Gestion du Covid-19 : les métropoles demandent une meilleure écoute de l'État

Le président de l'association France urbaine, Jean-Luc Moudenc, s'interroge sur la portée d'un retour à l'école le 11 mai de même qu'il témoigne de secteurs économiques "fragilisés voire en danger de mort".
César Armand
"Nous sommes totalement coopératifs, mais sur beaucoup de sujets, nous n'avons pas la clé. Il faut nous donner des réponses pour qu'on puisse avancer" déclare Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse, président de Toulouse Métropole et président de l'association d'élus France Urbaine

C'est un rituel immuable depuis le début du confinement. Tous les samedis après-midi, les 70 élus de l'association France urbaine, qui rassemble les maires des grandes villes et les présidents des métropoles, se retrouvent en visioconférence pendant deux heures. A l'issue de ces réunions dématérialisées, un courrier est systématiquement envoyé au Premier ministre pour lui remonter des enjeux et des inquiétudes.

Problème: aux lettres adressées les 23 et 30 mars ainsi que le 6 avril, "nous n'avons reçu que des réponses partielles du cabinet vers la structure administrative, mais pas de réponses formelles", raconte son président Jean-Luc Moudenc. "Je comprends que le Premier ministre soit envahi de courriers, mais qu'on n'ait pas de réponses sur le fond me préoccupe", ajoute le maire (LR soutenu par LREM aux municipales) de Toulouse et président de Toulouse Métropole.

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Interrogation sur le retour à l'école le 11 mai

Les patrons des grandes agglomérations sont en effet en première ligne face au coronavirus, le risque de contamination y étant plus fort que dans les autres communes.

"Nous sommes totalement coopératifs, mais sur beaucoup de sujets, nous n'avons pas la clé. Il faut nous donner des réponses pour qu'on puisse avancer", insiste Jean-Luc Moudenc.

Qui cite le dépistage prioritaire des personnels des EHPAD, officiellement annoncé mais inégalement appliqué. "Cela ne s'est pas concrétisé de manière systématique", assure-t-il encore.

En réalité, c'est la question de l'accès à l'école qui l'agace. Si, comme ses collègues, il a ouvert les établissements aux enfants des personnels soignants, d'agents de préfecture ou des policiers nationaux, le maire de Toulouse aimerait en faire bénéficier d'autres publics.

"Cela ne fonctionne ni pour la police municipale alors qu'elle est désormais habilitée à participer à la verbalisation, ni pour les autres agents municipaux qui assurent des services vitaux", relève-t-il.

Il ne digère pas non plus le fait que l'Education nationale se prépare à équiper en masques les enseignants et non les agents techniques. "C'est inconcevable !" s'exclame-t-il.

Jean-Luc Moudenc s'interroge également sur la portée d'un retour des écoliers, des collégiens et des lycéens en classe le 11 mai.

"Est-ce que ce sera une reprise sur tout le territoire national ? Une reprise progressive ? Comment protège-t-on cette population dans l'espace public ? Doit-on prévoir des masques pour les enfants ?", se demande le président de France urbaine.

Des secteurs "fragilisés voir en danger de mort"

L'élu témoigne par ailleurs d'économies locales quasiment sinistrées.

"Nos agglomérations et métropoles sont assises sur un écosystème et nous voyons des secteurs fragilisés voire en danger de mort", prévient-il.

"L'Etat en est conscient, mais qu'envisage-t-il de plus ? Nous avons tous pris des initiatives, mais l'ampleur de la crise est telle que nous n'avons pas la possibilité de mesurer les contours de toutes les conséquences. Nous avons besoin d'un partage de l'information", exhorte-t-il.

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Les entreprises demeurent en outre les principales contributrices au budget transport des collectivités. Jean-Luc Moudenc confirme que la chute des recettes commerciales et que la baisse des versements mobilité a un "vrai impact sur les budgets municipal et métropolitain". Il annonce ainsi à La Tribune qu'avec le groupement des autorités organisatrices de transport (GART), l'assemblée des communautés de France (AdCF), l'association des maires de France (AMF) et Régions de France, une lettre est sur le point d'être envoyée au Premier ministre pour l'alerter du "plongeon dangereux" de leurs recettes. Avec ses collègues présidents associations d'élus, il y rappelle que le versement mobilité représente 9 milliards d'euros en année normale et recommande que l'Etat puisse compenser cette perte.

Si, de nouveau, Édouard Philippe ne répond pas à leurs doléances par écrit, il pourra toujours le faire à l'oral. Il vient en effet de leur accorder une réunion en visioconférence ce jeudi 16 avril.

César Armand
Commentaires 2
à écrit le 15/04/2020 à 7:38
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il faut décentraliser et laisser paris tout seul et pour faire encore plus court supprimer le corps préfectoral et nomme les président de région élus ministre comme cela toute les régions aurons la même importance et surtout pourrons mieux dével...

à écrit le 15/04/2020 à 0:52
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Trop de gabegie. Dépenser pour rendre service à la population c’est oui. Dépenser pour valoriser son image de marque c’est non. Exemple simple : aujourd’hui chaque collectivité, établissement public...a son magazine, en ligne et/ou papier C’est...

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