L'économie française devrait plonger de 9% en 2020

Avec le second confinement et la fermeture des bars et restaurants, l'Insee table sur une chute du PIB de 4,4% au cours du dernier trimestre.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

La pandémie a fait vaciller l'économie française. Selon le dernier point de conjoncture de l'Insee publié ce mercredi 2 décembre, le produit intérieur brut (PIB) devrait reculer de 9% en 2020, soit un niveau inédit depuis la Seconde Guerre mondiale. Après la catastrophe du printemps et une saison estivale au beau fixe, le dernier trimestre s'annonce morose. En effet, la recrudescence du virus et la saturation des hôpitaux ont obligé le gouvernement à mettre en œuvre de nouvelles mesures de restriction pour endiguer la propagation de cette maladie.

Si la baisse du nombre de contaminations et les annonces relatives au vaccin ont apporté des lueurs d'espoir dans les milieux économiques et ont fait frémir les marchés boursiers, la dégradation des indicateurs au dernier trimestre et la montée du chômage vont certainement peser sur les capacités de rebond de l'économie tricolore en 2021. Le gouvernement, qui avait prévu de mettre en œuvre rapidement son plan de relance, a dû annoncer une nouvelle salve de mesures d'urgence dans un quatrième budget rectificatif pour l'année 2020.

En attendant, la liste des fermetures de sites et plans sociaux ne cesse de s'allonger, malgré les différents dispositifs de soutien (PGE, fonds de solidarité, chômage partiel) annoncés depuis le mois d'avril pour limiter la casse économique et social. À cela s'ajoute la gestion du déconfinement, qui va être déterminante dans les semaines à venir. Si le premier a été jugé réussi dans un premier temps par de nombreux observateurs, l'arrivée de la seconde vague à la fin de l'été et la mise sous tension des services de santé ont montré les cafouillages au sommet de l'État.

Un dernier trimestre dans le rouge

La pandémie a une nouvelle fois mis à terre l'économie tricolore au dernier trimestre. Si le confinement du mois de novembre aura un effet moins sévère que celui du printemps, le PIB devrait tout de même plonger de 4,4% contre -13,8% au second trimestre. La perte d'activité par rapport à une situation normale serait de -8% contre -18,9% entre avril et juin. Au troisième trimestre, l'économie hexagonale a en revanche enregistré un rebond économique important de l'ordre de 18,7%. Un chiffre révisé à la hausse  (0,5 point) récemment par les conjoncturistes de l'institut public.

À la différence du premier confinement, beaucoup de secteurs et branches ont pu poursuivre leur activité, notamment dans l'industrie, le bâtiment ou le commerce de gros. Le maintien des écoles et des crèches pour l'accueil des enfants n'a pas obligé les parents à prendre des congés ou à se mettre en activité partielle. En outre, beaucoup d'entreprises et de salariés dans les services étaient mieux préparés qu'au mois de mars à basculer dans le télétravail. Le confinement intervient alors qu'"une partie des activités économiques bénéficient de l'expérience acquise au printemps : lorsque le télétravail n'est pas possible, les protocoles sanitaires sont désormais rodés pour permettre le travail sur site, tant dans les usines que sur les chantiers" indiquent les statisticiens.

Les services plongent, l'industrie et la construction résistent

Sans surprises, les activités du tertiaire ont été frappées de plein fouet par la flambée de l'épidémie et les dernières mesures de restriction. Dans les services marchands, les activités d'hébergement et restauration (-49%), de transport et entreposage (-23%), les activités scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien (-9%) sont particulièrement exposées. À l'opposé, les services immobiliers (-1%) et les activités financières et d'assurance (-3%) résistent plutôt bien aux dernières mesures de restriction. La contribution des services marchands et des services non marchands à la récession est particulièrement lourde (-7 points). Dans la construction, la diminution de l'activité devrait être beaucoup moins marquée qu'au second trimestre (-9% contre -31,3%). Contrairement au printemps, beaucoup de chantiers ont pu se maintenir avec l'application d'un protocole sanitaire mieux préparé. Du côté de l'industrie, les pertes sont également limitées avec une baisse d'activité évaluée à -1% pour la dernière partie de l'année.

La demande plus affectée que l'offre

Si le premier confinement avait à la fois provoqué un choc d'offre et un choc de demande, il semble que le second frappe en premier lieu la consommation. Même si le développement du commerce en ligne et des livraisons à domicile ont permis de limiter les pertes, ils sont loin de compenser la diminution d'activité dans le commerce physique.

En outre, les mesures décidées par l'exécutif ont d'abord eu des répercussions sur des pans émanant de la demande des Français. La fermeture des restaurants, des bars, des commerces jugés non-essentiels ou encore des activités culturelles pour limiter le brassage des populations fonctionnent avant tout par la consommation des ménages. Surtout, le retour de la confiance des ménages va être déterminante pour assurer une reprise durable de l'économie. D'après une évaluation de l'économiste d'Euler Hermes, Ana Boata, pourrait booster les dépenses de consommation de l'ordre de 10 milliards d'euros en 2021.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 03/12/2020 à 13:14
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C’est la chute finale coulons tout et demain l'economie nationale ne Sera plus que peau de chagrin ca va etre de la bonne decroissance, bien ecolo, conforme a la mentalite actuelle ( hollande doit avoir des regrets, il a ete elu pour faire de ...

à écrit le 02/12/2020 à 19:40
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9% ...une paille ! Ça fait combien ? 200 milliards ? Noyés dans les 270 000 milliards de la dette mondiale, une goutte d'eau. De toute façons comme toutes ces dettes ne seront jamais remboursées, ce n'est point tant grave.

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