L'économie française peut-elle survivre à un deuxième confinement ?

Commerces, événementiel, culture, transports, voyages... Pour ces secteurs, l'acte deux du confinement, même plus modéré et adapté au travail, pourrait être "fatal". Un mois de confinement coûte "entre 50 et 75 milliards d'euros" et près de 3 points de PIB à l'économie, en plus de mesures de relance qui vont être multipliées par l'Etat. Dans l'attente du positionnement de la BCE dans la journée, la Bourse de Paris a ouvert quasi stable, après son plongeon de la veille.
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

« Des dégâts économiques et humains considérables ». C'est l'avertissement envoyé mercredi soir par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, après l'allocution d'Emmanuel Macron instaurant cette mesure à partir de vendredi et jusqu'au 1er décembre. « Ce n'est pas dans les commerces que se fait la contamination mais dans la sphère privée », a affirmé le représentant du patronat, prenant la défense des commerçants « pénalisés ».

Tandis que l'exécutif a tracé les lignes d'un reconfinement qui n'empêche pas d'aller travailler, des pans entiers de l'économie (commerces, événementiel, culture, transports, voyages notamment) seront directement touchés. Déjà, plusieurs régions françaises ont vu l'augmentation des plans sociaux (voir notre carte), sur une tendance d'accélération de la désindustrialisation du pays.

Beaucoup de PME, sous-traitants et indépendants subissent déjà les dégâts liés aux fermetures des grands sites sans vraiment de possibilité de rebondir à court terme. Avec eux, c'est le scénario de la reprise attendue qui s'assombrit. Ce second confinement viendra nécessairement affaiblir les courbes en U, V, W, K ou en aile d'oiseau.

Au lendemain de son pire plongeon en plus d'un mois, après avoir perdu près de 4%, la Bourse de Paris a ouvert quasi stable jeudi matin après l'intervention du président de la République. Dans l'attente du positionnement de la BCE donnée dans la journée, l'indice CAC 40 prenait 0,01 point à 09H00 à 4.571,13 points.

En plus des 100 milliards promis par le plan "France Relance" lié au premier confinement, les finances publiques devront elles aussi amortir un ralentissement des échanges et des recettes fiscales. Une perte à prévoir "entre 50 et 75 milliards d'euros de Produit intérieur brut", estime le Medef. Chaque mois, la France perdrait aussi entre 2 et 2,5 points sur son PIB, avait évalué le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt, tandis qu'un confinement coûte chaque mois "10 milliards d'euros de dépenses d'intervention" à l'Etat.

Lire aussi : L'Unédic prévoit un chômage à 10,5% pour 2020, ses comptes sont dans le rouge

Un impact moins fort qu'en avril ?

L'impact du confinement sera-t-il aussi fort qu'au printemps ? En avril dernier, mois entièrement passé sous le régime du confinement, l'activité avait chuté de plus de 30% en France.

L'impact devrait être un peu moindre cette fois, les restrictions étant moins importantes, avec un télétravail généralisé autant que possible mais une activité qui se poursuivra, notamment dans les services publics, les usines, les exploitations agricoles et le BTP, a indiqué le président de la République mercredi soir.

En mars-avril, "on était pris au dépourvu: on n'avait pas de masques, on n'était pas organisé, on n'avait pas les ordinateurs portables pour faire du télétravail", juge aussi Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes.

Cette fois, les entreprises et l'administration sont mieux préparées pour poursuivre une partie de leur activité durant le confinement, avec des protocoles sanitaires définis.

Le secteur de la construction et une partie de l'industrie devraient être moins pénalisés.

Le "coup fatal"

"Par contre, pour les secteurs qui sont déjà fragilisés, comme la culture, le tourisme, là ça risque d'être un coup fatal", prévient Mme Ozyurt. Ou encore pour les commerces dits "non essentiels", dont les bars et les restaurants, de nouveau fermés durant ce reconfinement.

Un confinement est dur "mais si ça permet de raccourcir la période d'incertitude et de vraiment limiter la propagation de la maladie, l'effet final peut être moins important que d'avoir un semi-confinement comme on a maintenant pendant une période de temps extrêmement longue", avance Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.

Le prolongement des aides et du "quoi qu'il en coûte"

Comment éviter l'effondrement de l'économie? Avec le couvre-feu, le gouvernement avait déjà renforcé un certain nombre de dispositifs d'aide aux entreprises. Emmanuel Macron a assuré que les entreprises touchées par ce reconfinement seraient aidées.

Le détail des mesures sera précisé ultérieurement par le gouvernement mais il a évoqué le chômage partiel pour ceux qui ne peuvent pas travailler, une prise en charge jusqu'à 10.000 euros des pertes des entreprises fermées ou encore un plan spécial pour les indépendants, les commerçants et les TPE.

La prise en charge du chômage partiel à 85% par l'Etat (et l'Unedic) sera prolongée au delà du 1er novembre lorsqu'une entreprise n'a d'autre choix que de mettre tout ou partie de ses salariés en chômage partiel, a aussi déjà annoncé mardi soir la ministre du Travail Elisabeth Borne.

Et Bercy travaille sur une aide fiscale pour inciter les bailleurs à réduire les loyers demandés aux entreprises, sans doute via un crédit d'impôt.

Cela n'empêchera sans doute pas les faillites d'entreprises les plus en difficulté, prédit toutefois Charlotte de Montpellier car "on ne peut pas éternellement soutenir les problèmes de solvabilité des entreprises".

Quel sera le coût pour l'Etat?

Selon Olivier Dussopt, un mois de confinement représente "10 milliards d'euros de dépenses d'intervention". Il faut notamment financer le paiement des salaires via le chômage partiel ou abonder le fonds de solidarité pour les entreprises, créé en mars.

Le gouvernement avait vu large en budgétant ces dispositifs pour la première vague. Il avait provisionné 31 milliards d'euros en 2020 pour le chômage partiel, dont environ 22 milliards ont été dépensés. De même, 9 milliards d'euros avaient été prévus pour le fonds de solidarité et il en reste environ 2 milliards disponibles.

Au total, depuis le début de la crise, l'Etat a mobilisé près de 470 milliards d'euros, dont environ 60 milliards de dépenses effectives, le reste étant des mesures de garanties. Des dépenses qui vont creuser le déficit public cette année, attendu à 10,2% du PIB, mais qui pourrait encore augmenter si de nouveaux crédits devaient être débloqués.

(Avec AFP,  Marie HEUCLIN)

Lire aussi : La dette française toujours "autour de 117%" du PIB à horizon 2025, prévoit le gouvernement

Commentaires 21
à écrit le 30/10/2020 à 7:52
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bonjour si on commencer a faire des economies exemples les retraites et salaires de tout nos charmeurs de serpent tout les avantages de certains toutes les les maladies et accident travail non justifiees tout cet open bar pour les immigres tourner l...

à écrit le 29/10/2020 à 18:04
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Cet après-midi, j'ai voulu rentrer dans un petit magasin de vêtements. Comme je redoute le covid, j'ai demandé à la vendeuse si je pouvais laisser la porte ouverte pour aérer le local pendant que je regarderai et essaierai les vêtements ( La porte de...

à écrit le 29/10/2020 à 14:41
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la responsabilité de la situation est bien collective: le gouvernement a sans doute péché par optimisme, une partie de la population indisciplinée, individualiste , "assistée" et pétrie de certitude est passivement manipulée par les fakes sur le net....

à écrit le 29/10/2020 à 14:33
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la responsabilité de la situation est bien collective: le gouvernement a sans doute péché par optimisme, une partie de la population indisciplinée, individualiste , "assistée" et pétrie de certitude et passivement manipulée par les fakes sur le net. ...

à écrit le 29/10/2020 à 12:54
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la reponse et non mais comme nos dirigeants ont deja vendu le pays par tranche alors a part une revolte general il n'y a plus rien a voir circulé ou sont les lits promis pour l'hospital et le reste de promesse simplement sur des comptes bien cac...

à écrit le 29/10/2020 à 12:33
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Mais oui, le gouvernement va aller demander des dons à Bruxelles... Puis ira ponctionner 20% des comptes bancaires pour continuer à vivre au dessus de ses moyens...

à écrit le 29/10/2020 à 12:18
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la responsabilité de la situation est bien collective: le gouvernement a sans doute péché par optimisme, une partie de la population indisciplinée, individualiste , "assistée" et pétrie de certitude s' est affranchie des plus élémentaires règles d' ...

le 30/10/2020 à 9:41
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bonjour Bréhat et merci pour votre commentaire criant de vérité ! celui qui vous dit que vous n etes pas scientifique ne connait rien , il n y a pas à etre scientifique ou pas , il y a une constatation par rapport à l ' épidémie de covid 19 , qui n' ...

à écrit le 29/10/2020 à 11:53
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Il n'y a aucune raison que le deuxième confinement réussisse là où le premier a échoué et ne soit pas suivi d'un troisième : rien n'arrête un virus, hormis l'immunité collective acquise naturellement par contamination ou par vaccination. Autrement,...

à écrit le 29/10/2020 à 11:43
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470 milliards d'euros "mobilisés " dont 60 réellement décaissés en dépenses effectives . cela veut donc dire que 410 milliards relèvent de "promesse de garantie de l'Etat " que rien ne peut prouver qu'elle sera tenue . de même sur les 100 milliards...

à écrit le 29/10/2020 à 11:07
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Si les français avaient respecté les règles à 100%, si les commerces avaient fait appliquer les règles au lieu de simplement imaginer que la population les respecterait, et ce fut le cas dans une grande majorité, si le gouvernement avait pris des me...

le 29/10/2020 à 12:14
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@européen, si vous aviez un minimum de formation scientifique (ou de bon sens), vous sauriez que : le respect de règles à 100% est impossible; que le respect de ces règles ne pouvait stopper totalement le virus; que ce sont les humains qui transporte...

le 29/10/2020 à 15:08
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En France, les règles prévoient une distanciation d‘un mètre, en Allemagne de 1,50 mètres, aux EU de 6 feet. Quel règle est vraiment fiable?

à écrit le 29/10/2020 à 11:06
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Si les français avaient respecté les règles à 100%, si les commerces avaient fait appliqué les règles au lieu de simplement imaginer que la population les respecterait, et ce fut le cas dans une grande majorité, si le gouvernement avait pris des mes...

le 29/10/2020 à 11:41
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Bien sur qu'on va continuer car plus ça dure , plus les milliards gratuits pleuvent . Pourquoi dis je gratuits ; parce qu'ils ne seront jamais remboursés , transformés en dette perpétuelle in fine annulée comme EN ARGENTINE depuis des lustres .

à écrit le 29/10/2020 à 10:48
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Ce qui est très inquiétant n'est pas le coût pour gérer la période jusqu'à l'arrivée d'un vaccin, mais bien le retard que l'on accumule dans nos sociétés hyper protégées (mal protégées mais protégées de façon couteuse). Qui croit en l'efficacité d'un...

à écrit le 29/10/2020 à 10:46
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Le fondé de pouvoir pathologique de la liquidation de la France va-t-il survivre en 2022 ?

à écrit le 29/10/2020 à 10:40
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Moyenne d'âge des personnes décédées du covid: 81 ans. Le coup économique est démentiel pour faire gagner quelques mois d’espérance de vie à des personnes souvent atteintes d'autres pathologies.

à écrit le 29/10/2020 à 10:25
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"L'économie française peut-elle survivre à un deuxième confinement ?" Apparemment , les français le pensent puisqu'ils sont favorable à ce deuxième confinement à près de 77%.

à écrit le 29/10/2020 à 10:23
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"La prise en charge du chômage partiel à 85% par l'Etat (et l'Unedic) sera prolongée au delà du 1er novembre lorsqu'une entreprise n'a d'autre choix que de mettre tout ou partie de ses salariés en chômage partiel, a aussi déjà annoncé mardi soir la m...

à écrit le 29/10/2020 à 9:54
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Nous sommes sur un site économique, il serait quand même temps, enfin, de dire la vérité à savoir que la bourse n'a aucun intérêt, c'est leur truc à eux et eux seuls, car aucune crédibilité en ce qui concerne la mesure de l'économie réelle ce truc ét...

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