10.979 procédures de liquidation, redressement judiciaire ou sauvegarde ont été ouvertes devant les tribunaux de commerce de juillet à septembre : c'est à la fois un plus haut depuis 2018, et le premier ralentissement depuis janvier 2022,selon Altares
« Depuis début 2022, le nombre de défaillances bondissait en moyenne de 47% chaque trimestre: un taux aussi élevé sur une si longue période est inédit, mais rappelons qu'en 2021, les défauts étaient aussi au plus bas depuis 35 ans », observe Thierry Millon, le directeur d'Altares, qui a produit cette étude. L'analyste table également pour les prochains trimestres sur « des augmentations plus modérées ».
37.280 emplois sont menacés par ces défaillances
L'étude observe cependant une proportion de PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) défaillantes en augmentation constante : 8,2% du total au troisième trimestre, plus haut niveau depuis l'été 2010. Ces défaillances ont augmenté de 32% sur un an. Celles des très petites entreprises sont beaucoup plus nombreuses (92% du total), mais leur hausse est limitée à 22% sur un an. Au total, 37.280 emplois sont menacés par ces défaillances, un plus haut depuis le troisième trimestre 2016 : quelque 21.800 dans les PME et 15.500 dans les TPE. Les entreprises âgées de moins de 3 ans sont les plus vulnérables (+32% de défaillances sur un an), suivies par celles âgées de 5 à 10 ans (+31%). Les plus de 10 ans sont dans la moyenne (+22%). En revanche les jeunes entreprises de 3 à 5 ans « créées avant le Covid et qui ont su résister jusqu'alors, tiennent bon » selon l'étude, avec une hausse des défaillances sur un an limitée à 13% au troisième trimestre.
Les salons de coiffure, les agences immobilières et la restauration rapide à la peine
Parmi les secteurs en difficulté, la coiffure-instituts de beauté (+38%), avec autant de défauts de salons de coiffure sur les neuf premiers mois de 2023 que pendant toute l'année 2015, « elle-même la pire année pour le secteur ».
« Depuis le Covid, il y a un grand nombre d'établissements de coiffure qui se sont créés, mais peut-être qu'il y en a trop », avançait début août Christophe Doré, président de l'Union nationale des entreprises de coiffure (Unec), « ce n'est pas en multipliant les salons qu'on arrivera à mieux se partager le gâteau ». La France compte aujourd'hui plus de 100.000 établissements de coiffure, dont les deux-tiers sont des salons (les autres étant principalement des coiffeurs à domicile), contre 85.000 il y a cinq ans, d'après les données de l'Unec. La restauration rapide « signe un record historique » de défaillances (+28%). Celles des agences immobilières ont presque doublé (+98%, au plus haut depuis plus de 10 ans). Les défaillances sont quasiment stables ou en baisse dans l'hébergement (-13%), le commerce interentreprises (+4%) dont les matériaux de construction (-27%), et l'agriculture (-5%) dont -28% dans l'élevage.
Début octobre, la Banque de France signalait que les défaillances d'entreprises sur un an avaient rejoint en septembre leur niveau de 2019, avant la pandémie de Covid. Les très petites entreprises de moins de 10 salariés sont 2.520 à avoir fait faillite au cours des 12 derniers mois contre 1.527 en 2019 (+65%), tandis que celles comptant entre 10 et 49 salariés sont 1.180, contre 651 l'année avant la crise (+81,3%).
(Avec AFP)