Le télétravail, porte ouverte aux délocalisations des métiers qualifiés

Les entreprises s'inquiètent du 100% télétravail. L'ANDRH, l'association nationale des DRH pointe notamment le risque de voir plusieurs milliers d'emplois quitter la France dans les mois à venir. Les postes concernés sont les comptables, les ingénieurs, les fonctions support, les développeurs web, les data scientists, les designeurs, les gestionnaires de paie, des RH ...Autre point relevé par l'association, l'obligation de prendre en charge 50% des frais de transport du salarié entre le domicile du salarié et son lieu de travail fait grimper les coûts des entreprises.
(Crédits : Reuters)

Après la vague des délocalisations des emplois industriels, place aux délocalisations des métiers de service ? Si la tendance existe déjà, le Covid pourrait bien l'accélérer. C'est l'avertissement lancé par les DRH de l'ANDRH. « Si les emplois sont désormais 100% télétravaillables, pourquoi ne pas les domicilier dans des pays où les coûts sociaux sont moindres ? », interroge Benoit Serre, le vice-président national délégué de l'association. En effet, les entreprises peuvent être tentées de recourir à des compétences  moins onéreuses à l'étranger. En Asie, Afrique ou moins loin de nous en Europe de l'Est. Certains groupes automobiles ou bancaires, sans le dire, se sont d'ailleurs lancés dans les premiers chiffrages.

Les cols blancs, les grands perdants

Les cols blancs de l'Hexagone seraient alors les grands perdants de la crise Covid : leurs tâches et missions seraient transférées à des milliers de kilomètres de leur lieu d'implantation. Les postes concernés sont les comptables, les ingénieurs, les fonctions support, les développeurs web, les data scientists, les designeurs, les gestionnaires de paie, des RH ... De nombreux métiers - et donc des milliers d'emplois- pourraient ainsi disparaître de l'Hexagone d'ici à quelques mois.

« Jusqu'alors ces travailleurs qualifiés ont plutôt été protégés par les effets de la mondialisation. Ils en ont même plutôt profité à plein, confie un cadre du Syntec, la fédération patronale... ils pourraient bientôt prendre un retour de boomerang !  »

Alors que pendant la crise, ils ont également été plutôt épargnés, au regard d'autres professions de première et seconde ligne obligées de se rendre sur les sites, voilà qu'ils seraient moins bien lotis. D'autant plus que pendant cette crise,  les entreprises se sont dotées d'outils collaboratifs qui permettent la gestion des équipes à distance. Sans compter, les barrières psychologiques qui sont tombées.

« Avant le Covid, en France, le présentiel était la norme. Les  patrons et managers étaient réticents au télétravail. Aujourd'hui, beaucoup l'ont adopté », note l'Andrh.

Attention, donc, selon l'association à ne pas trop militer pour le télétravail à 100 % . Car si à court terme, les cadres y voient leur bonheur, à moyen et long terme, il y a le risque du chômage de masse. Et selon Benoît Serre de l'ANDRH, « il faut garder en tête l'exemple des call-center qui ont été massivement délocalisés dans les années 2000.

Des managers démunis

 En attendant, les DRH sont occupés à gérer le retour sur les sites des cadres après des mois de confinement. Et faire revenir les salariés au bureau n'est pas une mince affaire. Selon une enquête menée par l'association, dévoilée ce mardi 19 octobre, 51% des répondants sont couverts par un accord de télétravail, mais 15 % estiment rencontrer des difficultés, et notamment une opposition des salariés pour la mise en œuvre.

Les raisons ? Les salariés veulent plus de jours de télétravail que ne le prévoit l'accord, et les DRH constatent des refus manifestes de revenir au bureau, de reprendre une vie de travail collective. Face à ces comportements, les managers sont souvent démunis. Surtout que le code du travail joue parfois contre eux.

En effet, si les entreprises peuvent imposer à un salarié son lieu de travail, elles ne peuvent pas décider de son lieu de résidence. Or, après les confinements, les DRH sont nombreux à être confrontés à des salariés qui ont déménagé, qui se sont éloignés parfois à des centaines de kilomètres.

Obligation de prendre à charge la moitié des frais de transport

Que faire quand un cadre qui travaille à Paris annonce qu'il vit désormais dans le sud ? « Il en a parfaitement le droit. Si son entreprise dispose d'un accord de télétravail comprenant par exemple deux jours de télétravail hebdomadaires, il peut faire les allers -retour », assure Benoît Serre.

Seul hic pour l'entreprise : si le salarié se déplace en transports collectifs entre son domicile et son lieu de travail - bus, métro, mais aussi train et avion-, l'employeur est tenu de prendre en charge jusqu'à 50 % des frais de transports.

Des budgets qui peuvent vite être conséquents et que les entreprises commencent à évaluer dans leurs comptes. Dans une période de pénurie de talents, difficile de mettre trop la pression à ces salariés que l'on ne souhaite pas perdre.... C'est sans compter, enfin, aussi sur le respect de la santé au travail. Un salarié qui fait de longs trajets est plus fatigué, et s'expose à un risque de burn-out plus important, jugent les professionnels des ressources humaines. Et de rappeler qu'ils sont responsables du bien-être de leurs équipes.

Pas de doute, le télétravail n'a pas que des avantages.

Commentaires 20
à écrit le 20/10/2021 à 23:11
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C est gros comme une ficelle en finance on appelle cela vagialibilset les charges fixes en clair se traiter ou externalisée les salariés .. faut faire comme aux usa : name and shame Nommer et boycotter les entreprises qui le font …

à écrit le 20/10/2021 à 9:00
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La delocalisation existait deja avant le teletravail pour nombre de fonctions cites ici (pensez les ingenieurs en roumanie ou en inde). Donc rien de neuf. Si ca n avait pas ete poussé plus avant c est pas tant a cause du presentiel que des problemes ...

à écrit le 20/10/2021 à 8:36
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Ce genre de délocalisation existe déjà dans des petits comme des grands groupes le télétravail n'y changera rien. Il y a beaucoup trop d'autres critères qui rentre en jeu, la communication, les problématiques de fuseau horaire, le niveau de compétenc...

à écrit le 20/10/2021 à 6:20
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he oui, ca sera plus facile de bouger des metiers avec cerveaux que des metiers ou il faut etre a cote d'une machine a 1 million d'euros .........quelle clairevoyance!

à écrit le 20/10/2021 à 2:19
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100% des ingénieurs et des cadres de France au travail ne couvriraient pas les besoins du marché français.

à écrit le 19/10/2021 à 20:45
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Curieusement pas d'article sur les grosses boîtes françaises qui veulent faire retourner sur site des talents qui n'en ont pas envie et qui porte bosser à l'étranger de chez eux... Bizarre, toutes ces salves anti tzletravaillent me semblent bien pil...

à écrit le 19/10/2021 à 19:42
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L'argument du télétravail est fallacieux, si la logique est purement financière les fonctions citées pouvaient être délocalisées bien avant l'avènement du télé-travail. Concernant la comptabilité ca existe déjà depuis des années. Les fonctions "ba...

à écrit le 19/10/2021 à 19:28
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Bizarre cet article, tout le monde dit que le télétravail a 100 % n'est pas souhaitable, il est d'ailleurs très rare. En plus, les métiers de col blanc depuis plus de vingt ans vont vers plus de qualification, les aides comptables ont disparu et les ...

à écrit le 19/10/2021 à 18:41
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Dans Terre des Hommes, Antoine de St Exupéry écrivait « la grandeur d’un métier est avant tout d’unir les hommes, et il n’est qu’un luxe dans la vie c’est la relation humaine ». Les natifs qui se réjouissent aujourd’hui du télétravail devrait réfléc...

à écrit le 19/10/2021 à 18:40
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Normal. Quitte à ce que le salarié soit 100% en télétravail, autant qu'il soit localisé en Pologne ou Hongrie. Les charges et ses besoins financiers sont moindres, cela permet d'améliorer le taux de rentabilité de la boîte. C'est gagnant gagnant!!!

le 19/10/2021 à 20:09
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Chez DHL = service informatique en Inde et service paie en Slovaquie, et c est pas fini !

à écrit le 19/10/2021 à 17:53
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Si les cadres sont menacés par la délocalisation de leur travail comme les ouvriers et employés l'ont été depuis les années 80, ça créera peut-être de la solidarité entre eux dans ce monde de brutes parce que jusqu'à présent, c'est le mépris social d...

à écrit le 19/10/2021 à 17:45
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Cet article est faux, totalement faux. La porte était déjà grande ouverte sur la délocalisation, bien avant le télétravail. Nous avons encore là une rédaction qui a son parti pris sur le télétravail sans comprendre ce que c'est, et qui confond tél...

le 19/10/2021 à 19:21
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Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? Vous voulez nous faire croire que les personnels employés depuis l'INDE ou le MAGHREB pour des démarchages téléphoniques et autres, actuellement et ce depuis bien vingt ans, ont tous un visa pour travailler en F...

à écrit le 19/10/2021 à 17:14
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"dans des pays où les coûts sociaux sont moindres" : Tout est là. Les adeptes du "tout social", qui sont tellement heureux de recevoir des aides sociales, qui défendent constamment leurs chers "acquis sociaux", vont bientôt se rendre compte que cette...

le 19/10/2021 à 17:25
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Vous voulez que l'on supprime l'assurance maladie, les allocations de chômage, les cotisations retraites et que chacun se débrouille ?

à écrit le 19/10/2021 à 17:02
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"Les cols blancs de l'Hexagone seraient alors les grands perdants de la crise Covid" Bref, chacun son tour.

à écrit le 19/10/2021 à 16:19
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Merci pour cet article je commençais à me poser la question de cette obsession au télétravail ya un truc qui clochait avec tout ces petits chefs qui veulent tellement avoir leurs victimes salariées sous la main ces petits chefs n'étant parvenus là qu...

à écrit le 19/10/2021 à 16:16
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Oubliez ces DRH un peu jésuites sur les bords, et qui aiment bien jouer les consternés, et voyez le bon côté des choses : avec le télétravail, a) plus de productivité, puisque les salariés ne sont plus dans des bureaux paysagers bruyants où on ne peu...

le 19/10/2021 à 16:46
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Les couts, en transférant la masse salariale en charges de fonctionnement et en les diminuant au passage, les dirigeants valorisent l'entreprise. Et n'est ce pas ce que demandent les actionnaires ? Tout est dirigé par les couts.

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