La Nouvelle-Calédonie choisit la France

Le taux d'électeurs optant pour le maintien de l'archipel dans la république française s'est élevé à 56,4 % contre 43,6 % en faveur de l'indépendance. La participation au scrutin a été élevée avec 80,63% des votants.
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, qui arrive sur le Caillou dès lundi, ce référendum marque le début de la Nouvelle-Calédonie qui veut construire un avenir.
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, qui arrive sur le Caillou dès lundi, ce référendum marque "le début de la Nouvelle-Calédonie qui veut construire un avenir". (Crédits : Medef)

La Nouvelle-Calédonie a fait le choix dimanche de rester dans la France, selon des résultats partiels, au terme d'un référendum historique qui n'a pas empêché quelques débordements dans la soirée. Selon les résultats définitifs, le non à l'indépendance l'emporte avec 56,4% des voix contre 43,6% pour le oui, a indiqué le Haut-Commissariat. La participation a été massive, avec 80,63% de votants. Les sondages prédisaient une large victoire du non, dans une fourchette de 63 à 75%.

Dans une allocution télévisée depuis l'Élysée, Emmanuel Macron a exprimé son "immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape historique" et que "la majorité des Calédoniens ait choisi la France". Le chef de l'État a ajouté qu'il n'y avait désormais "pas d'autre chemin que celui du dialogue" et a invité "chacun à se tourner vers l'avenir".

Plusieurs voitures ont été brûlées et deux "faits de caillassages" ont été signalés dimanche soir, en marge du dépouillement du scrutin, a-t-on appris auprès du Haut-commissariat. Les principaux responsables politiques avaient souligné en amont du scrutin qu'une victoire du non pouvait inciter une partie de la jeunesse kanak, marginalisée, à des débordements.

Les électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d'importantes réserves de nickel, étaient appelés à dire s'ils voulaient ou non "que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante".

"Le combat de nos vieux"

A la mairie de Nouméa, Chanel Cinédrawa, paysagiste de 43 ans, a voté indépendantiste, car "c'est le combat de nos vieux, il faut honorer leur mémoire, c'est une fierté de porter nos couleurs", dit-il. De nombreuses procurations faites par des Calédoniens de métropole ne sont pas arrivées à temps, a déploré Sonia Lagarde maire de Nouméa, confrontée à d'incessantes réclamations à ce sujet toute la journée.

Cette consultation, prévue par l'accord de Nouméa signé en 1998, est destinée à poursuivre le travail de réconciliation entre Kanak, peuple autochtone du territoire, et Caldoches, population d'origine européenne, entamé avec les accords de Paris de 1988. Ces derniers avaient été signés après les violences des années 1980 qui avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, faisant au total 25 morts.

Pour rendre ce scrutin incontestable, 250 délégués dépêchés par l'Etat et des experts de l'Onu étaient présents dans les bureaux. Dans celui de l'école Candide-Koch, dans le quartier de la Vallée des colons à Nouméa, une longue file d'attente a été constatée dans la matinée. "Mon choix a été fait depuis longtemps, c'est un choix pour la France, pour les garanties qu'elle apporte. C'est l'assurance, la sécurité", explique Patrick Levenchaud, fonctionnaire de 54 ans.

 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles

A l'école Gustave-Mouchet, dans le quartier populaire de Montravel, la population, à majorité kanak, a fait aussi la queue: "C'est un geste symbolique", explique Alain, 46 ans, qui travaille à la Société Le Nickel (SLN), plus grand employeur privé de Nouvelle-Calédonie. "C'est le premier vote qui va définir vraiment le pays."

Les trois partis loyalistes, très divisés, défendent le maintien dans la France. Ils mettent en avant la protection de la France et ses 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles, et espèrent que ce premier référendum sera aussi le dernier alors que l'accord de Nouméa prévoit la possibilité de deux autres consultations dans les quatre ans. Mais ils entendent continuer à dialoguer avec les Kanak et l'Etat. Si le oui l'avait emporté, le FLNKS (indépendantiste) avait précisé qu'il ne souhaitait pas une rupture avec la France, mais une indépendance en partenariat avec elle. Pour le Premier ministre Edouard Philippe, qui arrive sur le Caillou dès lundi, ce référendum marque "le début de la Nouvelle-Calédonie qui veut construire un avenir".

La jeunesse kanak marginalisée

Selon Paul Fizin, docteur en histoire, en dépit de trente années de rééquilibrage économique et social en faveur du peuple premier, les inégalités restent criantes. Échec scolaire, chômage élevé, habitat précaire... "il y a encore des problèmes d'intégration et un sentiment d'injustice prégnant dans la société kanak", dit-il. Une partie de la jeunesse kanak, marginalisée, a sombré dans la délinquance. Les deux camps craignent leur réaction si le non l'emporte. La vente d'alcool dans les commerces a été interdite ce week-end, les effectifs de gendarmerie ont été étoffés et la prison de Nouméa a renforcé sa capacité d'accueil.

Les états-majors politiques ont recommandé la discrétion à leurs militants. Mais rien ne dit que certains pro-français n'iront pas fêter ostensiblement leur victoire annoncée.

(avec AFP)

Commentaires 18
à écrit le 05/11/2018 à 19:01
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En France, par contre , un référendum en 2005 (celui pour ou contre la constitution européenne) a eu 55 % des votants CONTRE . Donc en France, on n'en tient pas compte et on interdit désormais tout référendum .

à écrit le 05/11/2018 à 10:32
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La visite au Vietnam de notre premier Ministre n'a pas été digne, a force de vouloir revisiter l'histoire , on finit par dire n'importe quoi. On peut espérer qu'en Nouvelle Calédonie, il va se reprendre et respecter le vote de ceux qui veulent reste...

à écrit le 05/11/2018 à 7:07
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Est-ce une bonne idée de rester sur le Radeau de la Méduse? Comme le disait un contributeur, nous n'avons pas été consultés sur l'opportunité de garder ou d'acquérir ces COLONIES (baptisées DOM et TOM) et quand nous l'avons été (pour l'annexion de la...

le 05/11/2018 à 7:50
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Que notre vote aux différents référendums ait été bafoué est un mensonge pur et simple, proféré par quelqu’un qui essaie de réécrire l’histoire.

le 05/11/2018 à 19:05
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Ce vote de 2005 a été bafoué par nos politiciens . Les Français ont dit NON à cette Europe des lobbies !

à écrit le 04/11/2018 à 21:51
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100pour cent de l'afrique aurait voté pour etre francaise aujourd'hui

à écrit le 04/11/2018 à 21:12
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vote truqué comme les elections presidentielles de macron . la france est une dictature

à écrit le 04/11/2018 à 21:02
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Et dans 2 ans, on leur demande s'ils sont sûrs, et deux ans encore : sûr, sûr, sûr ?

à écrit le 04/11/2018 à 19:04
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A ceux qui se plaignent de ne pas avoir été consultés, il y a eu le référendum de 1988 sur les accords de Matignon et qui fixaient le cadre de la marche vers l'indépendance. En 1998, les référendums ont été repoussés de 20 ans par les accords de ...

à écrit le 04/11/2018 à 17:03
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Normal avec le fric qu'on leur donne ! Mais personne n'a demandé aux français s'ils voulaient garder ce caillou .

le 04/11/2018 à 17:29
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Le "caillou" vient avec 25% des réserves de Nickel du monde et la souveraineté sur 1 400 000 km2 d'océan. Je ne pense pas que la corse nous en apporte le dixième et elle nous coute encore plus cher.

le 04/11/2018 à 18:16
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La population mélanésienne ne représentent plus que 39% de l'île ,ils étaient majoritaire dans les années 60 , le reste étant des européens en majorité des français qui remplacent progressivement la population locale que l'on cantonne dans des zones ...

le 04/11/2018 à 18:57
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Si, il y a eu un référendum à l'époque du ministère Rocard sur le processus en cours. Les accords de Nouméa prévoient d'ailleurs deux autres consultations. L'indépendance sera peut-être pour la prochaine fois.

le 04/11/2018 à 19:05
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La population mélanésienne représente 39% , mais le oui a quand même obtenu plus de 43% des voix. Ce paradoxe est le résultat des accords de Nouméa en 98. Le gouvernement français a préféré accepter une bizarrerie constitutionnelle que de voir le...

à écrit le 04/11/2018 à 15:26
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La Nouvelle-Calédonie choisit la France et ce n'est pas avec l’appui de notre gouvernement européiste!

à écrit le 04/11/2018 à 15:13
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Les australiens ayant cessé de soutenir et financer les groupes indépendantistes de l'île, leur intérêts ayant changé de camp avec la montée de l’hégémonisme chinois dans le Pacifique, le résultat a tout pour les satisfaire alors qu'il y a encore une...

le 04/11/2018 à 17:30
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Et les martiens?

à écrit le 04/11/2018 à 13:40
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La France n'est jamais consultée ...

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