L'économie française sort doucement de sa léthargie

La Banque de France table sur une perte d'activité de -4% au mois de mai contre -6% en avril et -5% en mars pour l'économie tricolore.
Grégoire Normand
(Crédits : POOL)

Le chemin du rebond économique s'annonce tortueux. Près de 14 mois après l'arrivée du virus sur le territoire français, beaucoup de secteurs demeurent profondément meurtris par les différentes vagues d'épidémie et les confinements à répétition. La levée progressive des mesures d'endiguement en quatre étapes annoncée par le président Macron et le redémarrage de l'économie ont insufflé un vent d'optimisme dans les milieux dirigeants mais les marges de manoeuvre sont étroites. Le prolongement de cette crise sanitaire a déjà laissé des séquelles importantes dans des pans entiers de l'économie tricolore et la période de transition devrait être cruciale pour retrouver le chemin de la croissance.

Les derniers résultats du point de conjoncture dévoilés ce lundi 10 mai par la Banque de France montrent que l'économie tricolore demeure en sous-régime depuis maintenant 16 mois. Les pertes de produit intérieur brut pour le confinement du mois d'avril sont estimées à -6%. "La perte d'activité au mois d'avril est moins importante qu'en novembre ou au mois d'avril 2020. En dépit de la fermeture des écoles et des crèches, l'activité a été moins faible que lors du second confinement. Pour le mois de mai, les entreprises s'attendent à une hausse de l'activité" a expliqué le directeur des études à la Banque de France, Olivier Garnier, lors d'une réunion avec des journalistes.

La perte de valeur ajoutée pour le mois de mai est estimée à -4%. "A scénario sanitaire inchangé, notre prévision de croissance à 5% est maintenue pour 2021. L'acquis de croissance en mai est de 4,5%. Ce qui montre que le chiffre de 5% n'est pas hors de portée" indique l'économiste. Si le maintien de cette prévision à 5% peut paraître optimiste, cette projection n'est en rien exceptionnelle. En effet, l'économie française avait plongé à un niveau record en 2020 (-8,3%) et il est logique qu'il y ait un fort rebond en 2021. En revanche, il reste encore beaucoup d'incertitudes et d'aléas pour penser que la croissance sera solide et durable au delà de la fin de l'année. Beaucoup de travaux d'économistes montrent que les récessions affectent durablement les régimes de croissance dans les pays développés.

Les services, l'automobile et l'aéronautique en grande difficulté

La pandémie risque de laisser des traces sur certains secteurs clés de l'économie française. Au mois d'avril, les secteurs des services, de l'aéronautique et de l'automobile ont exprimé de fortes difficultés dans les enquêtes menées par l'institution bancaire. Dans l'industrie, si le taux d'utilisation des capacités de production a dépassé sa moyenne de long terme (depuis 2002), c'est très loin d'être le cas dans l'aéronautique (71%) et l'automobile (77%). Cette sous-utilisation prolongée a déjà des conséquences sur des territoires déjà minés par des décennies de désindustrialisation. Bien que la mise en oeuvre des aides a été globalement saluée, elles n'ont pas empêché les grands groupes de licencier à tours de bras menaçant par "effet domino" des sous-traitants et des PME sur des régions entières.

Des tensions sur l'approvisionnement

Ces derniers mois, des tensions sont apparues dans les chaînes d'approvisionnement et en particulier celles des semi-conducteurs. Les différentes enquêtes mensuelles de conjoncture menées par la Banque de France depuis le début de l'année 2020 montrent que la proportion de chefs d'entreprise faisant part de ces tensions gonfle sans cesse. Au mois d'avril, ils étaient 27% contre seulement 3% habituellement.

> Lire aussi : La pénurie de semi-conducteurs pèse de plus en plus sur l'automobile

La reprise de l'économie en Chine et aux Etats-Unis a provoqué des pénurie dans certains composants indispensables dans l'industries automobile. Les logiques de déstockage depuis le début de la pandémie ont pu contribué à ces tensions.

"Il y a un phénomène mondial de réouverture de l'économie qui se traduit par des tensions sur les approvisionnements et un destockage pendant la crise. Il s'agit d'un problème au redémarrage mais ce n'est pas un problème structurel" a ajouté Olivier Garnier.

A cela s'ajoute la flambée des prix des matières premières et notamment du pétrole. Ces hausses ne devraient cependant pas avoir d'impact à long terme sur l'inflation des prix. Les économistes de la Banque de France n'ont pas signalé de point d'inquiétude sur ce sujet lors de leur présentation.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 12/05/2021 à 12:00
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Nous avons vécu ces 4 années successivement comme une descente aux enfers , que nous réserve l'année qui reste je n'ose même pas l'envisager pour nos compatriotes. Quelqu'un a dit après moi le schaos et bien nous allons découvrir qu'il y a pire .

à écrit le 11/05/2021 à 9:44
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La levée "progressive" des mesures sanitaires est une absurdité. Vu les chiffres actuels de l'épidémie en France, l'état devrait stopper net toutes ces mesures, et laisser de nouveau les gens faire ce qu'ils veulent

le 11/05/2021 à 10:52
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Non, le plan du gvt est de continuer a vous aliener d'avantage. On vous grignote votre liberte et vous applaudissez, c'est prevu.

à écrit le 11/05/2021 à 8:06
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Nous ne perdons rien pour attendre : quand les bistrots et les restaurants rouvriront, on sera en plein boom. Puisque c'est la base même de l'économie. Par chez nous

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