Les classes moyennes, grandes perdantes des mesures du gouvernement en 2022

Le niveau de vie des Français a augmenté de 190 euros en moyenne en 2022 malgré l'inflation. Les mesures socio-fiscales mises en oeuvre par l'exécutif ont permis d'amortir une partie du choc lié à l'inflation, selon l'Insee. Mais derrière cette moyenne, des disparités criantes apparaissent. Les classes moyennes ont ainsi bénéficié d'une hausse du niveau de vie (+70 euros) bien inférieures à celle des plus aisés (+280 euros) ou des plus modestes (360 euros).
Grégoire Normand
L'inflation des produits alimentaires demeure à des niveaux biens élevés.
L'inflation des produits alimentaires demeure à des niveaux biens élevés. (Crédits : Reuters)

Après avoir frôlé des sommets en 2022, l'inflation a ralenti tout au long de l'année 2023. En octobre dernier, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 4% contre 6,2% un an plus tôt. L'inflation resterait à un niveau élevé jusqu'à la fin de l'année 2023 et commencerait à se dégonfler en 2024. Face à cette explosion des prix, le gouvernement a multiplié les mesures pour amortir le choc sur le porte-monnaie des ménages.

Entre les chèques énergie, les indemnités carburant, la prime exceptionnelle de rentrée, la suppression de la taxe d'habitation, les Français ont bénéficié de mesures à la fois exceptionnelles et pérennes.

Au total, tous ces dispositifs ont permis un bond du revenu disponible des ménages français de 8,4 milliards d'euros, selon l'ouvrage de référence Portrait social de la France dévoilé par l'Insee ce jeudi 23 novembre. Sur ce total, 4,6 milliards d'euros correspondent à des mesures exceptionnelles et 3,7 milliards d'euros à des mesures pérennes. Résultat, le niveau de vie des Français a augmenté de 190 euros, soit +0,7% en 2022. Mais derrière cette moyenne, il existe des disparités spectaculaires. « Les gains de niveau de vie sont plus importants pour les premiers niveaux de vie. Ils diminuent ensuite jusqu'au sixième décile. Ils réaugmentent ensuite dans le haut de la distribution », a déclaré Sylvie Le Minez, cheffe de l'Unité des études démographiques et sociales lors d'un point presse.

Classes moyennes

Niveau de vie : les classes moyennes en première ligne face à l'inflation

Le premier résultat frappant de l'étude menée par l'institut de statistiques est que les classes moyennes ont bénéficié d'une hausse du niveau de vie (+70 euros) bien inférieure à celle des plus aisés (+280 euros) ou des plus modestes (360 euros). Dans le détail, ce sont principalement les mesures exceptionnelles comme le chèque énergie, les revalorisations anticipées des prestations sociales et la prime de rentrée, ou la revalorisation de l'allocation de soutien familial qui ont bénéficié aux ménages du bas de la distribution.

A l'opposé, le dégrèvement de la taxe d'habitation a principalement bénéficié aux ménages du sommet de la pyramide. La décision du gouvernement de mettre fin progressivement à ce prélèvement pour les 20% des ménages les plus aisés avait été largement critiquée par les collectivités. Au final, l'effet total des mesures exceptionnelles et pérennes a surtout profité aux deux extrémités de la population française.

L'inflation a entraîné 1.320 euros de dépenses supplémentaires

L'autre résultat marquant de la publication phare de l'Insee est que l'explosion des prix a provoqué une hausse des dépenses supplémentaires de 1.320 euros en moyenne par personne sur l'année. Cette hausse importante n'a cependant pas frappé les ménages de la même manière. « Rapportées au niveau de vie, ces augmentations pèsent davantage chez les plus modestes que chez les plus aisés. L'ampleur du choc est plus de deux fois plus grande pour les 10 % les plus modestes que pour les 10 % les plus aisés », soulignent les statisticiens dans leur ouvrage.

Le relèvement des niveaux de vie a certes permis de compenser une vaste partie de cette hausse en moyenne. Mais les plus modestes ont malgré tout subi un choc d'inflation plus marqué que les autres catégories. Chez les plus aisés, la hausse du niveau de vie a même surcompensé (+110) les dépenses supplémentaires liées à l'inflation. Les économistes expliquent cette surcompensation par une hausse des revenus du patrimoine particulièrement élevée.

A l'opposé, certaines mesures d'amortissement (revalorisation des allocations d'assurance-chômage, +2,9% ; de l'indice des fonctionnaires, + 3,5% ; primes) ont augmenté moins vite que l'inflation ou n'ont pas permis de compenser l'envolée des prix. Pour 2023 et 2024, l'indice des prix devrait marquer le pas dans l'Hexagone. Mais la fermeture du robinet des aides pourrait mettre en difficulté de nombreux ménages.

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(*) Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC).Les unités de consommation sont calculées selon l'échelle d'équivalence dite de l'OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 23/11/2023 à 19:00
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Quelle photo ! Les photographes de chez Reuters voient plus loin.

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