La fin de l'année 2021 pourrait être plus compliquée que prévu. Alors que le gouvernement planche sur le budget 2022 qui doit être présenté à la rentrée, la propagation du variant Delta met à mal les perspectives économiques de la France. La progression du virus dans les chaînes de contamination et la montée des taux d'incidence dans certaines régions françaises pourraient chambouler les plans de l'exécutif. En effet, une étude britannique récente a montré que l'efficacité du vaccin Pfizer pour lutter contre les infections liées au variant Delta durait moins longtemps que celle du vaccin Oxford/AstraZeneca. Plusieurs pays dont la France envisagent une campagne de rappel pour une troisième dose. En outre, la réticence de certains citoyens à se faire vacciner devrait contribuer à la circulation de ce variant.
Malgré ces nouvelles menaces, le gouvernement se veut optimiste. Lors d'un déplacement dans les Pyrénées-Atlantiques ce jeudi 19 août, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a même révisé à la hausse ses objectifs. "Je confirme notre objectif, c'est 6% de croissance pour 2021. Nous pourrions réussir si on conserve ces chiffres de croissance à retrouver le niveau d'activité d'avant-crise, c'est-à-dire celui de 2019 à fin 2021 et non pas début 2022 comme c'était prévu. Cela serait un exploit économique que nous devons aux entreprises françaises et aux salariés français" a-t-il déclaré.
Un nouveau plan d'investissement à la rentrée
De plus, lors de sa visite dans l'entreprise Akira située à Bayonne, Bruno Le Maire a annoncé qu'Emmanuel Macron doit annoncer à la rentrée un nouveau plan d'investissement. Déjà dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, cette nouvelle enveloppe dont le montant n'a pas été précisé doit permettre de créer "de nouvelles chaînes de valeur en France avec des emplois, des usines et des entreprises dans les territoires. L'économie française dans son secteur industriel repose sur l'aéronautique, le luxe, l'agroalimentaire. Ces secteurs d'excellence sont les mêmes depuis 20 ans. Il est temps d'ouvrir de nouvelles chaînes de valeur et d'investir dans de nouveaux domaines", a déclaré le ministre. Ce plan d'investissement doit viser principalement l'hydrogène, les batteries électriques, l'énergie verte. A quelques mois de la campagne présidentielle, ces annonces devraient permettre à Emmanuel Macron de redorer son image après une gestion de la crise sanitaire parfois jugée "catastrophique".
La moitié du plan de relance décaissé
Annoncé à l'été 2020 par le Premier ministre Jean Castex, le plan de relance de 100 milliards d'euros "doit permettre d'accélérer la reprise économique dans notre pays" a expliqué le ministre des Finances. D'après Bruno Le Maire, "la France est à la moitié du décaissement du plan. 100 milliards d'euros ont été votés avec des objectifs environnementaux et industriels très forts. Nous avons également des objectifs sociaux importants pour soutenir l'emploi des jeunes. Le chômage est revenu à 8%, c'est à dire son niveau d'avant-crise au cours de l'année 2021." Au delà de ces éléments de langage, l'évolution de la situation sanitaire est pour l'instant restée "la boussole" de la conjoncture économique. Les différentes vagues épidémiques après l'été 2020 ont obligé les autorités à remettre en place des mesures de confinement certes moins strictes que lors du printemps mais elles ont tout de même bouleversé le décaissement du plan de relance et l'agenda des réformes de l'exécutif.
Pass sanitaire : une réunion cruciale le 30 août
D'autre part, la mise en place du pass sanitaire et son extension aux grands centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés dans les zones les plus tendues sur le plan sanitaire ont ravivé les craintes d'une baisse de la clientèle et d'une hausse des coûts pour les secteurs en première ligne. A cela s'ajoute la crainte de la fin des aides dans les semaines à venir. Pour tenter d'apaiser les fédérations professionnelles, le ministre de l'Economie doit réunir le 30 août prochain à Bercy les principaux secteurs concernés par le pass sanitaire.
"Nous allons regarder de manière très précise les niveaux de chiffre d'affaires enregistrés par les restaurants, les bars, les hôtels, les parcs. Si nous nous apercevons que dans certains secteurs, il y a eu à cause de l'application du pass sanitaire des pertes de chiffre d'affaires. Nous soutiendrons ces secteurs. Aujourd'hui, le fonds de solidarité est maintenu" a-t-il assuré.