Grèves à la SNCF : le gouvernement sous la pression des syndicats

Alors que le mouvement social des chefs de bord se termine ce lundi matin, Sud-Rail a déposé un autre préavis de grève pour le week-end prochain. Cette fois, ce sont les aiguilleurs qui sont à la manœuvre avec des les mêmes revendications. De quoi mettre sous pression la direction de la SNCF mais aussi le gouvernement. Certains parlementaires appellent au durcissement du service minimum dans les transports.
Fanny Guinochet
(Crédits : © VINCENT ISORE/IP3/MAXPPP)

La grève des contrôleurs de la SNCF vient à peine de se terminer qu'un autre mouvement social se profile avec le préavis de grève déposé par Sud-Rail pour vendredi et samedi prochains. Cette fois ce sont les aiguilleurs, qui comme leur nom l'indique, orientent les rames des trains et sont essentiels à la circulation, qui menacent de cesser le travail au moment où les trois zones sont en vacances scolaires.

Sud-Rail à la manœuvre

« Le week-end prochain, on sera en grève si la direction ne vient pas vers nous », menace Vincent Pinot, secrétaire fédéral de Sud-Rail, deuxième force chez les 9.000 aiguilleurs de SNCF Réseau, qui a déposé un préavis de grève allant de vendredi 11 heures à samedi 23 heures. Comme les chefs de bord, cette catégorie de cheminots revendique trois choses : une meilleure rémunération, de meilleures conditions de travail et des embauches.

Pour le week-end prochain, seul Sud-Rail (21% des dernières élections professionnels au niveau du groupe) est à la manœuvre, mais la CGT, première organisation chez les cheminots avec 36 % des suffrages, pourrait suivre, pour ne pas être dépassée par le mouvement social, alors que les collectifs fleurissent ici ou là, grâce à des pages Facebook, « challengent » les organisations syndicales traditionnelles. En décembre 2022, lors des vacances de Noël, c'est par ce biais que la grève des contrôleurs et chefs de bord avait été lancée. Le mouvement avait alors été très fortement suivi.

Désarroi de la direction

Face à ces revendications, la direction de la SNCF tente de gérer comme elle peut les perturbations. Pour l'heure, elle n'a pas prévu de nouvelles discussions.

Ce week-end, alors que le mouvement a été très suivi par trois chefs de bord sur quatre, elle s'est targuée d'avoir limité la casse. Près d'un TGV sur deux était en circulation. Des agents-cadres ont été appelés en renfort, mais 150.000 voyageurs sur le million prévu, sont restés sur le carreau. Des remboursements de billets et des compensations aux voyageurs pénalisés sont promises, mais pour l'heure la direction n'avance pas de chiffrage du coût de cette grève.

Quant aux demandes des agents, la direction assure qu'elle a déjà beaucoup fait. Par exemple, en juin 2023, elle a annoncé la création d'une indemnité opérationnelle circulation de 60 euros par mois (soit 720 euros par an) pour les salariés occupant des postes opérationnels. Elle met aussi en avant également, les engagements pris en matière de recrutements.

Surtout, elle ne prévoit pas de négocier catégorie par catégorie. La stratégie est de s'adresser au collectif. Preuve en est, Jean-Pierre Farandou le PDG de la SNCF a d'ailleurs versé aux 150.000 agents une prime de 400 euros en décembre dernier et prévoit le versement d'une autre prime, toujours de 400 euros, le 1er mars. Une façon, selon lui, de partager les fruits de la croissance, puisque les résultats du groupe, qui seront annoncés le 28 février prochain, doivent afficher près de 2 milliards d'euros de bénéfices cette année. Reste qu'au-delà de ces très bons résultats - dus en partie à une forte fréquentation des trains en 2023 - le groupe reste endetté à hauteur de 24 milliards d'euros et doit faire face à d'importants investissements, notamment pour gérer la transition écologique.

Vers un service minimum ?

 « Il me semble qu'on a besoin de travailler sur un service minimum », a estimé dimanche le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau sur France Inter, tout en rappelant qu'« il n'est pas question de remettre en cause » la grève, un droit constitutionnel. Une déclaration qui fait suite aux propos du premier ministre, Gabriel Attal, qui avait la semaine dernière rappelé « le droit de travailler », regrettant « une habitude de la grève pendant les vacances ». Il avait aussi « salué les cheminots qui ne rentrent pas dans ce mouvement de grève ».

Mais de là, à légiférer sur le service minimum, il y a un pas que le gouvernement n'est pas prêt à franchir. « On n'a pas prévu d'aller dans ce sens, même si nous regardons les propositions de loi (PPL) déposées à ce sujet », confirme une source proche de Matignon. Et de faire référence à la PPL du sénateur centriste Hervé Marseille.

« Mon idée est toute simple : faire comme en Italie, où certains jours dans l'année, comme pendant les fêtes de Noël, de Pâques etc .., il est interdit de faire grève », explique-t-il à la Tribune.

Pour le parlementaire, il n'y aurait pas remise en cause du droit fondamental de faire grève, mais de rééquilibrer les choses, avec d'autres droits tout aussi fondamentaux, comme le droit de circuler, de travailler, d'entreprendre. « Car on parle des vacances mais ces conflits sociaux pénalisent l'activité économique », précise-t-il. Hervé Marseille espère faire passer son texte rapidement - au Sénat majoritairement à droite, mais aussi à l'Assemblée nationale où il ne doute pas d'avoir une majorité. « Car les députés voient bien que les Français en ont ras le bol ».

Il pourra en tout cas compter sur le soutien du député LR, Jean-Louis Thiériot, qui a déposé également une proposition de loi en mars 2023, « visant à limiter les nuisances causées par l'usage abusif du droit de grève dans les transports en commun. » Son objectif : interdire tout simplement la grève les week-ends de vacances.

La proximité des JO, terrain propice aux revendications

En attendant, les syndicats n'entendent pas relâcher la pression d'ici les Jeux olympiques prévus entre le 26 juillet et le 11 août. Plusieurs centrales des transports ( à la SNCF mais aussi à la RATP ) évoquent la possibilité de débrayer d'ici cet été, pour obtenir gain de cause. Surtout que le calendrier s'y prête, de nombreux « ponts » sont prévus en mai et juin. Les voyageurs, qui ont planifié des déplacements lors de ces occasions, pourraient bien voir leurs plans perturbés.

C'est aussi cette proximité des JO qui amène le gouvernement à être si prudent. « On ne va pas prendre le risque de tendre une situation sociale déjà tendue avec un texte de loi sur le service minimum qui pourrait en plus être retoqué ensuite par le conseil constitutionnel  », explique un conseiller ministériel.






Fanny Guinochet
Commentaires 22
à écrit le 20/02/2024 à 21:27
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OK, encore une grève. Mais ce ne sont pas eux les plus défavorisés. C'est un peu comme les paysans

à écrit le 20/02/2024 à 12:29
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Lufthansa en grève, la « quasi-totalité » des vols annulée. Près de 100 000 passagers sont concernés par la grève du personnel au sol, qui se déroule dans les aéroports de Francfort-sur-le-Main, Munich, Hambourg, Berlin, Düsseldorf, Cologne-Bonn et ...

à écrit le 20/02/2024 à 9:52
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Mais il est vrai aussi, que c'est grâce à des grèves que l'on peut se permettre de partir en vacances de nos jours ! ;-)

à écrit le 19/02/2024 à 19:22
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Selon capital , la Sncf a 1 problème avec les salaires : 1 aiguilleur en bossant les dimanches/ jours fériés et les 3x8 gagne en début de carriete 22k€ brut soit 1480€ net, en milieu de carrière 24k€ soit 1600€ et en fin de carrière 28k€ soit moins...

à écrit le 19/02/2024 à 19:19
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Selon capital , la Sncf a 1 problème avec les salaires : 1 aiguilleur en bossant les dimanches/ jours fériés et les 3x8 gagne en début de carriete 22k€ brut soit 1480€ net, en milieu de carrière 24k€ soit 1600€ et en fin de carrière 28k€ soit moins...

à écrit le 19/02/2024 à 19:18
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Selon capital , la Sncf a 1 problème avec les salaires : 1 aiguilleur en bossant les dimanches/ jours fériés et les 3x8 gagne en début de carriete 22k€ brut soit 1480€ net, en milieu de carrière 24k€ soit 1600€ et en fin de carrière 28k€ soit moins...

le 20/02/2024 à 8:56
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Faux. Salaire brut 2400€ = Salaire net cadre : 1800 € ; net privé : 1872 € ; net fonctionnaire : 2040 €. Ce qu'on ne dit pas : Avantages sociaux SNCF : Les salariés en activité de la SNCF (pas leurs conjoints et enfants) bénéficient de soins quas...

à écrit le 19/02/2024 à 16:57
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L'abus de position dominante existe !!!!!! arrêtons de subventionner des syndicats irresponsables

le 19/02/2024 à 18:59
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votre méconnaissance de l 'écosystème SNCF est puérile...vous répétez ce que vous croyez savoir.. les syndicats reçoivent une subvention pour les œuvres sociales: colos arbre de noël, les comptes sont certifiés par un cabinet indépendant et externe...

à écrit le 19/02/2024 à 16:52
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il fau t arreter de subventionner cette entreprise et condamner les syndicats pour abus de fonction dominante

le 19/02/2024 à 23:51
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Oui on va arrêter aussi les milliards que déversent l état sur le secteur privé et des qu une boîte viendra chouiner on lui répondre qu elle fasse faillite !!

le 19/02/2024 à 23:51
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Oui on va arrêter aussi les milliards que déversent l état sur le secteur privé et des qu une boîte viendra chouiner on lui répondre qu elle fasse faillite !!

à écrit le 19/02/2024 à 15:26
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il faut utiliser le name and shame, qui est une methode de gauche donc juste dans la bienveillance reenchantee......la direction de la sncf devrait publier sur son site, et envoyer mail et sms a ses usagers pour les prevenir, et suggerer a ces dernie...

le 19/02/2024 à 23:58
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Oui comme en Russie avec la culture du pasmost héritée de l étre soviétique et comme en Chine avé. Le crédit / contrôle social… peut étreune tradition familiale vous concernant ?….une grève sans déranger ça n existe pas . A part dans les dictature....

à écrit le 19/02/2024 à 14:58
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Je crois que, maintenant, ce sont les syndicats qui vont être sous la pression des politiques et de l’opinion publique. L’abus du droit de grève dans les services publics conduit tout droit à un encadrement solide que les grévistes méritent pleinemen...

à écrit le 19/02/2024 à 14:14
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Monsieur n'est plus PDG de la SNCF? Si le gouvernement et Notre Président aussi aimé que celui de Corée du Nord et qui s'occupe de tout s'en mêlent, ça ne va pas s'arranger.

le 19/02/2024 à 14:52
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voile qui prouve une nouvelle fois que le veritable patron de la sncf ne sont pas les pdg nommee par le pouvoir mais bien le president de la république et le ministre des finances meme pas celui des transport donc ne soyer pas surpris par la chie...

à écrit le 19/02/2024 à 13:54
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Oui, c'est un classique de la droite de bomber le torse alors qu'on a affaire à des catégories en situation de faire monter les enchères car la réforme des statuts a nivelé par le bas les conditions des nouveaux embauchés... ce qui a nivelé par le ba...

à écrit le 19/02/2024 à 13:45
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Des grèves qui sont planifiées comme des prises d'otages sont des moyens terroristes pour tenter d'imposer un diktat de revendications. Rien d'étonnant d'ailleurs si on se réfère au passé stalino communiste du PCF dont la CGT est la courroie de trans...

le 19/02/2024 à 14:56
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Pour votre information, la future CGT s'est née dans la clandestinité à une époque où se syndiquer était dans la pratique le privilège exclusif du patronat...

le 19/02/2024 à 15:19
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On peut mettre dans le même sac Sud-rail et son brillant meneur à la casquette dont la chance est d’être salarié d’une entreprise monopolistique où il ne craint pas grand chose si ce n’est la colère des clients !!

le 19/02/2024 à 23:50
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@ valbel on vous a connu plus constructif et avec une vision plus «  professionnelle »: le sujet de la sncf c’ est le cumul : selon Le Figaro d’y il y a quelques mois l » la sncf est handicapée par ses petits salaires » ou voir l’ argicle de Capita...

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