Grève des éboueurs : les forces de l'ordre lèvent le blocage d'un dépôt à Vitry

Les forces de l'ordre sont intervenues ce jeudi pour débloquer le dépôt géré par la société privée Pizzorno Environnement. Celui-ci collecte les ordures dans le XVe arrondissement de Paris, notamment. La préfecture de police a précisé qu'il ne s'agissait pas d'une réquisition. Mercredi soir, le préfet de police, Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a informé Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des éboueurs, ce qu'elle avait refusé de faire au préalable.
Mercredi dans la soirée, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l'Intérieur, a informé Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des éboueurs.
Mercredi dans la soirée, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l'Intérieur, a informé Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des éboueurs. (Crédits : Reuters)

Dix jours après le début du mouvement social des éboueurs de la Ville de Paris contre la réforme des retraites, l'Etat passe en force. Les forces de l'ordre sont intervenues ce jeudi matin à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Objectif, débloquer un dépôt géré par Pizzorno Environnement, qui collecte les ordures du XVe arrondissement de Paris notamment, a-t-on appris de source policière.

Les députés LFI Mathilde Panot et Louis Boyard, ainsi que l'eurodéputée insoumise Manon Aubry étaient sur place.

« Les bennes sont sorties du garage », a indiqué à l'AFP le maire du XVe, Philippe Goujon, jeudi en fin de matinée.

La préfecture de police va réquisitionner les éboueurs

Cette intervention des forces de l'ordre est consécutive à une décision du tribunal de Créteil mercredi, saisi par Pizzorno Environnement. Mercredi, un huissier de justice est venu constater le blocage et le refus des bloqueurs d'évacuer. La société a obtenu de la justice le concours de la force publique pour débloquer son dépôt, a-t-on expliqué à la préfecture de police. Cette dernière souligne qu'il ne s'agissait pas d'une réquisition.

Mercredi dans la soirée, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l'Intérieur, a informé Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des éboueurs, ce qu'elle avait refusé de faire au préalable. Dès mardi soir, Gérald Darmanin avait prévenu que, si la maire socialiste refusait de procéder elle-même aux réquisitions, l'Etat le ferait pour des raisons de salubrité publique.

Un conflit social et politique

Alors que le projet de réforme des retraites a passé l'étape cruciale de la commission mixte paritaire (CMP), 7.600 tonnes de déchets encombraient mercredi matin les trottoirs de la capitale, selon la mairie.

Le conflit des éboueurs a donné une mauvaise image de Paris, notamment à l'étranger, que le gouvernement et la mairie ont rapidement utilisée sur le terrain politique. Par la voix de son porte-parole Olivier Véran, l'exécutif a accusé Anne Hidalgo « d'imposer » aux Parisiens « les conséquences » de son soutien au mouvement de grève contre les retraites.

Dès le début de l'examen de la réforme fin janvier, l'ex-candidate à la présidentielle de 2022 avait choisi d'afficher l'Hôtel de Ville comme « mairie solidaire » du mouvement social.

La réplique de l'Hôtel de Ville a été immédiate. « Il est paradoxal que l'Etat demande aux collectivités territoriales de régler un problème qu'il a lui-même créé alors que la réquisition est, de droit, une compétence de l'Etat », a répondu Anne Hidalgo à Laurent Nuñez.

« Vous faites comment pour réquisitionner les gens ?  »

Dans un courrier mardi, la préfecture de police avait pourtant souligné, en se basant sur le Code général des collectivités territoriales, que la mairie « détient la police de la salubrité sur la voie publique ». Il est donc « de sa compétence de requérir une entreprise privée ou de réquisitionner les agents », avait ajouté la préfecture, en estimant qu'elle pouvait « dans un second temps » mettre en demeure la Ville de le faire.

Si cette procédure « reste infructueuse, le préfet de police peut se substituer » à la mairie, « en cas d'urgence lorsque l'atteinte constatée ou prévisible au bon ordre, à la salubrité, à la sécurité publiques l'exige », selon la préfecture.

Mercredi, sur BFMTV, le secrétaire général de la CFDT a interpellé Gérald Darmanin.

« Vous faites comment pour réquisitionner les gens ? Vous allez les chercher un par un ? Il en faut 3.000 pour faire le ramassage des déchets à Paris », a lancé Laurent Berger.

Trois incinérateurs toujours à l'arrêt

De fait, il va être compliqué pour le préfet de procéder à ces réquisitions dès jeudi, lorsque le Sénat puis l'Assemblée nationale doivent se prononcer sur l'adoption du projet de réforme sur les retraites, avec ou sans recours à l'article 49-3 qui permet une adoption sans vote.

Pour Anne Hidalgo,« la revendication des éboueurs de la Ville de Paris, qui souhaitent légitimement ne pas travailler deux ans de plus (...) est juste » et « la seule réponse susceptible d'apaiser le climat actuel est d'engager le dialogue social plutôt que de livrer une épreuve de force en procédant aux réquisitions ».

Quant à l'emploi d'agents privés pour agir « sur des urgences absolues », que la mairie a reconnues mardi, il ne constitue « pas du tout du travail de substitution », a assuré son premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire. « Jamais Anne Hidalgo et les élus de cette majorité ne s'engageraient à briser un mouvement de grève », a-t-il assuré.

La mairie a également souligné que le dénouement de la crise se jouait avant tout à la porte des trois incinérateurs de proche banlieue bloqués depuis dix jours, et qui ne dépendent pas d'elle, mais du syndicat métropolitain, le Syctom.

Lire aussiGrèves des éboueurs : sollicitée par la Ville de Paris face au « risque sanitaire », Derichebourg forcée d'arrêter la collecte

Commentaires 3
à écrit le 16/03/2023 à 21:02
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Prison et amendes, c'est tout ce que mérite le terrorisme syndical qui pratique des blocages illégaux. Clairement les activistes syndiqués ne respectent pas les contribuables français qui subventionnent Pizzorno et mettent en danger la santé pu...

à écrit le 16/03/2023 à 20:19
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Hidalgo a tord. Et tout ce désordre va cesser de lui-même, parce qu'il n'avait aucune justification. La réforme des retraites est une bonne réforme, car elle est nécessaire de par l'appauvrissement de la France

à écrit le 16/03/2023 à 18:53
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Hidalgo a raison, MAIS les Parisiens se souviendront surtout des poubelles dans les rues, de l'odeur, des rats et ses opposants (FN/LR) ne manqueront pas de réactiver les faits en temps utile. Ah! j'oubliais: la "prestation" pathétique de Rachida D...

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