L'attractivité de l'économie française résiste

87% des cadres dirigeants installés à l'étranger considèrent que la France reste attractive selon le dernier baromètre réalisé par Kantar pour Business France. Ils étaient 88% en 2018 et 84% en 2017.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Les investisseurs étrangers ont confiance dans les atouts de la France. Selon le dernier baromètre Kantar pour Business France, l'attractivité de l'économie tricolore demeure robuste. 87% des cadres dirigeants étrangers jugent que la France reste attractive. C'est un niveau similaire à 2016. Dans le détail, 43% des personnes interrogées affirment que l'hexagone est "tout à fait attractive, et 44% plutôt attractive".

A l'opposé, 10% estiment qu'elle n'est "plutôt pas attractive" et seulement 3% indiquent qu'elle ne l'est "pas du tout". Malgré les craintes suscitées ces derniers mois par les mouvements de contestation de la réforme des retraites et la colère des gilets jaunes, l'image de l'économie française à l'étranger semble épargnée (sachant que les personnes ont été interrogées avant le mois de décembre). Seul bémol, le niveau de satisfaction des cadres étrangers installés en France est en baisse. 58% ont déclaré que la France est attractive contre 66% en 2018 et 56% en 2017. Dans une seconde vague réalisée entre la fin du mois de décembre et le début du mois de janvier, les auteurs du baromètre indiquent que

"En dépit des mouvements des Gilets Jaunes et des mouvements sociaux contre la réforme des retraites, l'attractivité de la France se maintient à un niveau élevé [...] La France paraît toujours aussi attractive qu'en septembre/octobre 2019. 6 cadres dirigeants à l'étranger sur 10 considérant que l'attractivité de la France s'est améliorée au cours des deux dernières années [...] Les mouvements de grève ont également une véritable résonance en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis".

A quelques jours du sommet "Choose France", Emmanuel Macron s'apprête à recevoir à Versailles 200 patrons de groupes étrangers pour son rendez-vous annuel consacré à l'attractivité de la France pour les investissements étrangers.  Pour valoriser également les groupes français, le palais de l'Elysée expose ce week-end dans ses salons et ses jardins 120 produits fabriqués en France, lors d'un événement ouvert au public. Le chef de l'État inaugurera vendredi soir cette "grande exposition du Fabriqué en France", événement inédit auxquels se sont inscrites quelque 10.000 personnes pour samedi et dimanche selon un communiqué de la Présidence.

80% des entreprises étrangères satisfaites

8 entreprises étrangères sur 10 installées sur le sol français dressent un bilan positif de leurs investissements réalisés dans l'hexagone. 70% signalent que le résultat est "plutôt positif" et 12% pensent qu'il est "très positif". A l'inverse, 17% estiment que les sommes investies ne procurent pas de résultats satisfaisants. Sur les dix dernières années, la proportion de réponses positives a connu un creux en 2014 à 62% avant de remonter autour de 80% depuis 2016. C'est un ratio relativement proche des résultats enregistrés au début des années 2010. Du côté des réponses négatives, elles n'ont cessé d'augmenter entre 2010 et 2015 passant de 15% à 32% avant de plonger à 12% en 2016 et se redresser légèrement ces dernières années.

La France, second pays le plus attractif en Europe derrière l'Allemagne

Les résultats collectés par l'organisme de sondages indique que parmi les pays européens testés, la France figure sur la seconde marche du podium avec 38% de réponses favorables. Elle est devancée par l'Allemagne qui récolte 44% de réponses positives. Malgré toutes les difficultés économiques rencontrées depuis plusieurs années, la première économie de la zone euro conserve une image favorable à l'international. Le croissance du PIB outre-Rhin a ainsi enregistré une progression de 0,6% en 2019, soit sa hausse la plus faible depuis 2013. En troisième position arrive le Royaume-Uni. Il semble que le Brexit a permis à Paris de creuser l'écart avec Londres (8 points de différence en 2019 contre 1 point en 2018). Le trio de tête est suivie de très loin par l'Italie (9%), les Pays-Bas (9%) et l'Espagne (9%).

L'industrie demeure attractive

Les années de désindustrialisation de l'économie de la France ont fait des dégâts. Il faut rappeler qu'entre 1980 et 2018, la part de l'industrie dans la valeur ajouté a chuté de 12,2 points pour atteindre 17,8% en 2018 selon de récents chiffres de l'OFCE. En parallèle, plus de 2,2 millions d'emplois ont été détruits dans l'industrie. Ainsi, la part de l'emploi industriel dans l'emploi marchand est passée de 29,2% en 1980 à 14,6% en 2018. Malgré ces pertes abyssales, l'industrie tricolore conserve une image positive. Ainsi, 81% des cadres dirigeants installés à l'étranger ont indiqué que les industries françaises sont attractives. A l'opposé, 19% estiment que le moteur industriel n'est pas attractif. Enfin, 81% ont déclaré que l'écosystème français encourageait l'appareil industriel.

Une industrie jugée performante pour 80% des dirigeants

L'autre résultat marquant de cette enquête est qu'une grande majorité des personnes interrogées (plus de 80%) estiment que l'industrie française est performante. L'organisme spécialisé dans les enquêtes d'opinion a ainsi interrogé les cadres sur plusieurs points précis et il s'avère que les résultats sont positifs à chaque fois. Sur l'automatisation des outils de production, la qualité des salariés, la montée en gamme des produits, la qualité du management, la promotion du savoir-faire français, la part des réponses favorables est à chaque fois supérieure à 80%.

La France profite du Brexit

Sans surprise, les résultats du baromètre indiquent que l'économie tricolore a tiré profit du Brexit. "Si la stabilité économique perçue de la France recule un peu (-4 points), la stabilisation de la perception de l'environnement juridique et fiscal à un niveau élevé, elle, se confirme. Un constat qui contraste avec l'instabilité perçue qui augmente sur l'environnement juridique et fiscal au Royaume-Uni" soulignent les auteurs de l'enquête. Si les bénéfices en termes d'image pour la France sont indéniables, les répercussions au niveau macroéconomique sont encore difficiles à mesurer à l'heure qu'il est. Surtout, l'Allemagne continue de dominer le classement des pays européens. 94% des répondants ont indiqué que l'environnement juridique et fiscal des affaires était stable (contre 84% en France) et 89% pensent qu'il est facile à comprendre (contre 79% en France). Pour le Royaume-Uni, ces deux derniers items sont en baisse.

Brexit : deux tiers des entreprises vont revoir leur stratégie d'implantation

Le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, qui doit se concrétiser le 31 janvier prochain, oblige certaines multinationales à revoir leur stratégie. Ainsi, 64% des cadres étrangers installés en France ont déclaré que les entreprises de leur pays vont réviser leur stratégie d'implantation de l'autre côté de la Manche au profit d'un autre pays européen. Sur cette question, les cadres-dirigeants étrangers qui ne vivent pas en France sont plus partagés. Ils sont ainsi 49% à penser que leur firme va opérer ce type de transformation. Au classement des pays qui devraient le plus en profiter, l'Allemagne demeure en tête pour 45%. Elle est suivie de la France (40%) l'Italie (12%), les Pays-Bas (12%) et l'Espagne (10%).

Méthode : 573 leaders cadres dirigeants répartis comme suit ont été interrogés. (101 en Allemagne, 100 au Royaume-Uni, 100 aux USA, 100 en Inde, 100 en Chine, 72 aux Emirats arabes unis. (Le poids des Émirats arabes unis a été ramené à 100 comme les autres pays, et afin d'avoir le même poids pour le calcul de la caisse de résonance).  Les questionnaires ont été administrés en ligne sauf pour les Emirats arabes unis. Les terrains ont été réalisés sur les périodes suivantes. (- Allemagne : 31/10/2019 - 08/11/2019 - Royaume-Uni : 25/10/2019 - 7/11/2019 - USA : 25/10/2019 - 7/11/2019 - Inde : 25/10/2019 - 7/11/2019 - Chine : 31/10/2019 - 08/11/2019 - Emirats arabes unis : 11/11/2019 - 18/12/2019).

Pour le second volet du baromètre, 189 cadres dirigeants d'entreprises étrangères installées en France ont été interrogés par téléphone. Le terrain s'est déroulé du 24/10/2019 au 27/11/2019.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 17/01/2020 à 12:46
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L'attractivité, comme tout le reste, ne vit que sur ses acquis et non pas a son appartenance a l'UE de Bruxelles et a euro!

à écrit le 17/01/2020 à 9:29
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Pour attirer les cadres venant de l'étranger, il va falloir baisser sérieusement la fiscalité . Pour les entreprises , diminuer le poids de notre administration et donner un peu plus de liberté aux initiatives.

à écrit le 17/01/2020 à 8:59
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Vous devriez en faire une chanson ! Je ne rigole pas, regardez Orelsan avec son "TOUT VA BIEN !" , un vrai succès ! Allez à vous maintenant ! :-)

à écrit le 16/01/2020 à 22:52
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Les seuls résistants sont donc les Français. Pourquoi ne consomment-ils pas? Il est vrai que voir un billet de 10 euros qui ne vous brûle pas les mains...

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