La popularité de Macron s'enraye

Par Grégoire Normand  |   |  1179  mots
"Après avoir atteint son plus bas niveau en novembre (26%), au plus fort de la crise des gilets jaunes, puis être remontée à 31% en début d’année, la cote de popularité d’Emmanuel Macron s’enraye et se situe ce mois-ci à un niveau qui reste limité" explique BVA. (Crédits : Gonzalo Fuentes)
L'enquête mensuelle réalisée par BVA pour La Tribune-Orange-RTL signale que 29% des Français ont une opinion favorable d'Emmanuel Macron contre 31% en janvier et 30% en février. Après avoir gagné quelques points, le président de la République se retrouve à nouveau en difficulté.

Pour l'exécutif, la sortie de crise n'est pas pour demain. Selon le dernier baromètre réalisé par BVA pour La Tribune, RTL et Orange, la proportion de Français ayant une opinion favorable d'Emmanuel Macron se situe à 29% contre 30% en février et 31% en janvier. À l'inverse, la part des répondants ayant un jugement défavorable s'élève  à 70% contre 69% en février et en janvier. Après avoir connu une érosion pendant six mois entre juin et décembre 2018, la popularité du chef de l'État se dégrade à nouveau après s'être stabilisée en début d'année.

Le gouvernement a de nouveau été confronté à de violentes altercations le week-end dernier au moment de la manifestation des "gilets jaunes". Cette crise, qui dure depuis maintenant quatre mois, ne trouve pas vraiment d'issue au regard du regain de violence. "La situation reste donc fragile pour le chef de l'État", souligne l'organisme de sondages. La riposte sécuritaire annoncée par le gouvernement il y a quelques jours n'a pas suffi à enrayer la baisse dans les enquêtes d'opinion.

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Popularité en berne chez les retraités et les cadres

La popularité d'Emmanuel Macron souffre particulièrement chez les populations de retraités et les cadres. Dans ces deux catégories, la cote de confiance diminue respectivement de deux points (35% d'opinions favorables) et quatre points (46%) en un mois. Les récents débats sur la réforme de l'assurance-chômage, qui concerne en bonne partie les conditions d'indemnisation des cadres lors des périodes de chômage, ont pu contribuer à alimenter un sentiment de mécontentement chez le personnel encadrant. Ce qui pourrait expliquer cette baisse notable en peu de temps.

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Sur le plan politique, l'ancien ministre de l'Économie est en forte perte de vitesse chez les sympathisants du Parti socialiste (-18 points à 27% d'opinions positives) et ceux du parti Les Républicains (-10 points à 22%). En revanche, ils confortent sa position à la République en Marche avec 96% d'opinions favorables (+ 1 point). À quelques semaines des élections européennes, la liste de la majorité gouvernementale devrait bénéficier d'un socle électoral relativement solide.

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Edouard Philippe se stabilise

Pour le chef du gouvernement, la situation se stabilise. Edouard Philippe recueille 36% d'opinions favorables ce mois-ci, des résultats semblables à ceux de janvier et février. Du côté des opinions négatives, le constat est similaire avec toujours 63% d'opinions défavorables depuis le début de l'année.

"Le Premier ministre bénéficie d'une image un peu plus positive que le chef de l'État, notamment parmi les seniors (45% de bonnes opinions; +1). Il perd néanmoins des points auprès des sympathisants LR (34%; -13 points)" signalent les auteurs du sondage.

Castaner au plus bas

Le ministre de l'Intérieur Christopher Castaner traverse actuellement une mauvaise passe. Empêtré dans la crise des "Gilets jaunes" et sa sortie en boîte de nuit, le locataire de la place Beauvau voit sa cote de popularité baisser de trois points pour s'établir à 15% seulement, soit son plus bas niveau depuis septembre 2018.

"Sa cote d'influence s'écroule notamment chez les sympathisants LR (8%; -18 points), qui lui reprochent probablement les couacs dans la gestion de la dernière manifestation des 'Gilets jaunes' et de ses débordements. Les sympathisants de son ancien parti, le PS, ne sont pas en reste non plus : seuls 11% souhaitent qu'il ait de l'influence à l'avenir, soit une baisse de 11 points par rapport au mois dernier" explique BVA.

De nombreux membres du gouvernement en perte de vitesse

Parmi les ministres testés par BVA, plusieurs connaissent des évolutions contrastées. Pour Jean-Yves Le Drian (25%; -3), Jean-Michel Blanquer (18%; - 2), Marlène Schiappa (16%; -3), Agnès Buzyn (16%; -1) ou Muriel Pénicaud (12%; -3), la situation se dégrade. En revanche, la cote de popularité du ministre de l'Economie Bruno Le Maire progresse légèrement (+1 point).

Il est cependant loin d'être le plus populaire avec 22% de réponses positives. "Le contexte social expose davantage les membres du gouvernement, alors que les manifestations de gilets jaunes se poursuivent, que la fin du Grand Débat approche et que de nouvelles réformes potentielles impopulaires se profilent (retraites)", ajoute BVA.

Nicolas Hulot toujours en tête

Le départ surprise de Nicolas Hulot du ministère de la Transition écologique et sociale à la fin du mois d'août 2018 n'a pas eu de répercussions désastreuses sur sa popularité. Au contraire, l'ancien présentateur de télévision gagne deux points de popularité par rapport à janvier (42%) et reste en tête des personnalités qui devraient avoir davantage d'influence dans la vie politique française. Arrive ensuite Marine Le Pen à la seconde marche du podium avec 28% de réponses favorables. La présidente du Rassemblement national (RN) a profité du départ d'Alain Juppé de la mairie de Bordeaux il y a quelques semaines, et qui a rejoint le Conseil constitutionnel.

La troisième place du classement est occupée par l'actuel président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui récolte 27% d'opinions positives. En bas de tableau, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et député du Nord Fabien Roussel (5%) arrive en 48ème position. Juste au dessus figure le candidat à la mairie de Paris et ancien conseiller en communication de François Hollande Gaspard Gantzer (7%) et le secrétaire national du Parti socialiste Olivier Faure (8%).

Europe-Ecologie-les-Verts en tête

Au niveau des partis politiques, Europe-Ecologie-les-Verts tire son épingle du jeu avec 50% (5 points) de bonnes opinions contre 33% pour le MoDem et 32% pour la République en marche (32%). Le Rassemblement national (RN) tourne autour de 27% d'opinions favorables. Outre l'écart avec les autres organisations politiques, le parti des Verts a réalisé un bond spectaculaire au fil des enquêtes passant de 32% de bons résultats en décembre contre 46% en janvier et 45% en février.

Les mobilisations en faveur du climat ces dernières semaines, les pétitions récoltant plusieurs centaines de milliers de signatures témoignent d'un intérêt de l'opinion publique pour ces thèmes. À quelques semaines des élections européennes, les écologistes pourraient se démarquer si cette dynamique se poursuit.

(*) Méthode : Enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet du 20 au 21 mars 2019. Échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 'La représentativité de l'échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de la personne interrogée, région et catégorie d'agglomération.