Lutte contre le blanchiment : la France fourbit ses armes pour accueillir le siège de l'autorité européenne

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire va défendre au Parlement européen la candidature de Paris pour accueillir le siège de l'autorité de lutte contre le blanchiment de capitaux. En face, huit villes sont également en lice pour obtenir cette future institution. La décision est attendue avant les élections européennes.
Grégoire Normand
La région Ile-de-France a défendu deux sites près de la Défense pour accueillir le siège de la nouvelle autorité.
La région Ile-de-France a défendu deux sites près de la Défense pour accueillir le siège de la nouvelle autorité. (Crédits : Reuters)

Le calendrier pour accueillir le nouveau siège du gendarme européen de la lutte contre l'argent sale s'accélère. Convié par le Parlement européen ce mardi 30 janvier, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire doit défendre la candidature de Paris. « La France considère que le siège de l'autorité doit être situé dans un pays où les dispositifs de lutte contre le blanchiment font partie des meilleurs standards mondiaux », a argué l'entourage du ministre lors d'une réunion avec les journalistes.

Dans la délégation tricolore, sont également présents, le nouveau patron du Trésor Bertrand Dumont, l'ancien président de l'autorité des marchés financiers (AMF) Robert Ophèle, le directeur de Tracfin Guillaume Valette-Valla, et la vice-présidente de la région Ile-de-France en charge de l'attractivité  Alexandra Dublanche.

Ce grand oral a lieu trois mois après la présentation officielle de la candidature à Bercy. À l'époque, Bruno Le Maire et l'ancienne secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Laurence Boone, avaient mis les bouchées doubles pour recevoir les diplomates européens et représentants des institutions bruxelloises au ministère des Finances.

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Environ 300 postes attendus

L'implantation de cette nouvelle autorité permettrait la création d'environ 300 postes au total. Pour défendre sa position, la délégation emmenée par Bruno Le Maire va rappeler que La France « n'est pas richement dotée en institutions européennes contrairement à d'autres capitales européennes ». Au total, l'Hexagone compte seulement 1.300 emplois rattachés directement à l'Europe. Outre-Rhin, plus de 5.500 postes sont recensés en prenant en compte le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort. Et en Italie, les institutions européennes font travailler 2.200 personnes.

Pour appuyer leur candidature, l'équipe tricolore va également rappeler que « la France est capable de renforcer les synergies avec d'autres institutions dont le siège est à Paris ». C'est par exemple le cas de l'autorité européenne bancaire, du GAFI (groupe d'action financière contre le blanchiment de capitaux), de l'OCDE, ou encore de l'autorité européenne des marchés financiers (ESMA).

Neuf villes dans la bataille européenne

Sur le Vieux continent la concurrence promet d'être féroce. Au total, neuf pays ont candidaté pour accueillir le siège de la nouvelle autorité. Parmi les candidatures marquantes, figurent Francfort, Madrid, Rome ou encore La Haye. Après le Brexit voté en 2016, les capitales avaient déjà engagé une bataille féroce pour obtenir le siège de l'autorité bancaire européenne chargé de surveiller les acteurs du secteur. En 2019, Paris avait remporté la mise face à de sérieux concurrents.

Pour l'instant, trois sites sont privilégiés par la région Ile-de-France selon des informations obtenues par La Tribune. Deux se trouvent au cœur du premier quartier d'affaires européen de La Défense, tandis que le troisième se trouve à Paris intra-muros dans le nouveau quartier des Messageries, à proximité de la Gare de Lyon, dans le XIIe arrondissement.

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Flou sur le calendrier

S'agissant du calendrier, Bercy n'a pas pu apporter beaucoup de précisions. Les représentants des institutions européennes espèrent trancher la question avant les élections européennes prévues en juin prochain.

Selon plusieurs sources, la décision pourrait intervenir entre la mi-février et la fin de la session parlementaire à Strasbourg prévue le 25 avril. Une fois la décision dévoilée, il faudra encore s'accorder sur le nom de la nouvelle présidence de l'autorité. Ce qui devrait sans aucun doute prendre encore du temps.

Un rôle de vigie et de coordination

Cette autorité aura un rôle de vigie sur le Vieux continent. Le superviseur aura pour mission de surveiller les 40 entités les plus à risque. Dans le viseur, figurent les établissements de crédits et institutions financières y compris des fournisseurs de services de crypto-actifs. Les activités financières suspectes pèsent environ 1% du produit intérieur brut de l'UE, soit quelque 130 milliards d'euros, selon l'agence européenne de police Europol. « Ce n'est pas forcément les plus grands établissements », rappelle Bercy. Il s'agit de « savoir identifier les clients, savoir informer les services de renseignement de tout risque de blanchiment », ajoute-t-on. A ces attributions s'ajoute un rôle de coordination entre tous les superviseurs nationaux.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 31/01/2024 à 11:43
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On peut faire confiance à la France pour la chasse aux fraudeurs. Où en est l'affaire Fillon?

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