Il se définit comme le ministre français le plus allemand. Bruno Le Maire espère que cette spécificité l'aidera à réchauffer les relations franco-allemandes et à convaincre notre voisin européen de bâtir de nouvelles alliances avec Paris.
Pour le ministre de l'Economie, le moment est bienvenu. Loin de se réjouir de la panne que connaît l'économie Allemande quand celle de la France résiste- « ce n'est pas une bonne nouvelle, c'est notre premier partenaire commercial », rappelle-t-il. Bruno Le Maire est persuadé que cela constitue une opportunité.
Alors que l'Allemagne entre en récession, et découvre, démoralisée, les fragilités de son modèle industriel. Berlin a tout intérêt à repenser son lien économique avec Paris. « Même si nous avons des divergences, le conflit entre nos deux pays n'est pas une option » assure, en substance, le ministre de l'Economie.
Aller au-delà des désaccords
Les approches stratégiques entre les deux pays divergent, pourtant, sur de nombreux points. Le premier d'entre eux est sans conteste l'énergie. Depuis de nombreux mois, Paris et Berlin sont divisés sur le rôle du nucléaire dans la future réforme du marché européen de l'électricité. Bruno Le Maire défend bec et ongles le choix du nucléaire. Et a souvent, ces dernières semaines, prévenu les Allemands que « c'est une ligne rouge à ne pas franchir ».
Autre sujet de discorde, la réforme des règles budgétaires, et le futur pacte de stabilité. Paris souhaiterait que Berlin se montre plus coopératif. Il n'empêche, ce jeudi, le locataire de Bercy compte appeler l'Allemagne à se lancer dans des partenariats plus poussés avec la France. Seul moyen, selon lui, de peser face à la Chine et les Etats-Unis.
Vers de nouveaux partenariats industriels
Hydrogène vert, pompes à chaleur, semi-conducteurs, éoliennes, spatial, armement, batteries électriques, et même automobile ... les chantiers sur lesquels la France veut réfléchir à des investissements en commun avec l'Allemagne sont nombreux.
« Il faut éviter de faire comme dans les années 90, où chacun dans son couloir son innovation... regardez sur le numérique ... l'Europe n'a pas réussi à pousser un géant dans ce secteur », plaide encore l'entourage du ministre.
Aussi, pour Paris, convient-il d'infléchir ensemble sur les décisions de la Commission pour protéger notre industrie européenne, que ce soit sur les normes, les droits de douanes etc. Exit le libre échange à tout va, il y a urgence à mieux défendre nos produits et nos industries. Et à repenser totalement, ensemble, notre modèle européen.
Reste à savoir quel accueil fera l'Allemagne à ces propositions.