La croissance des Etats-Unis tourne à plein régime et dépasse les prévisions

Selon la première estimation du département américain du Commerce, publiée ce jeudi, la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est accélérée en 2023, à 2,5% contre 1,9% l'année précédente.
Pour rappel, le PIB américain avait fait les montagnes russes en 2020 et 2021, enregistrant le plus fort recul du PIB depuis 1946 (-3,5%).
Pour rappel, le PIB américain avait fait les montagnes russes en 2020 et 2021, enregistrant le plus fort recul du PIB depuis 1946 (-3,5%). (Crédits : CARLO ALLEGRI)

Un indicateur de bon augure pour la Fed, en vue de la réunion prévue les 30 et 31 janvier ? Selon la première estimation du département américain du Commerce, publiée ce jeudi, la croissance du produit intérieur brut (PIB) au pays de l'Oncle Sam s'est accélérée en 2023. Elle atteint ainsi 2,5% sur l'année 2023, contre 1,9% l'année précédente.

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Dans le détail, la croissance du quatrième trimestre 2023 s'élève à 3,3% en rythme annualisé. Une mesure privilégiée par les États-Unis qui compare le PIB à celui du trimestre précédent, puis projette l'évolution sur l'année entière à ce rythme. Cela représente un ralentissement par rapport aux 4,9% du troisième trimestre. En revanche, le chiffre se révèle supérieur aux 2% attendus par les analystes, selon le consensus de Market Watch.

« La croissance du quatrième trimestre a été plus forte qu'attendu, tirée par les solides dépenses de consommation », a commenté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour le cabinet High Frequency Economics.

La consommation, principal moteur de l'économie américaine, est restée solide l'année écoulée, en dépit d'un pouvoir d'achat rogné d'un côté par l'inflation, de l'autre par la hausse des taux d'intérêt. Car les salaires ont eux aussi grimpé, et, depuis mi-2023, leur hausse est plus forte que celle des prix. Mais la croissance pourrait ralentir en 2024, du fait des mesures prises par la banque centrale américaine (Fed) pour juguler la forte inflation.

L'inflation cependant en hausse en décembre

D'après les derniers chiffres du département américain du Travail, l'inflation est repartie à la hausse en décembre aux Etats-Unis, alors qu'elle était en recul depuis plusieurs mois. Selon l'indice CPI publié le 11 janvier dernier, et sur lequel sont indexées les retraites, les prix à la consommation ont augmenté de 3,4% sur un an en décembre, contre 3,1% en novembre. C'est plus qu'attendu, les analystes prévoyant un léger rebond, à 3,2%, selon le consensus de Market Watch. Sur un mois seulement, la hausse s'est également accélérée, à 0,3% contre 0,1% le mois précédent. En cause notamment, les prix des logements : un thème jugé central dans un contexte marqué par la course à la Maison Blanche.

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Pour juguler la forte inflation, qui avait atteint en juin 2022 un niveau inédit depuis le début des années 1980, 9,1% sur un an, la banque centrale américaine (Fed) a relevé ses taux à onze reprises entre mars 2022 et juillet 2023. L'inflation ayant désormais ralenti, la Réserve fédérale envisage de les abaisser dans les mois qui viennent, ce qui rendra le crédit plus abordable pour les ménages. Elle devrait les maintenir à leur niveau actuel, entre 5,25 et 5,50%, lors de sa prochaine réunion, qui se tiendra mardi et mercredi.

Atterrissage en douceur malgré tout

Selon la dernière enquête publique de la Fed, publiée en octobre dernier, les perspectives vers un atterrissage en douceur de l'économie américaine sont en train de se matérialiser. Et ce, grâce à un marché de l'emploi un peu moins tendu (sauf pour les salariés les plus qualifiés).

« La perspective à court terme pour l'économie a été décrite généralement comme stable avec une croissance un peu plus faible », synthétise la Fed dans cette enquête baptisée « Beige Book ».

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Sur les douze régions américaines étudiées par la Fed, six connaissent une activité stable ou en légère baisse. L'autre moitié voit son activité progresser légèrement. Les services vont également mieux, mais « l'activité touristique qui a continué de s'améliorer » commence également à montrer des signes de faiblesse.

Les taux d'intérêt élevés rendent aussi les crédits plus chers, avec un impact sur l'activité des banques, où les demandes de prêts sont en léger recul. Du côté du marché du travail, la tension existante semble disparaître peu à peu, entre des employeurs qui « ne se sentent plus pressés de recruter », et une hausse du nombre de candidats par offre d'emploi.

Enjeux de campagne

En pleine campagne présidentielle américaine, les chiffres de l'inflation, et plus largement les indicateurs macro-économiques sont surveillés comme le lait sur le feu. Les prix élevés depuis plus de deux ans, et la difficulté qu'ont de nombreux ménages à remplir leur caddie au supermarché ou à se loger, restent un handicap pour le président Joe Biden, candidat à sa réélection.

L'opposition républicaine, qui, depuis plusieurs semaines, a entamé ses primaires pour l'investiture - avec Donald Trump favori - accuse régulièrement l'occupant actuel de la Maison Blanche d'avoir alimenté l'inflation, en adoptant de vastes dépenses destinées à relancer l'activité économique après la crise provoquée par le Covid-19.

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A cette critique, le président Biden a répondu à plusieurs reprises que l'actuelle bonne santé économique du pays « n'est pas le fruit du hasard », mais le résultat de sa politique économique. « Ne vous méprenez pas : les républicains extrémistes n'ont aucun projet visant à baisser le coût de la vie des ménages, aucun », a aussi récemment asséné le président démocrate.

D'autant plus que c'est un duel avec l'ancien président républicain Donald Trump qui semble se dessiner. Or celui-ci met régulièrement en avant la bonne santé de l'économie américaine lorsqu'il était à la Maison Blanche, mais aussi des finances des ménages, avant la flambée des prix.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 26/01/2024 à 9:20
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Leur jeu, leurs règles, leur suprématie et la nullité de nos dirigeants européens. Mais bon comme je dis se mettre sous tutelle des américains certes nous coute un bras en corruption politico-financière mais c'est certainement plus prudent, certainem...

le 26/01/2024 à 14:13
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@ Dossier 51 Vous pouvez entendre l’écho de l’inimitié héréditaire germano-française dans votre commentaire. L’alternative entre être un vassal américain ou parler allemand ne se pose pas. Les États-Unis sont l’hégémonie incontestée de l’Occident et...

à écrit le 26/01/2024 à 7:41
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Les banques du monde entier ont intérêt à rouler pour les Etats Unis, propriétaires et créateurs des règles du jeu économique. C'est normal, ce qui ne l'est pas c'est nos dirigeants inféodés aux plus puissants qu'eux, eux ne servent à rien, ils ne ne...

à écrit le 25/01/2024 à 17:14
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Avec 2 000 milliards de deficit public pour l'année fiscale 2022 / 2023, ça aurait été gênant s'il n'y avait pas eu 2% de "croissance". Le secteur pétrole / gaz contribue aussi sûrement pas mal à tirer l'activité. D'un autre côté, le nombre de sans...

le 26/01/2024 à 15:01
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@Effix. CQFD 👏👍

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