Le gouvernement veut libéraliser le marché du travail pour atteindre le plein-emploi et rebooster l’économie

Elisabeth Borne réunit ses ministres ce lundi soir pour un dîner avec au menu la formulation des axes de réforme pour atteindre le plein emploi d'ici la fin du quinquennat. Plusieurs pistes ont d'ores et déjà été lancées comme la réforme de la rupture conventionnelle, la réduction du délai de recours après un licenciement, la mise en place d'un grand plan sénior etc ... Les changements retenus pourraient être inscrits dans une grande loi Pacte 2. Explications
Fanny Guinochet
Elisabeth Borne a ainsi demandé à certains ministres de lui faire remonter des propositions.
Elisabeth Borne a ainsi demandé à certains ministres de lui faire remonter des propositions. (Crédits : Reuters)

Bruno Le Maire fait feu de tout bois. Ces dernières semaines, le ministre de l'Economie n'a pas caché l'offensive qui est la sienne de s'attaquer au marché du travail, et à l'Assurance chômage, beaucoup trop rigides à son goût. Si le locataire de Bercy cherche à se positionner sur ces sujets, c'est qu'il est convaincu qu'ils constituent les principales voies pour faire baisser le chômage dans l'Hexagone, alors que celui-ci commence à montrer des signes préoccupants avec une légère remontée ces derniers mois et que l'activité économique fait du surplace. Le plein emploi est la priorité affichée du gouvernement pour 2024. Elisabeth Borne a ainsi demandé à certains ministres de lui faire remonter des propositions. Elle les réunit ce lundi soir autour d'un dîner pour les examiner et en discuter. La pression est forte, l'ordre vient d'en haut : Emmanuel Macron veut retrouver l'esprit réformateur qui était le sien en 2017, lors de son arrivée à l'Elysée.

Aller plus loin que les ordonnances de 2018

« Après avoir protégé, il faut "libéraliser" ». A Matignon, l'entourage de la Première ministre ose lâcher le mot « libéraliser ». Et pour cause, après avoir dépensé des milliards d'euros pour préserver l'emploi des salariés pendant le Covid - chômage partiel, année blanche pour les intermittents, mesures de soutien au pouvoir d'achat, aux entreprises etc -, l'exécutif estime qu'il est temps d'assouplir le marché du travail. « Les ordonnances Macron de 2018 ont débloqué beaucoup de points, mais il faut aller un peu plus loin, sans quoi nous ne parviendrons pas à faire baisser le chômage », concède un conseiller ministériel.

Ainsi, dans le journal Le Parisien ce week-end, Bruno Le Maire a-t-il lancé l'idée de réduire le délai de recours dont dispose un salarié licencié pour contester la procédure. Délai qui avait déjà été ramené de 3 à 1 an par les ordonnances d'Emmanuel Macron, de 2018. Cette fois, le ministre de l'Economie entend le réduire à 2 mois à peine. Histoire de sécuriser un peu plus les employeurs - notamment les petits patrons - lorsqu'ils embauchent.

La suggestion fait bondir les syndicats, qui y voient une nouvelle attaque en règle contre les droits fondamentaux des travailleurs. Ainsi François Hommeril, numéro 1 de la CFE-CGC dénonce-t-il une mesure idéologique qui n'incitera pas à davantage embaucher.

« C'est se tromper complètement, car les prud'hommes ne sont plus le problème pour les patrons : depuis les ordonnances et la mise en place du barème d'indemnisation, c'est devenu extrêmement compliqué d'attaquer son ancien employeur devant les juridictions. » Le patronat n'est d'ailleurs pas spécialement demandeur de cette disposition.

Faciliter l'emploi des jeunes

Pour Elisabeth Borne, revoir le code du Travail est urgent tant le marché du travail a changé ces dernières années. Selon Matignon, les jeunes ne veulent plus de CDI et quand ils sont en poste, ils rechignent à démissionner, préférant demander à leur patron un départ arrangé de l'entreprise pour bénéficier d'indemnités chômage. D'où cette idée, dévoilée par la Tribune Dimanche, de revoir les modalités de la rupture conventionnelle. Mis en place en 2008, ce dispositif selon le gouvernement n'incite ni à chercher ni à reprendre un poste.

Dans ce même esprit, Bruno Le Maire suggère également de « s'attaquer en priorité aux centaines de milliers d'emplois non pourvus dans les secteurs en tension, comme les chaudronniers, les couvreurs, les soudeurs, les métiers de bouche, la restauration, l'hôtellerie...notamment en valorisant le compte personnel de formation d'un jeune qui s'engagerait dans l'un de ces secteurs. » Une façon de motiver les actifs à rejoindre les filières où l'on manque de bras.

Emploi des seniors en ligne de mire

Enfin, l'autre levier pour faire baisser le chômage dans l'Hexagone, est selon le gouvernement, de faire progresser l'emploi des salariés les plus expérimentés, notamment les 60 -64 ans. Aujourd'hui, à peine un tiers de cette tranche d'âge est encore en emploi, - soit un des niveaux les plus faibles d'Europe-.

Quand elle était ministre du Travail, Elisabeth Borne s'est souvent agacée de voir les entreprises pousser vers la porte de sortie les salariés proches de la retraite. L'objectif de Matignon est de remonter ce taux d'emploi à 65 % à la fin du quinquennat.

Et Bruno Le Maire, là encore, d'avancer des pistes : ainsi, la semaine dernière a-t-il proposé de réduire la durée d'indemnisation au chômage des séniors - pour l'aligner sur celle des autres actifs. Si cette suggestion a fait parler d'elle, le locataire de Bercy l'a un peu remaniée ensuite. Pour proposer un vaste plan de lutte contre le chômage des seniors, avec un aménagement des fins de carrière, dans lequel le salarié senior pourrait par exemple, travailler à 80 % - quatre cinquièmes- tout en étant payé 90% de son salaire et en cotisant à 100 % pour la retraite.

Reste à savoir qui prendrait en charge cette différence. « Ça s'étudie », plaide Bercy. La CFDT est favorable à cette réflexion autour des fins de carrière : elle en revendique même la paternité. Sur RTL, ce lundi, Marylise Léon, la numéro 1 du syndicat a ainsi ironisé : « C'est très bien que le ministre de l'Economie se souvienne d'une proposition faite par la CFDT il y a un an. »

Les réserves des syndicats

Plus globalement, les syndicats émettent de nombreuses réserves sur cet ensemble de suggestions. Et pour cause, ils s'apprêtent à ouvrir une négociation sur l'emploi des seniors, et estiment que l'exécutif marche sur leurs plates-bandes. Faut-il voir des ballons d'essai politiques ou une ébauche de loi déjà dans les tuyaux ? Tous sont prudents. Il faut dire qu'ils conservent un très mauvais souvenir des ordonnances de 2018, qui ont détricoté, à leurs yeux, le code du Travail.

Du côté du patronat, on craint que ces dispositions qui leur sont plutôt favorables sur le papier, ne donnent lieu à des contreparties comme un nouvel échelonnement des impôts de production, une mise à contribution des entreprises, via une hausse des impôts ou même des cotisations.

Si elles étaient retenues, ces mesures destinées à libéraliser le marché du travail pourraient prendre place dans la loi Pacte 2 sur laquelle Bruno Le Maire planche actuellement. Quoi qu'il en soit, conformément à la loi Larcher de 2008, le gouvernement, s'il modifie le code du travail, devra, cependant, consulter au préalable les partenaires sociaux.

Fanny Guinochet
Commentaires 34
à écrit le 05/12/2023 à 18:18
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Et les dindons à plumer se sont les gens qui ont du mal à boucler les fins de mois.. Suggère de supprimer certaines écoles comme Sciences Po ce serait autant de personnes sur le vrai marché du travail.

à écrit le 05/12/2023 à 17:24
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"l'offensive qui est la sienne" ; "l'esprit réformateur qui est le sien". On vous dérange pas trop avec ce style pompeux digne des plus médiocres discours politiques ? Son offensive; son esprit réformateur c'est trop simple à écrire ? Misère des réd...

à écrit le 05/12/2023 à 14:37
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Pour créer de l'emploi s'attaquer avec COURAGE à la bureaucratie et aux les surnormes. M. Le Maire est incapable de s'attaquer à ces deux plaies car un pur produit de la bureaucratie technocratique.La formation du tout état de l'ENA comme des innombr...

à écrit le 05/12/2023 à 12:52
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Comme si ce n'était déjà pas le cas !!!!! non, ils n'assument pas le turbo capitalisme qu'ils mettent en place ! Hôtpital hs, transport pareil, l'école pareil, la justice pareil, les services publics .... Il n'ont pas finit de détruire ce qui ...

à écrit le 05/12/2023 à 12:20
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La solution, la seule peut être est dans les mains des employeurs à qui il revient de proposer des emplois viables pour ceux qui les acceptent et qui ne soient pas soumis aux aides de l'état .

à écrit le 05/12/2023 à 11:32
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Automne 2022, le ministre Dussop fait radier des millions de chômeurs seniors sous des prétextes fallacieux... et aujourd'hui, il aimerait les récupérer ! Les remettre sur le marché du travail, alors que ses employés de Pôle emploi les a mis systém...

le 05/12/2023 à 16:44
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"la seule proposition reçue par ces gens-là fut de poser des rails de chemin de fer ! J'ai gardé la preuve en souvenir... Ah oui ! j'oubliais, je suis une femme et je pèse 56 kg tout habillée." C'est clair qu'ils déraillent.

à écrit le 05/12/2023 à 10:24
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"Plusieurs pistes ont d'ores et déjà été lancées comme la réforme de la rupture conventionnelle, la réduction du délai de recours après un licenciement, la mise en place d'un grand plan sénior etc ..." On peut rajouter les mesures d'Attal en ce mo...

à écrit le 05/12/2023 à 8:58
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Bref, on veut des chiffres par n'importe quel moyen pour tromper nos financiers ! ;-)

à écrit le 05/12/2023 à 8:53
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C est drôle on nous parle de libéralisme .. et pourtant on a un État omniprésent et du personnel politique comme Borne- Lemaire depultes- senateurs- conseillers bidule truc ..fonctionnarisé, des boites français qui se comportent Comme des conglomér...

le 05/12/2023 à 9:03
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En fait, en France, libéralisation est pratiquement synonyme de rente de situation, bien peu de libéraux exerçant des métiers manuels ou bien exposés à la concurrence internationale...

le 05/12/2023 à 13:47
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ils ne peuvent pas savoir ce que c'est, il suffit de voir le niveau d'anglais de lemaire pour avoir compris que si il comprenait quelque chose a l'économie, nous pourrions le constater ! il suit en aveugle la feuille de route de mac kinsey et blac...

à écrit le 05/12/2023 à 8:53
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C est drôle on nous parle de libéralisme .. et pourtant on a un État omniprésent et du personnel politique comme Borne- Lemaire depultes- senateurs- conseillers bidule truc ..fonctionnarisé, des boites français qui se comportent Comme des conglomér...

à écrit le 05/12/2023 à 8:47
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C est drôle on nous parle de libéralisme .. et pourtant on a un État omniprésent , des boites français qui se comportent Comme des conglomérats publiques qui ne prennent pas leurs responsabilités, à géométrie variable selon le vent …et qui viennent...

à écrit le 05/12/2023 à 8:39
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des pactes, des grenelles des bougies des hommages et des ceremonies....et sinon, plus personne ne veut creer de boites, plus personne ne veut reprendre les boites de ses parents, et plus personne ne veut venir s'installer en france, alors au lieu de...

le 05/12/2023 à 13:51
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quant un président et un gouvernement a montré pendant les derniers évènements, covid, guerre etc qu'il était capable de changer les règles en cours, qu'ils n'ont qu'un progiciel de gestion qui bosse pour eux et blackrock qui supervise, franchement ...

à écrit le 05/12/2023 à 8:15
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"Libéralisation du travail" d'un côté et travail gratuit obligatoire pour les salariés et gratuit pour le secteur privé. Le fameux "en même temps" "Si j'avance et que tu recules, comment veux tu comment veux tu que je t'... !"

le 05/12/2023 à 10:08
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Et après, le privé va pleurer d'une résurgence des grèves comme dans les années 70...

le 05/12/2023 à 11:12
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Alors ça je sais pas, j'entends beaucoup de gens autour de moi attendre un mouvement social d'ampleur, une révolte en sommes mais je ne vois pas comment elle serait en mesure d'arriver. La réflexion tue l'action et internet est en train de cultiver d...

à écrit le 05/12/2023 à 6:37
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Sans oublier un comité départemental de coordination et de réflexion sur l'évolution ( à la baisse) de l'emploi des séniors avec Pôle sans emploi, la Direccte, un représentant du département et M Le préfet. En résumé les "mesure-ttes" ne seront jamai...

le 06/12/2023 à 13:34
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Oui, les "mesures choc", c'est pour faire plaisir à la génération entrée dans la vie active pendant les 30 Glorieuses alors que le modèle de croissance depuis les années 70 a engendré de telles interdépendances entre public et privé que toute réforme...

à écrit le 05/12/2023 à 3:10
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Voyant l'obsession de BLM à vouloir réformer la rupture conventionnelle je suis bien content d'en avoir signé une à 53 ans puis bénéficié de 36 mois d'indemnisation chômage que j'ai consommée à raison de 200 jours/an avent de faire valoir mes droits ...

à écrit le 04/12/2023 à 23:20
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Le paradoxe du marché du travail en France, c'est que plus on le dérèglemente, plus la part des aides sociales dans la rémunération d'un salarié du privé augmente! En fait, il n'y a pas tant de mystère que ça, la dérèglementation revient de facto à s...

à écrit le 04/12/2023 à 22:33
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Nous pouvons constater le thatchérisme à la Française avec 40 années de retard. Un ultra libéralisme thatchérien donna une destruction des droits sociaux, une croyance éperdue dans la croissance infinie, un chômage qui a explosé, une masse de travai...

le 05/12/2023 à 4:48
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@mamie Je dois vous dire que comparer ce gouvernement à n'importe lequel des trois qu'a dirigé Margaret Thatcher est très, très insultant pour cette dernière (et oui, elle a été élue trois fois.... ). Elle était courageuse et n'a pas hésité à en...

à écrit le 04/12/2023 à 21:03
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Il faut pour cela créer un haut conseil de la stabilité de la liberation de la liberté avec une grande commission du travail perdu dans le marché ainsi que la grande autorité du contrôle de la liberté régule. Tout cela avec l'argent récupéré des seni...

à écrit le 04/12/2023 à 20:35
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Toutes les études sur l’emploi des seniors le confirment. La grande majorité des DRH ont la consigne de privilégier des profils jeunes et d’écarter d’emblée les candidatures de profils seniors. Quant au peu d’attractivité de certains métiers dans ce...

à écrit le 04/12/2023 à 20:30
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Augmentez les salaires quand vous trouvez pas des preneurs pour un job. La loi du marché.Detricoter l'emploi a vie dans les institutions de l'état. Monsieur BLM, avez vous conseillé a vos enfants de prendre un travail de chaudronnier ? Car il paraît ...

à écrit le 04/12/2023 à 19:50
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Est-ce que BLM a une expérience concrète de la recherche d'emploi, soit comme débutant, soit comme salarié senior licencié bien avant l'âge de la retraite ?

le 04/12/2023 à 22:58
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BLM était haut fonctionnaire et en a démissionné, mais pour devenir politicien à plein temps, ce qui est encore pire...

à écrit le 04/12/2023 à 19:48
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Bonjour, oui libéré la marché du travail... Déjà si les fonctionnaires pouvaient faire tous faire 35 heures... Se serait un bien importants pour notre pays... Pour le reste, l'exploitation des masses laborieuses vas bon train dans notre pays... P...

le 04/12/2023 à 23:02
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Après, il faudrait que les clients consentent à payer plus cher, mais j'en doute, M. Libéral préférant généralement les travailleurs soumis...

à écrit le 04/12/2023 à 19:29
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Tapez sur les plus fragiles est plus aisé que de concevoir et de fabriquer des produits innovants. Ce gouvernement n'a qu'une seule obsession, et son raisonnement est toujours aussi limité. Ce n'est pas parce que cela ne marche pas qu'll ne faut pa...

à écrit le 04/12/2023 à 19:29
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Tapez sur les plus fragiles est plus aisée que de concevoir et de fabriquer des produits innovants. Ce gouvernement n'a qu'une seule obsession, et son raisonnement est toujours aussi limité. Ce n'est pas parce que cela ne marche pas qu'l ne faut pa...

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