Malgré l'arrivée de la quatrième vague, le gouvernement table sur une croissance de 6%

Le gouvernement a finalement révisé à la hausse sa prévision de croissance du PIB pour 2021 à 6% contre 5% auparavant. Un pari risqué à un moment où les indicateurs sanitaires s'affolent.
Grégoire Normand
Le déficit public sera finalement inférieur à 9% du PIB cette année grâce à la meilleure croissance économique attendue, a indiqué jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a aussi annoncé une hausse de 10,8 milliards d'euros de la dépense des ministères l'an prochain.
Le déficit public sera finalement inférieur à 9% du PIB cette année grâce à la meilleure croissance économique attendue, a indiqué jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a aussi annoncé une hausse de 10,8 milliards d'euros de la dépense des ministères l'an prochain. (Crédits : Reuters)

L'économie française traverse une nouvelle période troublée. Alors que le variant Delta  a accéléré dans les chaînes de contamination ces dernières semaines, le gouvernement prévoit désormais une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 6% en 2021 contre 5% auparavant. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a lui même confirmé cette projection lors du débat d'orientation sur les finances publiques à l'Assemblée nationale jeudi 15 juillet après l'allocution du Président de la République aux Français le 12 juillet au soir.

"Cette prévision est proche de celle de l'Insee, de la Commission européenne, de la Banque de France. Elle nous donne une croissance parmi les plus fortes de toutes les nations européennes" a déclaré le ministre dans l'enceinte du palais Bourbon.

Cette révision à la hausse dépend toutefois de l'évolution de la situation sanitaire et des avancées dans la vaccination. "La vaccination, c'est la croissance. La vaccination, c'est l'emploi " a-t-il répété. Au lendemain de l'adresse du chef de l'Etat, beaucoup d'entreprises ont retenu leur souffle. En effet, la mise en œuvre de la vaccination et surtout le contrôle des pass sanitaires dans certains secteurs comme la restauration risque de virer au casse-tête. Certains patrons ont même exprimé leurs craintes à l'égard de leurs clients au moment du contrôle. A l'inverse, la réussite du pass sanitaire pourrait éviter un nouveau confinement à l'automne ou des mesures d'endiguement moins sévères pour un grand nombre de secteurs.

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Un plan d'investissements présenté à la rentrée sur la décarbonation de l'économie

Alors que la taille du plan de relance de 100 milliards a pendant un temps été débattu au regard des gigantesques sommes annoncées par l'administration Biden, aux Etats-Unis, le gouvernement semble avoir renoncé à amplifier les sommes engagées dans cette enveloppe. En revanche, l'exécutif prépare actuellement un plan d'investissements comme annoncé par le chef de l'Etat lundi dernier.

Sans rentrer dans tous les détails, Bruno Le Maire a esquissé quelques lignes directrices et avancé certains critères lors de son discours à l'Assemblée nationale. Après avoir essuyé des critiques sur le plan de relance exprimées par certains économistes, Bruno Le Maire a dit vouloir éviter l'écueil du "saupoudrage et de l'éparpillement".

"Nous devons concentrer nos efforts sur un certain nombre de secteurs ciblés en fonction de nos forces industrielles existantes, de nos qualifications et du dynamisme du marché. Le numérique et les semi-conducteurs que j'ai cité, l'hydrogène, la décarbonation de notre industrie et évidemment aussi le nucléaire qui fait partie des atouts comparatifs de la France, qui nous permet de décarboner rapidement notre économie, qui nous donne accès à l'électricité décarbonée à un coût acceptable, le nucléaire doit aussi faire partie de ces investissements du futur" a expliqué le ministre.

Il a poursuivi en indiquant qu'il fallait mettre l'accent sur la coordination avec nos voisins et particulièrement l'Allemagne. Sur ce point, la dispersion des pays européens sur le plan économique pourrait mettre à mal à la reprise déjà retardée par les débuts laborieux de la campagne de vaccination en janvier dernier et les âpres négociations pour mettre au point le plan de relance de 750 milliards d'euros qui doit entrer en fonctionnement à la fin du mois.

Enfin, le gouvernement veut mettre le cap sur la formation dans des secteurs d'avenir liés à la transition écologique et le numérique. Le basculement vers une économie décarbonée va mécaniquement entraîner de la casse sociale dans les secteurs les plus polluants. A cela s'ajoute les milliers de postes détruits depuis le début de la pandémie.

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Des recettes supplémentaires pour le budget 2022, priorité aux missions régaliennes

Cette révision favorable du chiffre de la croissance en 2021 devrait venir gonfler les recettes fiscales de l'Etat. Sans avancer de chiffres précis, Bruno Le Maire a refusé de parler de "cagnotte". En revanche, il a indiqué que 10,8 milliards de dépenses nouvelles pour l'Etat étaient prévues. Les principaux bénéficiaires de ces subsides devraient être les missions régaliennes : les armées, la justice, la police et également l'éducation. Au total, les dépenses de l'Etat devraient passer de 287,8 milliards d'euros en 2021 en loi de finances initiale (LFI 2021) à 298,6 milliards en 2022. Evidemment, ce niveau va dépendre de l'évolution de l'épidémie et des mesures de soutien. En 2020, le gouvernement a dû mettre en place quatre budgets rectificatifs pour amortir le choc de la pandémie. Et en juin dernier, le premier budget rectificatif de l'année 2021 a connu une hausse des mesures d'urgence de l'ordre de 15,5 milliards d'euros.

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Le budget de la défense et celui de l'éducation seront ainsi tous les deux en hausse de 1,7 milliard d'euros l'an prochain, pour financer notamment les revalorisations salariales des enseignants, selon le document budgétaire détaillant les plafonds de dépenses des ministères dévoilés ce jeudi. Le budget de la recherche et de l'enseignement supérieur augmentera lui de 900 millions d'euros, et celui consacré aux missions de sécurité progressera de 800 millions d'euros. Celui de la justice augmentera lui de 700 millions d'euros. A l'inverse, la plupart des autres ministères verront leur budget se stabiliser l'an prochain. Face aux craintes d'une baisse trop rapide des aides durant l'été, le ministre de l'Economie a prévu une clause de revoyure à la fin du mois d'août sur les secteurs les plus en difficulté.

La fin du "quoi qu'il en coûte" annoncé

Sans surprise, la majorité a annoncé la fin du "quoi qu'il en coûte" lors des débats sur l'orientation des finances publiques. Conformément au rapport de la commission sur l'avenir des finances publiques présidé par l'ancien ministre de l'Economie sous Jacques Chirac, Jean Arthuis, l'exécutif veut rétablir sa stratégie de "maîtrise de la dépense publique".

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Le rapporteur du budget Laurent Saint-Martin (LREM) a présenté 2022 comme une "année charnière" pour "acter la fin du quoi qu'il en coûte" et "préparer" la France à "moyen terme"  avec l'objectif d'une baisse du taux d'endettement en 2027. A ce titre, 2021 devrait finalement être moins mauvaise que prévu, avec un déficit public inférieur à 9% du PIB, contre 9,4% précédemment anticipé, a indiqué Bruno Le Maire.

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 16/07/2021 à 10:35
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Faut le reconnaitre, lemaire c'est un sacre guignol, un exemplaire menteur.

à écrit le 16/07/2021 à 9:51
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"Malgré l'arrivée de la quatrième vague" Scandale au défilé du 14 juillet. Alors qu'elle assistait au traditionnel évènement aux Champs-Elysées, Brigitte Macron n'a pas hésité à... faire la bise aux personnes qui s'avançaient vers elle. Sur des im...

à écrit le 16/07/2021 à 7:58
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Pathétique.

à écrit le 15/07/2021 à 22:18
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6% de croissance = recettes record, pour encore plus !!!!!! de dépenses publiques et de dettes à rembourser ( projet de budget 2022 )

à écrit le 15/07/2021 à 18:56
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c'est Bolsonaro qui lui a fait le bracelet brésilien qu'il porte au poignet droit ? comme c'est mignon

à écrit le 15/07/2021 à 18:02
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"Malgré l'arrivée de la quatrième vague" Ah ,ça y est ,c'est plus hypothétique,faut dire qu’après 3 semaines de bourrage de mou ,fallait que cela entre dans les têtes pour nous imposer ensuite le pass sanitaire et un vaccin obligatoire le jour de ...

à écrit le 15/07/2021 à 17:45
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Je croyais que la vaccination généralisée allait empêcher une 4e vague, et donc un possible 4e confinement ? C'est Macron qui l'a dit. Il nous aurait encore menti l'apprenti dictateur ?

à écrit le 15/07/2021 à 16:30
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La croissance de quoi ????? En route vers le tiers monde …. A moins que l’accueil permanent de tous nos supers nouveaux cerveaux nous sauvent …, C’est une chance nous dit on surtout pour nos retraités

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