Les entreprises qui joueraient avec l'effet d'aubaine que représente l'inflation sont dans le collimateur de l'Autorité de la concurrence. « On regarde, et on a les instruments pour sanctionner, même sévèrement », a affirmé Benoît Coeuré, président de l'institution, dans un entretien paru dans le quotidien Le Parisien samedi, en référence aux entreprises qui profiteraient de la poursuite de l'inflation pour augmenter leurs prix excessivement.
« La persistance de l'inflation est en partie due aux profits excessifs des entreprises »
« Nous avons un certain nombre d'indices très clairs et même plus que des indices, des faits, qui montrent que la persistance de l'inflation est en partie due aux profits excessifs des entreprises », a détaillé l'ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). L'actuelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, alors que l'institution a annoncé jeudi dernier un nouveau relèvement de ses taux d'intérêt, a pointé les profits élevés des entreprises qui accroissent leurs marges bénéficiaires, au risque d'alimenter une spirale de hausse de prix. Interrogé sur les secteurs concernés, le responsable s'est contenté de répondre « qu'il y a des secteurs qu'on regarde plus particulièrement », ajoutant que « quand on a des soupçons d'entente, on enquête ».
Après un niveau record de 34% en 2021, le taux de marge des entreprises a atteint 32% l'an dernier, proche de son niveau pré-Covid, d'après la Banque de France. Certains secteurs tels que l'industrie agroalimentaire, l'énergie, les transports et certains secteurs de services sont à surveiller, avait-elle souligné. « Aux entreprises qui se disent : « comme les prix augmentent partout, cela se verra moins si nous nous entendons, je leur dis : attention, nous sommes vigilants », affirme Benoît Coeuré, qui met aussi en avant dans le quotidien l'efficacité de l'institution : « Sur les dix dernières années, on a rapporté en moyenne à l'État 700 millions d'euros par an. L'an passé, on a infligé 468 millions d'euros d'amendes, dont 300 millions pour EDF. Cela veut dire que quand le contribuable met un euro dans l'Autorité de la concurrence, on lui en rend 20. C'est un bon investissement ! Si on avait plus de moyens, on mettrait plus d'amendes et on rapporterait plus d'argent ».
Avec la DGCCRF, le ministère de l'économie sanctionnera les industriels qui ne tiennent pas leurs promesses
« On veut qu'il n'y ait pas de marges exceptionnelles qui soient faites dans ces années difficiles pour nos compatriotes », avait pu dire mi-mai sur TF1 Emmanuel Macron, plaidant pour « d'abord mettre la pression sur des grands groupes de distribution quand on s'aperçoit qu'ils jouent un peu sur les marges ».
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, avait lui mis ensuite la pression sur les industriels pour qu'ils reviennent à la table des négociations, ce qu'ils ont fini par accepter : « dès le mois de juillet, sur un certain nombre de références et de produits, les prix baisseront. Et nous le vérifierons, et nous sanctionnerons ceux qui ne jouent pas le jeu via des contrôles de la répression des fraudes (DGCCRF) » a-t-il assuré début juin.
(Avec AFP)