
La remontée du nombre de défaillances d'entreprises en France se poursuit à grande vitesse. Selon les données de la Banque de France pour le mois de juillet, publiées ce jeudi, elles se rapprochent désormais toutes catégories confondues de leur niveau de 2019. La fin des protections et des aides se fait désormais pleinement ressentir et la situation économique difficile - une croissance de 0,1 % du PIB au deuxième trimestre et une prévision de 0,6 % sur l'année selon l'Insee et la chute de la consommation des ménages sur un an - ne facilite pas les choses.
Les chiffres de la Banque de France, qui cumulent les 12 mois glissants, font état de 49.863 défaillances d'entreprises à fin juillet contre 51.145 à la même période en 2019. Si le total est donc encore inférieur au niveau d'avant crise (-2,5 %), la remontée est brutale comparée à l'an dernier : c'est 42,5 % de plus qu'en juillet 2022, où seules 34.983 entreprises avaient fait faillite au cours des douze derniers mois.
Fort rattrapage
L'institution mentionne ainsi « un mouvement de rattrapage qui concerne tous les secteurs de l'économie ». Elle explique ainsi que « les défaillances ont, en effet, fortement reculé à compter du début de la crise sanitaire, à la suite de la modification temporaire des dates de caractérisation et de déclaration de l'état de cessation de paiements, puis des mesures publiques de soutien en trésorerie permettant d'éviter cet état de cessation des paiements ». Pendant la crise, ces mesures s'étaient traduites par un nombre limité de 38.000 faillites à fin juillet 2020 et un plus bas historique de 28.000 défaillances à fin juillet 2021. Depuis le début de l'année 2022, ce nombre ne fait que remonter, avec une vitesse croissante.
La situation ne semble pas alarmante pour autant. Le niveau de défaillance en 2019 était déjà relativement bas. Comme le précise la Banque de France, « ce nombre de défaillances sur un an reste bien inférieur au niveau moyen enregistré sur la période 2010-2019, avant la pandémie de Covid-19 », qui avoisinait alors les 60.000 faillites annuelles.
Le secteur primaire s'en sort mieux que le tertiaire
Dans le détail, il existe tout de même des disparités. Tout d'abord entre secteurs : la catégorie « Agriculture, sylviculture et pêche » résiste le mieux, avec une hausse contenue par rapport à l'an dernier (+7 %) et un niveau toujours inférieur de 15 % à celui de juillet 2019 (toujours sur 12 mois glissants). A l'autre bout du spectre, les défaillances dans les activités « Information et communication » ont augmenté de 46 % sur un an et sont supérieures de 19 % par rapport à avant la crise.
Enfin « Hébergement et restauration » connaît le phénomène de rattrapage le plus important : si le nombre de défaillance est légèrement supérieur à celui de juillet 2019 - moins de 2 % - il a explosé par rapport à l'an dernier (+70 %). C'est aussi le cas pour l'industrie (+53 %), alors même que le gouvernement a fait de la réindustrialisation de la France une priorité comme le rappelle l'AFP.
Géants aux pieds d'argile
De même, les entreprises n'ont pas été touchées de la même façon selon leur taille. Si les microentreprises et entreprises de taille indéterminée, qui constituent l'essentiel du tissu économique français, ont logiquement représenté plus de 9 faillites sur 10, ce sont elles qui s'en sortent comparativement le mieux. Le nombre de faillites est toujours inférieur de 6 % à leur niveau d'avant la pandémie et la remontée sur un an a été limitée à 40 %.
La situation est moins brillante pour les entreprises de taille plus importante. Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE et PME) ont connu une recrudescence de leur nombre de faillites compris entre 75 et 95 % par rapport à juillet 2022 (toujours sur 12 mois glissants) et ont largement dépassé leur niveau de 2019 avec des hausses situées entre 53 et 76 %. Ce sont elles qui pèsent le plus lourd en termes d'encours de crédit (montant total des crédits encore à rembourser).
Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes ne représentent qu'une cinquantaine de faillites sur les 12 derniers mois, mais au vu du nombre total d'entreprises dans ces catégories, ce sont elles qui souffrent le plus. Elles ont cru de près de 150 % par rapport à la même période l'an dernier et ont plus que doublé par rapport à leur niveau d'avant-crise.