France 2030 : Bercy veut mettre le paquet sur les ETI

Référents régionaux, indicateurs, baisse plus massive des impôts de production, réduction des cotisations sur les emplois intermédiaires...le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut renforcer la politique de l'offre en faveur des entreprises de taille intermédiaire (ETI). "Les ETI doivent devenir le fer de lance de la reconquête industrielle en France", a martelé le ministre de l'Economie.
Grégoire Normand
Le ministre de l'Economie a tiré le bilan du gouvernement en matière de stratégie pour les ETI.
Le ministre de l'Economie a tiré le bilan du gouvernement en matière de stratégie pour les ETI. (Crédits : Reuters)

Deux ans après avoir déroulé le tapis rouge à plus de 500 patrons d'entreprises de taille intermédiaire dans les salons de l'Elysée, le gouvernement a décidé de réunir à nouveau à Bercy un parterre de dirigeants ce mercredi 5 janvier. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui a ouvert l'événement intitulé "stratégie nation ETI" était accompagné de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l'Industrie, et Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse.

"Cela fait des années que l'on se plaint d'avoir un tissu de PME solide mais la France a trop peu d'ETI au regard de nos voisins allemands. La situation économique de la France ne se résume pas aux PME et aux grandes entreprises. Les ETI sont un pivot de la vie économique", a déclaré le ministre Bruno Le Maire lors d'un propos liminaire.

Les rangs dans le centre de conférences Pierre Mendès-France étaient clairsemés mercredi en fin d'après-midi. Il faut dire que l'ambiance a bien changé en deux ans. La déferlante du variant Omicron et la cinquième vague mettent à rude épreuve l'économie française. Chaque jour, le nombre de contaminations bat des records. Les laboratoires et les pharmacies sont submergées par les files d'attente des personnes voulant se faire tester. Si l'impact sur l'économie tricolore et le tissu productif semble pour l'instant limité, le prolongement de la crise sanitaire et les dégâts qu'elle a pu engendrer risquent de laisser de profondes séquelles encore difficiles à mesurer à ce stade.

Inscrire les ETI dans le plan France 2030

L'une des ambitions affichées par Bercy est d'impliquer les entreprises de taille intermédiaire dans le plan France 2030. "France 2030 aura vocation à soutenir les ETI dans les filières mises en avant", indique un conseiller des ministres de Bercy.  Au mois d'octobre dernier, Emmanuel Macron, lors d'un discours de plusieurs heures au palais de l'Elysée, avait tracé les grandes lignes de son plan France 2030 doté d'une enveloppe d'environ 34 milliards d'euros. Parmi les grands secteurs évoqués apparaissent l'énergie, les transports ou encore l'alimentation. Evidemment, cet objectif d'inscrire les ETI dans ce plan ne pourra se faire que si Macron est réélu au printemps prochain.

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Renforcer l'accompagnement des ETI par les pouvoirs publics en région

La promulgation de la loi Notre (Nouvelle organisation territoriale) sous le mandat de François Hollande a renforcé les compétences économiques des régions depuis plusieurs années. Parmi les nouveautés annoncées par Bercy figure la désignation d'un référent ETI par région intégré aux services économiques de l'Etat. "Il y a un vrai besoin d'un interlocuteur spécifique pour bien comprendre la culture des ETI", explique l'entourage du ministre. L'exécutif veut également poursuivre l'émergence de clubs ETI en région et mettre en place une feuille de route en partenariat avec les régions.

Toujours sur le volet accompagnement, le ministère de l'Economie veut enfin encourager un plus grand recours aux accélérateurs de Bpifrance implantés en région et aux services des team France export destinés à l'international. "Les ETI ont une place essentielle dans les exportations françaises. Elles représentent un tiers des exportations françaises", ajoute une source au sein du ministère.

Autre mesure phare: la création d'un indicateur de suivi des impôts de production payés par les entreprises. Une mesure de nature à satisfaire le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), l'organisation représentative des ETI, qui alerte régulièrement sur un "décalage compétitif" de la France.

Muscler l'attractivité des ETI et l'accès aux compétences

De nombreuses entreprises de taille moyenne doivent faire face à des pénuries de compétences ou un manque de main d'œuvre. La pandémie a d'ailleurs amplifié ces problématiques de recrutement. Un des axes que Bercy veut développer est de "donner aux ETI les moyens de recruter les talents et profils dont elles ont besoin pour se développer", selon le dossier de presse. Une convention doit être signée avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche pour "permettre aux professionnels d'expliquer aux jeunes les stagiaires qu'ils recherchent, voire d'orienter les enseignements", a ajouté Olivier Schiller, PDG de Septodont et vice-président du Meti.

15 milliards d'euros de PGE accordés aux ETI

Le déferlement de la cinquième vague et la contagiosité du variant Omicron ont obligé le gouvernement a musclé certaines aides mises en œuvre depuis le début de la pandémie. Parmi les leviers renforcés depuis le 3 janvier dernier, figurent notamment les prêts garantis par l'Etat (PGE) dont l'étalement des remboursements pourra se prolonger jusqu'à 10 ans contre 6 ans auparavant.

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Selon un récent bilan établi par les services du ministère des Finances, 16 milliards d'euros ont été accordés aux ETI en France sur les 143 milliards d'euros d'encours. Ce qui représente 11% du total. Le montant moyen pour les prêts est d'environ 12 millions d'euros. A titre de comparaison, environ 52 milliards d'euros ont été accordés au très petites entreprises mais elles représentent plus de 90% du tissu productif contre seulement 0,25% pour les ETI. En revanche, le poids de ces dernières dans la richesse produite en France est relativement considérable (26%).

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Les ETI  en France en quelques chiffres

Les ETI regroupent les entreprises ayant entre 250 et 5.000 salariés et un chiffre d'affaires compris entre 60 millions d'euros et 1,5 milliard d'euros. Le dernier panorama de l'Insee sur les entreprises en France (édition 2021) recense 5.500 entreprises de taille intermédiaire sur l'ensemble du territoire, dont 1.738 ETI industrielles. Elles font travailler 3 millions de salariés, réalisent 30 % du chiffre d'affaires, 27 % des investissements et 26 % de la valeur ajoutée de l'ensemble des entreprises. Une grande part des industries en France est implantée dans l'industrie. Elles jouent un rôle important dans le commerce extérieur français. Interrogé par La Tribune, l'entourage du ministre de l'Economie assure que la France compte 134 ETI de plus qu'en 2017.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 06/01/2022 à 7:57
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Il est à noter que les politiciens ne restent en place que quelques années, ils en profitent ainsi pour dilapider l'argent public et ensuite ils sont récompensés avec des emplois fictifs dans le privé payés le double ou le triple, bref ils ont tout à...

à écrit le 05/01/2022 à 21:09
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Les prévisions de Bruno Le Maire sont annonces dans le vide sidéral dans lequel va plonger la macronnerie

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