Inflation : les Français rognent sur les dépenses d'alimentation, pas sur les achats plaisirs

Le baromètre Digital & Payments publié par le groupe BPCE ce mercredi montre que les Français ont fait des choix dans leur consommation en diminuant leur budget nourriture au profit de la consommation plaisir et des achats sur internet. Une modification des habitudes d’achat qui montre aussi un attrait croissant pour la consommation sur internet.
Maxime Heuze
Le baromètre de BPCE montre que la part de l'alimentation dans le budget des Français a diminué de 9% en 2022.
Le baromètre de BPCE montre que la part de l'alimentation dans le budget des Français a diminué de 9% en 2022. (Crédits : Reuters)

Après la crise du Covid-19 qui a renforcé les achats en ligne, l'inflation vient à son tour modifier les habitudes de consommation des Français. C'est ce qui transparaît du baromètre Digital & Payments publié ce mercredi 1er février par le deuxième plus gros groupe bancaire de France, BPCE, qui rassemble la Caisse d'Épargne, la Banque Populaire, la Banque Palatine et le groupe Natixis. L'étude, qui se base sur 20 millions de cartes bancaires pour analyser les achats de leurs détenteurs, met en évidence le fait que « les Français cherchent à optimiser leur budget » et font des choix sur leurs dépenses, résume Myriam Dassa, directrice du Baromètre Digital & Payments.

Avec une inflation moyenne de 5,2% en 2022, dont des pics à 6,2% sur un an en novembre et octobre, l'année de la reprise de l'économie a aussi été celle de la baisse du pouvoir d'achat pour les Français.

Premier enseignement : si l'ensemble des dépenses moyennes des Français reste stable en 2022, sans surprise le budget alloué au carburant a augmenté de 29% en 2022 d'après le baromètre. « Cela vient d'une mobilité accrue l'année dernière par rapport à 2021 mais aussi et surtout de la hausse des prix de l'essence », précise Myriam Dassa.

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Des économies sur la nourriture et les forfaits téléphoniques

A l'inverse, les consommateurs ont réduit leurs dépenses pour l'alimentation, qui reste néanmoins le plus gros poste de dépense des ménages (13% de leur budget total). Ainsi, alors même que l'inflation des produits de supermarchés s'est établie à 12% sur un an en décembre d'après l'institut IRI, le baromètre BPCE recense une baisse de 9% des dépenses alimentaires dans les magasins avec un panier moyen qui diminue de 4%.

La baisse est encore plus marquée dans les enseignes bio qui ont subi une baisse de la dépense de leurs clients de 10%. « On a bien vu ce phénomène de baisse de la consommation alimentaire avec la crise du bio ces derniers mois », rappelle Yves Tyrode, directeur général Digital & Payments de BPCE.

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Dans la même logique d'une recherche d'économies face à la hausse du coût de la vie, « les consommateurs ont cherché à faire jouer la concurrence dans les télécoms », ajoute Myriam Dassa. Ainsi le budget alloué aux forfaits de téléphone et d'internet a diminué de 3% en 2022.

Le budget lié à la consommation « plaisir » a augmenté

Les ménages sont, en revanche, moins enclins à se priver sur leurs « achats plaisir ». Ainsi, les dépenses dans les restaurants sont en hausse de 44% par rapport à 2021, de 33% par rapport à 2019. Celles dans les bars progressent de 24% sur un an, de 34% sur trois ans. « Cela peut s'expliquer en partie par la réouverture de ces commerces l'année dernière mais pas uniquement puisque, pour les bars, on observe un bond de 35% du nombre de transactions entre 2019 et 2022, ce qui montre bien que les Français ont répondu à leurs envies de convivialités l'année dernière », analyse la directrice du Baromètre.

De même, les dépenses dans les enseignes de beauté ont augmenté de 15%, celles en séances de cinéma de 66% et celles dans les agences de voyage de 154% entre 2022 et 2021, suite à la réouverture des frontières.

La digitalisation des habitudes de consommation prend de l'ampleur

Le baromètre montre aussi la bonne résilience de la consommation sur internet. Alors que la fin des mesures sanitaires faisait craindre un effondrement de la consommation en ligne, il semblerait que ce ne soit pas le cas. Si l'on peut noter un ralentissement de la croissance des marketplaces (Amazon, Cdiscount), affichant +5% en 2022 après +29% en 2021 et +32% en 2020, « rares sont les catégories où le commerce physique a regagné du terrain », indique BPCE dans un communiqué.

La bonne tenue du digital tient d'abord à sa capacité à faire économiser de l'argent aux consommateurs. « Par exemple dans le secteur du bricolage et de la décoration, les Français font leurs achats du quotidien dans les magasins mais se rendent sur internet quand ils souhaitent effectuer de gros achats car cela leur permet de comparer les prix et d'acheter moins cher leurs biens », explique Myriam Dassa qui indique que les montants dépensés dans le secteur bricolage-décoration est trois fois plus important sur internet qu'en magasin physique.

Le numérique offre aussi un accès aux articles de seconde main particulièrement prisés en cette période d'inflation. Le secteur a d'ailleurs connu une hausse de ses ventes totales d'articles de mode de 15% entre 2022 et 2021 et de 8% pour les produits technologiques reconditionnés. Les applications de ventes de produits de seconde main (Vinted, Leboncoin, Vestiaire collective) et d'appareils reconditionnés (Back Market, Remarket, ou les sites de Fnac, Darty ou Boulanger) ont donc pu bénéficier de cet attrait grandissant pour la seconde main.

Enfin, 2022 a aussi vu une croissance dans les abonnements liés aux divertissements numériques. Les Français ont augmenté de 16% leur budget dédié aux jeux vidéo en 2022 et de 21% dans le streaming musical et de 25% dans le streaming vidéo. Une croissance surtout tirée par les moins de 35 ans. « Ce sont eux qui ouvrent la voie de ces nouvelles tendances à forte croissance », conclut la directrice du baromètre.

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Maxime Heuze
Commentaires 4
à écrit le 02/02/2023 à 8:50
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Il est temps de sortir de cette "politique de l'offre", qui n'existe que par ses éternelles publicités, pour enfin répondre a la demande réelle des besoins !

à écrit le 01/02/2023 à 19:55
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Étude basée sur des paniers d'achats par carte bancaire, qui me paraît incomplète car quid des autres moyens de paiements ? Notamment les tickets restaurants dont le plafond avaient été augmentés jusqu'à 38€jusque fin 2022, et on a tous autour de nou...

à écrit le 01/02/2023 à 16:53
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Si les français préfèrent restreindre leur consommation alimentaire au lieu de restreindre leur consommation loisirs c’est une aberration , ne parlons pas d’une crise du pouvoir d’achat

le 01/02/2023 à 19:11
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Comme d'habitude on nous parle de moyenne. Si vous et moi on se restreint sur la nourriture ET les loisirs (même si les loisirs sont définitivement stoppés depuis 2017) les plus riches eux ont bien augmentez leur salaire depuis 2017 (voir 2007) et eu...

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