Raigi parie sur l’innovation et le collectif

La PME spécialisée dans les élastomères s’attache à fabriquer des matières moins polluantes et moins dangereuses. Elle a aussi mis au point avec le CEA un réservoir pour les véhicules à hydrogène, alternative propre aux voitures actuelles.
Olivier Perrier, Directeur général de Raigi
Olivier Perrier, Directeur général de Raigi (Crédits : DR)

Raigi a deux activités. L'une de chimiste avec la fabrication d'élastomères (époxy, polyuréthane, latex, colophane) et l'autre de fabricant de moules en plastique thermodurcissable. Les élastomères servent à l'encapsulation des circuits électroniques, par exemple pour assurer l'étanchéité des câbles enterrés. Ses clients sont les sociétés d'énergie et les constructeurs automobiles. La PME de Rouvray-Saint-Denis (Eure-et-Loir) s'attache à utiliser les matières les moins nocives, un engagement fort qui peut conduire l'entreprise à refuser des contrats : « nous essayons systématiquement d'employer des produits chimiques moins dangereux pour la santé et l'environnement » déclare Olivier Perrier, directeur général de Raigi, qui a repris la société en 2012 avec son épouse. Comme ce mastic anti rats non polluant ni dangereux pour les autres animaux développé pour une société qui vend des solutions contre les nuisibles. Pour le marché des produits grand public, Raigi est le fabricant exclusif du Cube de Butagaz.

La PME emploie 68 personnes pour un chiffre d'affaires de 8,3 millions d'euros en 2018, 9 prévus pour 2019. Environ 20 % de ce chiffre d'affaires est réalisé à l'international dans une quinzaine de pays, principalement dans l'activité électronique automobile. Côté innovation, Raigi a mis au point après dix ans de recherche des réservoirs pour les véhicules à hydrogène en collaboration avec le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives) : « ça demande beaucoup de R&D car c'est complexe à mettre au point » précise Olivier Perrier. Aujourd'hui, il n'existe que trois constructeurs de véhicules à hydrogène : Toyota avec la Mirai, Hyundai avec les modèles ix35 FCEV et Nexo, Honda avec la Clarity Fuel Cell, et la Kangoo ZE H2 de Renault transformée par Symbio, une filiale de Michelin. Mais ces véhicules, alternative propre aux voitures à essence (elles ne rejettent que de la vapeur d'eau), pourraient devenir beaucoup plus présent sur les routes dans le futur.

Concernant la French Fab, Olivier Perrier apprécie l'aide que le mouvement peut apporter aux PME : « nous avons un besoin d'une meilleure productivité pour la fabrication de petites quantités de produits, ce que font une grande partie des PME. Nous sommes à un virage sur ce point et l'enjeu est la survie de l'industrie française ».

La French Fab parie sur le collectif

Une survie qui pourrait être compromise par le poids des normes et des taxes appliquées en France mais pas chez les concurrents étrangers qui freine la compétitivité des PME françaises. Le directeur général de Raigi cite comme exemple de ces taxes la CFE (cotisation foncière des entreprises), qui représente d'après lui 1 % du chiffre d'affaires (en fait, le taux de la CFE est fixé par la commune sur le territoire duquel le redevable a des biens imposables) : « c'est autant d'argent qu'on ne peut pas investir en R&D ».

Selon Olivier Perrier, la French Fab permet d'exercer trois leviers : alléger les tâches des techniciens, redonner de l'attractivité aux emplois de ces opérateurs et aider les PME à atteindre un niveau de rentabilité maximal pour pouvoir se développer. Cet ancien cadre de l'industrie chimique apprécie particulièrement la notion de collectif véhiculée par la French Fab. En Région Centre-Val de Loire, le Club de l'Industrie du Futur rassemble ainsi les bonnes volontés, à l'image des référents, responsables industriels et directeurs techniques de grands groupes et d'ETI, qui se rencontrent et échangent sur des problématiques communes. « Ils ouvrent leurs sites aux PME et nous expliquent ce qu'ils font en prenant des exemples concrets : comment j'ai dématérialisé les procédures d'un bon de contrôle, comment je suis passé à une reconnaissance par vision, etc. L'objectif étant que les patrons de PME repartent en se disant : ça, je peux le faire chez moi » décrit Olivier Perrier.

Raigi effectue actuellement des recherches sur les exosquelettes. Problème : en cherchant sur Internet, les résultats sont bien trop nombreux pour que le dirigeant de l'entreprise puisse les étudier tous : « mais si un grand groupe me dit : « nous avons retenus ces deux entreprises en short list », je gagne du temps et les solutions sont validées, je ne pars pas au hasard ». Un avis professionnel qui aurait pu éviter à la PME des délais trop long pour la mise en place de douchettes de lecture de codes barres pour la traçabilité matière, soit « un an de galère pour arriver à une solution efficace » selon les termes d'Olivier Perrier. Dotée d'une bonne santé financière (fonds propres importants et faible endettement), Raigi envisage des opérations de croissance externe dans les prochains mois.

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