La transition énergétique pourrait amputer de 13 milliards d'euros les recettes de l'Etat d'ici à 2030

La transition énergétique fera perdre 13 milliards d'euros aux recettes de l'Etat d'ici à 2030, en fiscalité sur les carburants, et 30 milliards d'ici à 2050, estime la Direction générale du Trésor dans un rapport à paraître ce mardi. Malgré ces coûts, la direction du Trésor rappelle « qu'à long terme, la transition sera bénéfique à l'économie et au bien-être » par rapport au statu quo, et elle encourage très fortement à une forte anticipation des mesures à prendre.
Le rapport du Trésor estime que 110 milliards d'euros supplémentaires par an (en brut, par rapport à 2021) en investissements privés et publics seront nécessaires pour les projets de décarbonation.
Le rapport du Trésor estime que 110 milliards d'euros supplémentaires par an (en brut, par rapport à 2021) en investissements privés et publics seront nécessaires pour les projets de décarbonation. (Crédits : Tonefotografia)

La transition énergétique sera loin d'être sans conséquences pour les recettes de l'Etat. En effet, à fiscalité inchangée, les taxes perçues sur les énergies fossiles pourraient s'éroder « de 13 milliards d'euros à horizon 2030 et 30 milliards d'euros à horizon 2050 », estime le Trésor dans un rapport intermédiaire de l'étude sur « les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone » qu'il publiera en 2024.

« Croissance et climat », Bill Gates est attendu aux Rencontres de Bercy

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Ce document est publié à l'occasion des Rencontres de Bercy consacrées ce mardi au thème « Croissance et climat ». Elles réuniront au ministère de l'Economie et des Finances plusieurs ministres, Bruno Le Maire (Economie), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Christophe Béchu (Transition écologique) avec des experts comme Bill Gates, co-président de la Fondation Bill et Melinda Gates, ou Jean Pisani-Ferry, co-auteur d'un rapport au printemps sur « les incidences économiques de l'action pour le climat ».

« A long terme, la transition sera bénéfique à l'économie »

Par ailleurs, le rapport estime que 110 milliards d'euros supplémentaires par an (en brut, par rapport à 2021) en investissements privés et publics seront nécessaires pour les projets de décarbonation. Il n'a pas encore d'estimation pour 2050. Parallèlement, les investissements défavorables au climat pourraient se réduire, de 37 milliards par an en 2030 par exemple, grâce à la montée en charge des véhicules électriques et aux efforts de sobriété.

Le rapport observe que les pays scandinaves, dont l'électrification du parc automobile a commencé plus tôt, font déjà face à ce phénomène d'érosion des recettes, et que « plusieurs pays européens réagissent en mobilisant davantage d'autres sources de recettes au sein du secteur routier » comme les péages urbains ou la réduction des subventions aux véhicules électriques à mesure que leur prix d'achat baisse. Malgré ces coûts, la direction du Trésor rappelle « qu'à long terme, la transition sera bénéfique à l'économie et au bien-être » par rapport au statu quo, et elle encourage très fortement à une forte anticipation des mesures à prendre.

2024 se profile déjà comme une année noire pour le réchauffement climatique

Ces chiffres s'inscrivent dans le scénario d'un réchauffement mondial limité à 1,5°, pour lequel la France et l'Union européenne ont pris des engagements de réduction de leurs émissions nettes de gaz à effet de serre de 55% en 2030 par rapport à 1990, et de neutralité carbone en 2050. Mais, alertent dans une étude les scientifiques du Global Carbon Project, il y a une chance sur deux pour que ce seuil soit dépassé dans seulement sept ans. Selon cette étude de référence présentée à la réunion de l'ONU sur le climat à Dubaï, les émissions de CO2 produites par l'utilisation du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde pour se chauffer, s'éclairer ou rouler devraient en effet franchir un nouveau record en 2023.

« Les dirigeants réunis à la COP28 devront se mettre d'accord sur des réductions rapides des émissions de combustibles fossiles, même pour maintenir l'objectif de 2°C », souligne le climatologue britannique Pierre Friedlingstein, qui a supervisé l'étude impliquant 150 chercheurs du monde entier. Or, « les mesures visant à réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes », fustige le scientifique. « Le temps qui reste entre maintenant et le seuil de +1,5°C degré se réduit à toute vitesse, il faut agir maintenant, » a-t-il ajouté. L'an dernier, ces scientifiques estimaient que ce niveau critique de hausse de 1,5°C serait effectif dans neuf ans. 2024 se profile déjà comme une année noire pour le réchauffement climatique, avec la montée en puissance du phénomène climatique El Niño au-dessus du Pacifique qui risque de faire souffrir la végétation, dont l'humanité a besoin pour absorber une partie des émissions de carbone.

Sur la défensive, le président émirati de la COP28 « dit et redit que la réduction et la sortie des énergies fossiles » sont « inévitables »

Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, a réaffirmé lundi qu'il respectait les préconisations scientifiques sur le changement climatique et qu'il appelait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43% d'ici à 2030, répondant à ses détracteurs au 5e jour de la conférence. La veille, une petite phrase a été rapportée par le quotidien britannique The Guardian, issue d'un échange en ligne le 21 novembre avec Mary Robinson, présidente du groupe des Sages (de hauts responsables, militants pour la paix et défenseurs des droits humains). « Aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d'atteindre 1,5°C. 1,5°C est mon étoile du Nord. Et une réduction et une sortie des énergies fossiles sont, selon moi, inévitables. C'est essentiel. Mais il faut être sérieux et pragmatique », avait-il dit. Il a été interrogé lundi lors de sa conférence de presse sur cette phrase, semblant remettre en cause ce que le Giec et d'autres scientifiques disent concernant le nécessaire déclin des énergies fossiles, responsables de deux tiers des émissions actuelles. « La science dit qu'il faut atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et qu'il faut réduire les émissions de 43% d'ici 2030 » pour limiter le réchauffement à +1,5°C, but fixé par l'accord de Paris, a-t-il répondu, ajoutant : « J'ai dit et redit que la réduction et la sortie des énergies fossiles étaient inévitables. C'est la première présidence d'une COP à appeler activement les parties (pays de la COP) à proposer des formules sur l'ensemble des énergies fossiles », a martelé l'Emirati, se plaignant que les médias ne s'intéressent pas à ce fait.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 05/12/2023 à 16:49
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Parlons des manquo alors😎car il est assurément plus commode pour les gouvernements éborgnés (ai-je dit complices?) de regarder du côté des dépenses ciblées pour opérer des corrections (orthodoxie budgétaire) que du côté des recettes qu'ils laissent f...

à écrit le 05/12/2023 à 10:57
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en 2022 le cout d importation du pétrole et du gaz pour la France s élevait a 120 milliards d euros (26 pour l année 2021 ).je vous laisse a vos calculettes pour le reste

à écrit le 05/12/2023 à 9:10
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Si l'on en donnait moins à la "coalition bruxelloise", on pourrait peut être s'en sortir, non ?;-)

à écrit le 05/12/2023 à 8:46
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quel titre!!!!!!!!! il ne va rien manquer du tout, vu qul'essence c'est 70% de taxes, et que c'est pas encore le cas de l'electricite.......mais quand tout le monde aura une voiture electrique et se chauffera a l'electrique, evidemment que pour sauve...

à écrit le 05/12/2023 à 8:18
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Combien faudra-t-il d’années, que dis-je, de décennies, pour que l’état comprenne qu’il faut casser de la dépense?

à écrit le 05/12/2023 à 8:11
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"C'est pas la faute à nos dirigeants nuls ! "

à écrit le 05/12/2023 à 7:32
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On fait confiance à Bercy pour mettre en place une nouvelle taxe

le 05/12/2023 à 17:17
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Évidemment le kWh des bornes de recharge public ne manquera pas d'augmenter fortement une fois le parc de vehicules électrique assez important pour éviter tout retour en arrière. A terme le coût de 100km en véhicule électrique sera identique à l'act...

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