Grande distribution  : discussions avec l'Etat sur la création d'un panier anti-inflation

Le gouvernement travaille avec la grande distribution à un « panier anti-inflation » composé d'une vingtaine de produits de grande consommation. En attendant, les neuf champions du secteur ferraillent un député de la majorité qui a déposé une proposition de loi pour rééquilibrer les négociations commerciales annuelles entre fournisseurs et distributeurs.
La mise en place du panier anti-inflation passera plutôt par des engagements volontaires des distributeurs que par des dispositions législatives ou réglementaires.
La mise en place du panier anti-inflation passera plutôt par des engagements volontaires des distributeurs que par des dispositions législatives ou réglementaires. (Crédits : Reuters)

Selon une information du Parisien, parmi les pistes à l'étude pour amortir les effets du renchérissement du coût de la vie, un panier anti-inflation pourrait voir le jour : « un panier de produits de première nécessité d'une vingtaine de produits, que la grande distribution s'engagerait à vendre presque à prix coûtant », a indiqué à l'AFP le ministère du Commerce.

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« L'idée, c'est d'avoir un socle de produits de première nécessité dont les prix sont les plus bas possibles », précise-t-on de même source. Ça va de l'hygiène bébé à l'hygiène adulte, aux produits laitiers, aux produits frais, aux pâtes... ».

Le dispositif s'appliquerait à « une vingtaine de références sur 20.000 à 30.000 références en magasin »

Mais « on est aux prémices des discussions », insiste le gouvernement, qui indique également que la mise en place du panier anti-inflation passera plutôt par des engagements volontaires des distributeurs que par des dispositions législatives ou réglementaires. S'il voit le jour, le dispositif s'appliquera à « une vingtaine de références sur 20.000 à 30.000 références en magasin », ce qui ne devrait pas pénaliser excessivement les marges des distributeurs, souligne le ministère.

« A ce stade, nous n'avons pas de position sur une proposition que nous ne connaissons pas », soulignait lundi après-midi Jacques Creyssel, délégué général, de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). « Nous n'avons eu aucune proposition du gouvernement à ce stade, simplement un message nous demandant si nous étions prêts à assister à une réunion de travail sur le sujet ». Il a relevé que « la plupart des enseignes font déjà ce genre de choses de manière assez claire ».

En tout état de cause, le panier anti-inflation n'a « rien à voir avec le chèque alimentaire », un dispositif que le gouvernement a plusieurs fois tenté de mettre en place avant de renoncer face à la complexité de cibler cette aide sur certains publics.

Une proposition de loi rend fou furieux les grands distributeurs

Les discussions interviennent alors que les distributeurs sont vent debout contre une proposition de loi déposée par un député de la majorité à l'Assemblée qui sera examinée ce lundi. Destiné à rééquilibrer les négociations commerciales annuelles entre fournisseurs et distributeurs, le texte est accusé par ces derniers d'encourager l'inflation.

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Dimanche matin, la plupart des grandes enseignes de la distribution ont publié un communiqué commun dénonçant une proposition de loi qui alimenterait « dramatiquement et durablement » la hausse des prix. Le texte tant décrié, adopté mercredi en commission avant un examen ce lundi en séance publique, vise notamment à rééquilibrer les relations commerciales entre fournisseurs et grandes surfaces.

Pour rappel, les enseignes achètent leurs produits à des prix fixés à l'issue de négociations tendues. En cas d'échec de ces tractations annuelles, la proposition de loi prévoit que le tarif demandé par les fournisseurs s'impose, au lieu des prix de l'année précédente qui prévalaient jusqu'ici. Cette disposition fait bondir la grande distribution, selon qui le texte, s'il était adopté en l'état, risquerait de faire grimper encore le prix des pâtes, des steaks ou des yaourts vendus aux Français, déjà confrontés à plus de 5 % d'inflation en 2022.

Portée par le député Renaissance du Val-d'Oise Frédéric Descrozaille, la proposition « vise à empêcher la négociation commerciale au profit des très grands industriels et va dramatiquement et durablement alimenter l'inflation », attaquent neuf champions français du secteur - Auchan, Carrefour, groupe Casino (enseignes Casino, Monoprix, Franprix), Cora, E.Leclerc, Intermarché, Lidl, Netto, Système U - dans une démarche commune qu'ils qualifient d'« inédite ».

« Cette proposition, ouvertement soutenue par les plus gros représentants d'intérêts de l'agro-industrie (Ilec), permettrait aux grands fournisseurs d'imposer unilatéralement leurs tarifs aux distributeurs, annulant la notion même de négociations commerciales », s'indignent les distributeurs. Le texte « sera inévitablement préjudiciable aux PME françaises ». Jacques Creyssel a jugé « surprenant d'avoir d'un côté des initiatives (...) demandant aux distributeurs de limiter l'inflation, et de l'autre des propositions de loi qui (leur) demandent de l'augmenter ».

« Face à l'augmentation du prix des matières premières, du prix de l'énergie, chacun doit prendre sa part », s'est agacée dimanche 15 janvier Aurore Bergé dans Le Grand Jury RTL LCI.

Le cabinet de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire a reconnu que la proposition de loi présentait un risque inflationniste : « nous travaillons avec le député et les autres cabinets concernés pour trouver un compromis acceptable par tous ».

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 16/01/2023 à 11:31
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Député du Val-de-Marne, pas du Val-d'Oise !

à écrit le 16/01/2023 à 8:51
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De vrais pompiers pyromanes ces lrem: ils proposent un nouveau système de fixation des prix à l'avantage des multinationale de lagro qui va faire flamber les prix puis, un projet de loi pour plafonner les prix de vente finales sur quelques produits ...

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