île-de-France met en lumière les disparités criantes qui persistent dans la région la plus peuplée de la France métropolitaine. (Crédits : Reuters)

Les disparités territoriales perdent un peu de terrain. Selon la dernière livraison de l'Insee rendue publique ce jeudi 19 novembre, les inégalités de revenus fiscaux (*), c'est-à-dire les revenus avant redistribution, entre l'Île-de-France et les autres départements français se réduisent entre 1984 et 2018. La hausse des revenus dans d'autres métropoles françaises a permis un certain rééquilibrage au sein de l'économie française. Cependant, cette évolution est loin d'être linéaire. D'après l'étude de l'Insee, le revenu fiscal par habitant en Île-de-France était supérieur de 50% aux autres départements en 1984. Cet écart a diminué à 33% en 2013 pour à nouveau redécoller et s'établir à 37% en 2018.

En plus, il subsiste des écarts de richesse vertigineux entre les départements. Les nombreuses manifestations des "gilets jaunes" en 2018 et 2019 ont jeté une lumière crue sur la France des ronds-points et les territoires qui se sentent délaissés. À l'échelle de l'Île-de-France, la situation s'est même empirée entre les départements depuis trois décennies.

Avec la pandémie actuelle, les inégalités de revenus risquent de se creuser entre les départements. En effet, beaucoup de territoires dépendant de secteurs pulvérisés par la crise économique et sanitaire, comme l'aéronautique ou le tourisme de masse, risquent de garder pour longtemps les séquelles de cette violente récession. Par ailleurs, le risque de basculement dans l'extrême pauvreté dans certains département inquiète vivement les associations et l'entourage du ministre de la Santé Olivier Véran qui a mentionné une forte hausse des inscriptions au RSA depuis septembre lors d'une réunion avec des journalistes mercredi 18 novembre.

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Une réduction entre Paris et les autres départements

Sans surprise, le département de Paris a pendant longtemps concentré les plus hauts revenus en France. Une récente enquête de l'Insee publiée au mois de mai avait mis l'accent sur cette forte concentration des plus hauts revenus avec une importante proportion de cadres dirigeants et directions d'entreprises.

Dans certaines zones géographiques, le revenu fiscal par habitant a augmenté plus vite que la moyenne nationale, notamment grâce à certains facteurs qui ont tiré les revenus fiscaux vers le haut. Ce qui a pu contribuer à baisser les disparités interdépartementales. Les statisticiens avancent que ce phénomène est particulièrement visible dans trois grandes zones géographiques. Le grand Ouest d'abord avec la Bretagne et les Pays de Loire notamment qui ont bénéficié d'un fort dynamisme économique. La deuxième zone comprend la plupart des départements limitrophes à la Suisse. Dans cet espace, les revenus fiscaux des travailleurs transfrontaliers ont bondi bien plus rapidement que les revenus de la moyenne nationale. Enfin, la dernière zone comprend le sud de la France avec l'arrivée en masse de retraités.

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Le Pas-de-Calais, l'Aisne et les Ardennes à la peine

Dans certains départements, l'évolution est particulièrement inquiétante avec des revenus fiscaux inférieurs de 20% à la moyenne nationale. Il s'agit par exemple du Pas-de-Calais, de l'Aisne et des Ardennes. Ces départements, qui ont subi notamment la fermeture des mines et de l'exploitation du charbon ainsi que l'effondrement de l'industrie du textile, conservent les séquelles de ces transformations majeures. Les départements de la Creuse, de l'Aude et de la Seine-Saint-Denis figurent également en bas de tableau avec un revenu par habitant inférieur de 25% à la moyenne nationale.

La situation demeure critique en Île-de-France

Le tableau dressé par les économistes de l'Insee pour la région Île-de-France met en lumière les disparités criantes qui persistent dans la région la plus peuplée de la France métropolitaine. Ils évoquent "une hausse significative" des écarts de revenus fiscaux entre 1984 et 2018. Sur les huit départements, les contrastes sont particulièrement marqués entre l'avance de Paris qui s'accentue, les Hauts-de-Seine et les Yvelines qui se maintiennent et le recul du revenu fiscal par rapport à la moyenne nationale dans quatre autres départements (Val-de-Marne, Essonne, Seine-et-Marne, Val-d'Oise).

La Seine-Saint-Denis dans le rouge

En Seine-Saint-Denis, la situation est très alarmante. D'après les données compilées par les chercheurs, le revenu fiscal moyen a diminué de 30 points sur les trente dernières années. L'appauvrissement de la population en général et la montée de l'extrême précarité peuvent expliquer entre autres cette chute des revenus fiscaux. La dégradation du marché du travail depuis le début des années 80 renforce ces écarts. Le taux de chômage qui était proche de la moyenne nationale en 1984 a considérablement augmenté, surtout chez les jeunes alors que ces derniers constituent une part importante de la population.

En outre, les créations d'emplois dans le département depuis une dizaine d'années ne profitent pas forcément aux Dyonisiens. Ainsi, "le nombre d'emplois dans le département a augmenté de 8,2 % entre 2007 et 2017, alors que le nombre d'actifs occupés résidant dans la zone n'a progressé que de 4,6 % sur la même période", note l'organisme de statistiques. Avec la crise sanitaire en cours, les effets dévastateurs risquent encore d'exacerber les inégalités entre la Seine-Saint-Denis frappée de plein fouet par le nombre de contaminations au printemps et le reste de l'Île-de-France.

(*) Le revenu fiscal (ou revenu déclaré) est constitué des ressources mentionnées sur la déclaration des revenus. Il comprend le cumul des revenus d'activité salariée ou non salariée, des indemnités de chômage, de maladie, des pensions d'invalidité ou de retraite ainsi qu'une partie des revenus du patrimoine

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 19/11/2020 à 18:50
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Forcément, tous les bac moins dix du monde entier débarquent en région parisienne, tu m'étonne, qu'il n'y a plus de rentrées fiscales.

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