Bruno Le Maire : « Nous voulons être la première puissance industrielle décarbonée en Europe »

EXCLUSIF - Pour la première de l’Entretien du Jeudy, le ministre de l’Economie et des Finances détaille pour La Tribune les grands défis de l’économie au sortir du conflit sur les retraites. Bruno Le Maire a un agenda chargé : d’abord sa loi sur l’industrie verte, dont les principales mesures seront détaillées ce jeudi par le président de la République. Face aux Etats-Unis et à la Chine, « la France va être la première nation en Europe à soutenir massivement son industrie et à protéger son marché », explique-t-il. Le rétablissement des comptes publics, ensuite, et clairement, l’idée n’est pas vraiment de faire un plan Marshall pour baisser les impôts, mais plutôt les dépenses publiques. Régulation de l’intelligence artificielle enfin, celui qui est aussi ministre du numérique plaide pour un traité international sur l’IA. Enfin Bruno le Maire, qui a passé 2182 jours à Bercy, un record depuis… Giscard, s’y voit rester : il ne souhaite pas être la tête de liste de Renaissance aux Européennes l’an prochain. Le ministre-écrivain revient sur sa vie personnelle, la polémique sur son livre et ses rêves. Interrogé par Bruno Jeudy, qui réalisera chaque semaine un grand entretien avec de grands décideurs, cette longue interview s'achève sur un portrait qui campe Bruno Le Maire dans son actualité.
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LA TRIBUNE- Le président de la République décline, ce jeudi 11 mai, la future loi sur « l'industrie verte » annoncée par vous-même en janvier. Combien d'emplois à la clé ? Combien de nouvelles usines ?

BRUNO LE MAIRE- Il y a deux objectifs très clairs dans ce texte sur « l'industrie verte » : produire de nouveau en France et produire mieux. Produire mieux parce que nous voulons être la première puissance industrielle décarbonée en Europe. Produire de nouveau en France parce que nous avons perdu plus de deux millions d'emplois industriels au cours des quatre décennies passées. C'est la faute économique la plus grave commise en France depuis l'après-guerre. Nous avons commencé à inverser la tendance avec la réforme de la fiscalité du capital en 2017, en créant un cadre fiscal favorable à l'industrie, notamment en baissant les impôts sur les sociétés et les impôts de production. Aucune majorité ne l'avait fait avant nous ! Avec ce projet de loi industrie verte, nous voulons accélérer la relance de notre machine à produire. C'est plusieurs dizaines de milliers d'emplois industriels supplémentaires d'ici 2030. L'enjeu est stratégique : face à la transition climatique, les grandes puissances s'organisent. La Chine soutient massivement son industrie et protège son marché. Les États-Unis, avec l'IRA, soutiennent massivement la production industrielle verte et protègent leur marché. Il faut que l'Europe fasse de même et la France, sous l'impulsion du président de la République, va être la première nation en Europe à s'engager dans cette voie.

Mais le risque de désindustrialisation reste élevé face à la concurrence américaine en raison des coûts de l'énergie trois fois plus élevés chez nous qu'aux USA...

Oui, les États-Unis ont un avantage compétitif. Mais nous avons tous les moyens pour nous défendre. Encore faut-il avoir le courage de briser un certain nombre de tabous ! Premier tabou : la fiscalité sur le capital. Oui, il faut une fiscalité sur le capital attractive si on veut réindustrialiser. Parce que l'industrie a une caractéristique, elle est lourdement capitalistique. Nous l'avons fait. Résultats : 300 usines ouvertes en deux ans et 90 000 emplois industriels créés. Deuxième tabou : l'accès à une électricité décarbonée à un coût raisonnable. La question énergétique est la grande question économique du XXIᵉ siècle. Notre réponse, c'est construire six nouveaux EPR et investir dans le nucléaire de nouvelle génération, notamment les réacteurs de petite taille. Le nucléaire doit s'accompagner d'une accélération du développement des énergies renouvelables et de sobriété.

La France peut-elle rattraper son retard en matière de construction de voitures électriques et hybrides ? Emmanuel Macron avait fixé l'objectif de deux millions de voitures électriques construites dans l'Hexagone. Est-ce atteignable ?

Oui ! Grâce à une mobilisation générale de tous les acteurs. D'abord, une mobilisation des pouvoirs publics en lien avec les industriels pour couvrir toute la chaîne de valeur. C'est ce que nous avons fait sur les batteries électriques. Je rappelle qu'il y a quatre ans, nous ne produisions pas une batterie électrique sur le sol français. Nous avons donc lancé avec Total, Saft et PSA une grande initiative franco-allemande pour ouvrir des giga factories de batteries électriques. Nous y sommes arrivés ! Nous allons devenir une des grandes nations productrices de batteries électriques en Europe grâce à la volonté politique du président de la République, des pouvoirs publics et des industriels. La deuxième condition pour y arriver, c'est évidemment l'engagement des constructeurs. Nous discutons régulièrement avec Luca de Meo et Carlos Tavares sur la localisation de leur production de véhicules électriques. Ils ont déjà fait beaucoup, notamment pour les véhicules lourds et les véhicules utilitaires. Nous attendons désormais des constructeurs qu'ils prennent des décisions favorables à la production de véhicules électriques en France, y compris les petits véhicules, parce qu'ils représentent les volumes les plus importants. Renault l'a fait avec la fabrication de la R5 à Douai. Troisième condition : il faut protéger notre marché. Soyons capables de prendre des mesures qui favorisent la fabrication et la vente de véhicules européens et qui préservent nos capacités de production industrielle en Europe et en France.

Un mot sur la voiture électrique à 100 euros par mois et en leasing promise par Emmanuel Macron durant sa campagne. C'est toujours d'actualité ?

L'objectif est que les premières commandes puissent être prises à l'automne prochain. Nous ferons tout pour le tenir.

Vous vous félicitez régulièrement de la baisse du chômage, mais il continue d'augmenter pour les seniors et reste élevé pour les jeunes. La bataille de l'emploi est quand même loin d'être gagnée ?

La baisse du chômage est la plus grande victoire politique du président de la République et de la majorité. Quand je me suis engagé en politique il y a 20 ans, le chômage de masse et notamment le chômage des jeunes était une angoisse quotidienne de tous les Français. L'accès au travail était semé d'embûches et le chômage touchait un quart des jeunes de moins de 25 ans. 26 % très exactement. A l'heure actuelle, nous l'avons ramené à un peu moins de 17 %. C'est le niveau le plus faible depuis deux décennies. Nous avons fait de l'apprentissage la voie royale d'accès à l'emploi avec près d'un million d'apprentis. Concernant le chômage des personnes de plus de 50 ans, il diminue depuis la crise du Covid - 1 point de moins par rapport à l'année dernière. Mais il est vrai que lorsqu'on a plus de 55 ans, il est difficile de retrouver un travail. Il est difficile de faire valoir son expérience et son savoir-faire. Nous devons tout faire pour valoriser leur sagesse sur le marché du travail.

Le plein emploi reste-t-il l'objectif du quinquennat malgré une croissance moins forte ?

Le plein emploi est notre objectif pour 2027. Nous sommes sur la bonne voie ! Cela demande de poursuivre le travail que nous avons engagé depuis six ans sur la réforme du marché du travail, la réforme de l'assurance chômage, l'accompagnement des personnes les plus éloignées de l'emploi, une meilleure adéquation entre la formation professionnelle et les besoins de l'économie. C'est toutes ces politiques publiques qui doivent nous permettre d'atteindre le plein emploi. Ce qui ne s'est plus produit depuis un demi-siècle en France...

Une autre bataille vous attend avec la préparation du budget 2024. Comment peut-on promettre à la fois de baisser les impôts pour les classes moyennes et, en même temps, de diminuer la dépense publique tout en répondant aux attentes pour l'hôpital public, l'école, la transition écologique ou les armées ?

Le rétablissement des finances publiques n'est pas négociable. Il est un impératif catégorique pour notre Nation. Toutes les difficultés dans l'Histoire de France ont été précédées par des difficultés sur les finances publiques. Nous tiendrons donc les comptes publics indispensables pour la cohésion du pays. C'est aussi une question de crédibilité. Notre objectif est d'accélérer le désendettement de la France pour la ramener à 108 % du PIB en 2027, soit quatre points de plus de désendettement que ce qui était prévu lors du précédent programme de stabilité 2022. Nos objectifs sont volontaristes mais raisonnables. Ils n'ont rien à voir avec de l'austérité. L'austérité, c'est réduire drastiquement la dépense publique. Nous voulons que les dépenses publiques augmentent moins vite que la croissance, mais nous ne voulons pas les réduire drastiquement. Ce serait l'austérité et l'austérité se solde toujours par des difficultés économiques et de la récession.

Tout ça paraît parfait sur le papier mais comment allez-vous faire ?

Nous avons défini une méthode. Elle repose sur trois piliers que nous défendons avec constance. Le premier, c'est la croissance. La meilleure façon d'accélérer le désendettement, c'est d'avoir de la croissance. En début d'année, nous avons évité la récession que tout le monde nous prédisait. La croissance française est solide mais nous devons faire mieux. Cela suppose de préserver les capacités d'investissement dans l'innovation et dans l'industrie. France 2030, c'est 54 milliards d'euros d'investissement qui vont créer de la richesse, des emplois, de la prospérité et donc du désendettement. Le deuxième pilier, c'est la sortie définitive du « quoi qu'il en coûte ». Contrairement à ce que j'entends dire trop souvent, nous avons commencé à en sortir. Sur les carburants, nous sommes passés d'un soutien général et massif avec la remise de 0,30 €/l qui coûtait 8 milliards d'euros par an à un soutien ciblé sur les travailleurs qui a coûté cette année moins d'un milliard d'euros. C'est bien du ciblage. S'agissant des tarifs de l'électricité, nous avons effectué une hausse des prix de l'électricité de 15 % début 2023. Désormais, nous allons sortir du bouclier tarifaire sur le gaz d'ici l'été et du bouclier tarifaire sur l'électricité d'ici fin 2024. Tout cela permet d'économiser 30 milliards d'euros.

Mais comment ferez-vous avec les demandes de dépenses toujours plus importantes sur l'école, les armées, l'hôpital public... ?

Se désendetter, c'est réduire notre charge de la dette et donc allouer cet argent à nos services publics plutôt qu'au remboursement de la dette. Freiner les dépenses publiques et garantir qu'elles soient bien employées là où elles sont utiles et efficaces, c'est aussi dégager des marges de manœuvre pour nos services publics. Dépensons moins mais dépensons mieux ! Cela suppose également que tous les ministères fassent chacun leur revue de dépenses publiques pour financer ces priorités. Ces revues des dépenses publiques sont désormais inscrites dans la loi et seront réalisées en continu, chaque année.

Confirmez-vous l'objectif de 5% de baisses des dépenses pour chaque ministère ?

La lettre adressée par la Première ministre à tous les ministres leur demande d'identifier 5% de marge de manœuvre. Cela représente 7 milliards d'euros qui vont permettre en partie de financer la transition écologique.

Maintenez-vous qu'il est possible de baisser les impôts et de désendetter le pays ?

Il est possible de freiner la dépense publique pour qu'elle progresse moins vite que la richesse nationale et que l'inflation. C'est ce qui permet de dégager des marges de manœuvre et de préserver notre politique de baisse d'impôts. Nous sommes la majorité qui a le plus baissé les impôts depuis 20 ans. Et si les Français le voient peu, c'est parce que justement nous gardons un niveau de pression fiscale extrêmement élevé par rapport à nos grands voisins de l'OCDE. Donc, nous maintiendrons cette politique. Mais cela demande effectivement un pilotage fin. Je ne crois ni au laisser-aller, ni aux coupes claires dans les dépenses publiques. Les premières participent au déclassement français. Les secondes participent à l'appauvrissement du pays avec un risque de récession. Pour naviguer par gros temps, il faut un pilotage fin, c'est-à-dire moins de dépenses publiques que de croissance et la capacité à trancher entre les différentes dépenses pour valoriser celles qui sont les plus utiles.

Dans ce contexte, la dégradation de la note de la France par Fitch, en attendant le verdict de Standard and Poor's qui aura plus d'impact, est un sacré avertissement pour la France ? L'agence de notation pointe dans son appréciation davantage l'impasse politique du pays que la seule situation financière...

Je prends tous les signaux au sérieux. Nous avons pris note de la décision de Fitch. Mais nous savons faire passer des réformes. Nous avons fait passer une réforme de l'assurance chômage il y a quelques mois, qui est essentielle pour faire revenir le maximum de personnes sur le marché du travail. Nous venons de faire passer une réforme des retraites, dont Fitch reconnaît qu'elle est indispensable pour rétablir les comptes du régime de retraite par répartition. Et nous continuerons à en apporter la preuve dans les semaines qui viennent. Que ce soit sur France Travail et le RSA, la lutte contre la fraude fiscale, sur l'industrie verte, sur l'intelligence artificielle. Dans le domaine économique et financier, nous poursuivons la transformation du modèle économique français.

Certains, comme Jean Peyrelevade, ancien conseiller de Pierre Mauroy à Matignon, vous qualifient de ministre le plus dépensier de la Vème République. Que lui répondez-vous ?

Je suis surtout le ministre qui a eu à affronter la crise économique la plus grave depuis 1929, la crise inflationniste la plus grave depuis les années 70, la crise énergétique la plus violente depuis le choc pétrolier depuis 1973. Il était donc légitime et nécessaire de protéger nos compatriotes face à ces trois crises pour éviter la flambée du chômage et prévenir une vague de faillites. Notre protection économique a été efficace pour notre outil de production comme pour nos finances publiques. Il est moins coûteux de protéger que de réparer. Par ailleurs, je me permets de rappeler que cette personnalité a conseillé les pouvoirs publics de 1981 à 1983, au moment des nationalisations, du retour à la retraite à 60 ans et des dévaluations du franc, qui ont obligé François Mitterrand à faire en 1983 le tournant de la rigueur.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, estime qu'il y a urgence à corriger la trajectoire financière sinon votre budget ne sera pas adopté par le Parlement, y compris avec le 49.3 ?

J'ai eu l'occasion d'en discuter longuement avec le président Larcher et je partage sa détermination à rétablir les comptes publics. En parallèle du budget 2024, nous avons un autre rendez-vous important : c'est le projet de loi de programmation des finances publiques pour garantir notre trajectoire financière de 2024 à 2027. Nous comptons le préparer étroitement avec lui mais également avec les présidents Eric Ciotti, Bruno Retailleau, Olivier Marleix et Hervé Marseille, que nous savons également attachés au rétablissement de nos finances publiques.

Gérard Larcher suggère de tailler dans le nombre des agences de l'État (1264) et leurs dépenses qui représenteraient, selon le président du Sénat, 20 % de la masse salariale de l'État...

Il n'y a aucun tabou. Je regarderai toutes les propositions avec beaucoup d'attention. Je précise que les opérateurs de l'État ont effectivement une trésorerie qui est élevée. C'est surtout que la trésorerie est plus élevée que la masse salariale. Mais je le redis, je n'ai aucun tabou. Je tiens juste à ce que notre trajectoire de finances publiques soit respectée. Plus nous serons capables de dégager une majorité dans ce sens-là, plus l'intérêt supérieur de la Nation sera préservé.

« Mon objectif est de casser la spirale de l'inflation des prix alimentaires d'ici l'automne prochain. »

Sur le front de l'inflation, on vous entend régulièrement taper du poing sur la table. Pas certain que les consommateurs voient les choses changer véritablement. Jusqu'à quel point êtes-vous prêt à aller dans votre bras de fer avec les industriels ?

Aussi loin qu'il sera nécessaire ! Lorsque les prix du fret maritime explosent, que les prix de gros et du blé explosent, la répercussion des prix est immédiate. Les grands industriels ont demandé la réouverture des négociations commerciales il y a un an pour qu'ils puissent répercuter les prix à la hausse, ce qui était légitime à l'époque. Maintenant que les prix du fret maritime ont été divisés par dix, de 15 000 € à 1 500 € le container, que les prix du blé baissent, il est tout aussi légitime que les prix des produits alimentaires baissent également. Nous allons donc réunir distributeurs et grands industriels dans les prochains jours pour discuter de la réouverture des négociations commerciales. J'ai également demandé à l'Inspection générale des finances (IGF) de mettre à jour leur étude sur les marges des distributeurs et des grands industriels. Mon objectif est de casser la spirale de l'inflation des prix alimentaires d'ici l'automne prochain.

Le trimestre anti-inflation n'a pas changé grand-chose ? Est-ce un cautère sur une jambe de bois ?

Non, ça marche !  Et dans cette période de forte inflation, personne n'a apporté de solution crédible alternative. Le trimestre anti inflation, c'est quoi ? Ce sont des milliers de produits dont le prix depuis mars a baissé de 13% là où il augmentait de l'ordre de 2% sur un mois. Donc ça marche ! Quelles sont les alternatives ? Le Rassemblement national propose de baisser la TVA. Cette mesure va directement dans la poche du distributeur, et certainement pas dans la poche du consommateur. L'Espagne a essayé. Elle a baissé la TVA et les prix alimentaires ont augmenté de 14 à 17 % ! Les solutions du Rassemblement national ne marchent pas. La NUPES nous dit qu'il faut bloquer les prix. La Hongrie l'a fait. Résultat : près de 40 % d'inflation alimentaire et des pénuries. Notre politique n'est peut-être pas la plus spectaculaire, mais elle est la plus efficace face à un problème structurel d'explosion du prix des produits alimentaires. Ni la TVA, ni le blocage des prix ne sont des solutions efficaces.

La grande distribution estime avoir fait sa part de travail et vous renvoie la balle pour empêcher les industriels de « se sucrer » selon l'expression de Michel-Edouard Leclerc ?

C'est pour ça qu'il faut établir la vérité des prix, en définissant très clairement les marges qui sont faites par les acteurs économiques. C'est le rôle de l'Inspection générale des finances (IGF). Tous les trois mois, l'IGF nous remet un rapport sur la base des comptes trimestriels de l'INSEE pour avoir des données objectives et transparentes. Évitons de jeter en pâture une entreprise ou une autre, un secteur ou un autre. Il faut établir la vérité des prix pour pouvoir prendre les bonnes décisions.

Le président a donné 100 jours à sa Première ministre et son gouvernement dont vous êtes le numéro deux, pour amorcer du consensus. N'est-ce pas un peu illusoire après la forte secousse sociale des retraites ?

Je note que les syndicats, dont la CGT, acceptent de reprendre le dialogue avec la Première ministre. C'est encourageant. Par ailleurs, au-delà des casseroles et du bruit, il y a la réalité des Français qui travaillent ; la réalité des usines qui tournent ; la réalité des investisseurs étrangers qui continuent à investir massivement dans notre pays ; la réalité des entrepreneurs qui continuent à prendre des risques et créer de l'activité. Toute cette France-là qu'on n'entend pas, qui ne fait pas la une des 20 heures, elle est largement majoritaire. Et c'est aussi à cette France-là qu'il faut répondre. Elle a pu être d'accord ou pas avec la réforme des retraites, mais elle veut que le dialogue reprenne et que le pays redémarre.

Pendant ce temps, Elisabeth Borne calme le jeu, reporte la réforme de l'immigration, renonce à la généralisation du SNU. Le gouvernement est-il condamné au cabotage politique voire à l'immobilisme faute de majorité ?

L'immobilisme n'est pas une option pour la France. Depuis un an, nous avons fait passer 25 textes. Dans les semaines qui viennent, nous présenterons un texte stratégique sur l'industrie verte, un texte majeur pour nos finances publiques (la LPFP), un plan pour mieux lutter contre la fraude fiscale et sociale, un texte visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (transposition du DSA DMA), et un texte pour réguler le secteur de l'influence commerciale. Ces lois passeront et amélioreront le quotidien des Français !

« Est-ce qu'il ne faut pas réfléchir à un traité international sur cette question de l'intelligence artificielle, de son utilisation, de sa réglementation ? Cela pourrait être une piste. »

Concrètement que voulez-vous faire en matière d'intelligence artificielle ? La réguler ?

Le ministère de l'Économie et des Finances s'empare pleinement de cette question politique et économique la plus essentielle des décennies qui viennent. L'intelligence artificielle, notamment l'intelligence artificielle générative de chaque outil, est un défi économique, politique, moral, comme nos générations n'en ont pas connu depuis plusieurs années. Cela va demander d'abord des besoins d'investissement considérables et nous avons, nous en France, des chercheurs, des scientifiques, des laboratoires, des centres de recherche comme le CEA qui sont parmi les meilleurs au monde. Nous devons les utiliser pour être leader sur ce sujet en Europe. Nous avons en deuxième lieu besoin d'une régulation pour contrôler nos données, éviter qu'elles soient détournées, éviter que le rapport à la vérité ou au mensonge soit totalement déformé dans nos démocraties. Éviter également qu'elles ne soient menacées par cette intelligence artificielle et le mauvais usage qui pourrait en être fait. La Commission européenne s'est prononcée sur ce besoin de régulation. Est-ce qu'il ne faut pas réfléchir à un traité international sur cette question de l'intelligence artificielle, de son utilisation, de sa réglementation ? Cela pourrait être une piste pour s'assurer que toutes les grandes puissances de la planète respectent le même ordre international en matière d'intelligence artificielle.

Regrettez-vous que la réforme de l'immigration soit encore décalée ?

Un texte sur l'immigration est nécessaire. Un texte qui permet de garantir que partout sur le territoire français, la règle de droit est respectée. Que les obligations de quitter le territoire français, le sont réellement. Que lorsqu'un étranger a commis un crime ou un délit sur notre territoire, non seulement il est condamné, mais il ne reste pas dans notre pays. Toutes ces propositions qui sont portées par Gérald Darmanin, je les soutiens et je soutiens totalement la détermination du ministre de l'Intérieur. Il a raison de se saisir de ce sujet et la majorité a raison de confirmer sa détermination à faire adopter un texte sur ce sujet d'ici la fin de l'année 2023.

La présidente de l'Assemblée nationale juge que c'est le moment pour réformer les institutions. Partagez-vous son avis ?

Je crois avoir porté depuis maintenant dix ans cette idée d'une réforme en profondeur des institutions dans un sens de simplification et d'efficacité. Mais pour le moment, la priorité me semble aller aux questions économiques et sociales.

2.182 jours à Bercy. Cette longévité est exceptionnelle pour un ministre de l'Économie. Vous incarnez une forme de stabilité en Europe ?

Je crois de plus en plus au temps long. Il n'y a d'efficacité politique que dans la durée. Qu'est-ce que nous faisons depuis six ans ? Nous accomplissons une transformation réelle du modèle économique français pour qu'il garantisse le plein emploi et la production de richesse. Nous ouvrons des entreprises, des usines. Nous innovons, et nous souhaitons garder cette richesse sur notre territoire en inversant la courbe de délocalisations. Et tout cela dans un contexte de décarbonation de l'économie et de lutte contre le changement climatique. C'est notre ambition. Mais une ambition pareille ne se réalise pas en un an ou en deux ans. Il faut dix ans. Le temps nous est précieux parce qu'il vous permet d'aller au bout de cette transformation.

Croyez-vous possible une coalition pour sortir du blocage parlementaire ?

Prenons l'exemple d'une image picturale : un tableau politique. Nous pouvons nous focaliser sur un détail ou nous pouvons nous intéresser à la perspective. Si on prend un tout petit peu de recul, chacun voit bien que la vie politique française est organisée en trois blocs : le bloc de la décroissance (la Nupes), le bloc nationaliste (le RN) et le bloc de la majorité qui se rassemble autour de valeurs très claires le travail, la défense des entrepreneurs, l'ordre républicain, la construction européenne. Tous ceux qui croient dans ces valeurs et dans ces principes devraient apprendre à travailler ensemble. C'est toujours plus simple de focaliser son attention sur les différences. Il est infiniment plus courageux et infiniment plus salutaire pour le pays de rassembler nos points communs et de travailler ensemble. Oui, je souhaite que nous travaillions ensemble sur un certain nombre de textes. Je l'ai fait sur le projet de loi de finances rectificative cet été et sur le texte pour protéger le pouvoir d'achat des Français. Je le ferai sur le projet de loi « industrie verte ». Nous allons le faire texte par texte et j'espère que, en travaillant ensemble, nous parviendrons à clarifier le jeu politique. Ce goût de la différence et ce goût de la querelle doivent s'effacer devant l'intérêt général.

Dans le bloc majoritaire, François Bayrou commence à s'émanciper. On l'a entendu critiquer la méthode de dialogue du gouvernement. Et s'opposer au projet de loi sur la fin de vie... La présidentielle démarre tôt ?

François Bayrou exprime sur la fin de vie des convictions personnelles qui sont infiniment respectables. J'ai une appréciation très différente. Nous venons de vivre un temps de débats et de difficultés politiques. La majorité a tenu bon. Elle ne s'est pas divisée. Je suis fier de la solidité de cette majorité.

Sur la fin de vie, quelle est votre conviction ?

J'ai écrit un livre sur ce sujet, « Paul ». Le premier combat doit être celui de l'accès à une unité de soins palliatifs partout sur le territoire. Ensuite, je souhaite qu'il y ait un projet de loi. Mais je continue à discuter, à échanger avec les personnes les plus concernées. Avant de m'exprimer sur le fond de cette loi.

« Écrire est un acte de liberté. Si on commence à restreindre la vie de personnages de fiction, alors ce n'est pas la peine d'écrire ! »

Votre dernier livre (le 4ème depuis que vous êtes ministre) a déclenché la polémique. Vous vous doutiez bien que ça ne passerait pas inaperçu ?

Écrire est un acte de liberté. Si on commence à restreindre la vie de personnages de fiction, alors ce n'est pas la peine d'écrire ! Il faut le laisser avoir sa liberté. Je n'ai qu'une recommandation : lisez-le ! Ce livre parle de musique, de voyages, de sensualité, de la culture européenne au XXème siècle, des femmes puissantes comme l'épouse de Vladimir Horowitz, un génie du piano.

La polémique ne vous a pas surpris ?

Pas vraiment. C'est toujours fascinant de voir comment sur n'importe quel sujet, quel que soit le livre que vous écrivez, quel que soit les missions que vous remplissez, quelle que soit la déclaration que vous puissiez faire, la même mécanique de polémique se déclenche. Il faut toujours se demander à qui elle sert. Certainement pas la démocratie, certainement pas la liberté d'expression, certainement pas la culture française. Cette mécanique de la polémique a été parfaitement décrite par Giuliano da Empoli dans « Les ingénieurs du chaos » (ndlr, ed JCLattès). Je recommande la lecture de ce livre.

On vous sent touché par cette séquence ?

Pas du tout. Je suis davantage inquiet de voir notre démocratie fonctionner à l'émotion et plus à la raison. Oui, notre nation doit rester une Nation de la raison. Récemment, j'ai encore fait une émission au cours de laquelle la journaliste n'avait qu'un mot à la bouche 'Est ce que vous êtes choqué ?'; choqué par ceci; choqué par cela... Mais nous ne sommes pas là pour être choqués. Nous ne sommes pas là pour agir sous l'emprise de l'émotion. Nous sommes là pour raisonner, pour décider, pour construire le bien commun. Nous ne sommes pas là pour polémiquer tout le temps.

« Il y a un métier que j'aurais toujours aimé exercer et pour lequel j'ai une grande passion. C'est celui de cuisinier. C'est une profession de partage extraordinaire ».

Vous vous ennuyez à Bercy ?

Jamais. Pas un jour. Pas une heure. Jamais.

Certains songent à vous pour diriger, l'an prochain, la liste aux élections européennes ?

Non, je ne serai pas tête de liste aux européennes.

Qui seraient vos invités rêvés (personnages morts ou vivants) pour un dîner parfait ?

Des humoristes, pour rire ! J'aimerais dîner avec Jamel Debbouze, Eric Judor et Florence Foresti. Accompagnés d'une bonne bouteille, je pense qu'on passerait un excellent moment.

En quoi souhaiteriez-vous vous réincarner ?

En pommier. Cela fleurit à chaque printemps. Un champ de pommiers en Normandie, je connais peu de choses aussi belles.

Qu'aimeriez-vous voir sur votre épitaphe ?

Pas d'épitaphe.

Et si c'était à refaire, qu'aimeriez-vous faire ?

Il y a un métier que j'aurais toujours aimé exercer et pour lequel j'ai une grande passion. C'est celui de cuisinier. C'est une profession de partage extraordinaire. Il y a plusieurs façons de prouver son amour aux gens, par les mots, par les gestes. Je pense que les cuisiniers apportent tous les jours des preuves d'amour.

De quoi rêviez-vous enfant ?

Je rêvais de moto pour être motard, sillonner les routes, découvrir des paysages nouveaux !

Et où aimeriez-vous être en 2027 ?

À une bonne table en train de fêter les 18 ans de mon troisième fils, Matthias.

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Fugue en do majeur, par Bruno Jeudy

Aussi loin que je me souvienne, Bruno Le Maire a toujours hésité entre l'écriture et la politique. Il finira par marier les deux. Après tout, il n'est pas le premier ministre-écrivain. Avant lui, la vie politique française a fait de la place à des auteurs célèbres de Georges Clemenceau à Edouard Herriot, du général de Gaulle à François Mitterrand, de Maurice Druon à Françoise Giroud. Il n'y a guère de pays au monde qui cultive cette singularité politique et culturelle. Une chance qui nous tire vers le haut. Évidemment, le timing de la publication du dernier essai (le treizième depuis 2004) du ministre de l'Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique tombe au plus mauvais moment alors que la note financière de la France vient d'être dégradée... La polémique qui a entouré la sortie de « Fugue américaine » (ed Gallimard) est révélatrice de l'époque. Dans l'entretien qu'il accorde à La Tribune, le numéro deux du gouvernement affiche sa sérénité malgré les moqueries et les attaques qui le visent sur les réseaux sociaux. Rassuré par les critiques littéraires qui saluent un « remarquable » livre, il sait qu'à l'arrivée cette « fugue américaine » sculpte un peu plus une trajectoire originale et humanise une image un brin aristo et professorale. Il s'inquiète, en revanche, de ce que cache cette polémique : une « mécanique » qui ne sert pas, dit-il, la démocratie, la liberté d'expression et la culture française.

Depuis vingt ans qu'il arpente les couloirs du pouvoir, Bruno Le Maire navigue avec succès entre chiraquie, sarkozie et macronie. Avril 2007 : le jeune directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin est à la croisée des chemins. Son mentor a perdu la bataille face à Nicolas Sarkozy qui s'apprête à entrer à l'Élysée. Le chiraquien vient de refuser l'offre de Jean-Louis Debré de lui succéder comme député UMP de l'Eure. Plutôt que retourner dans son corps d'origine, Bruno Le Maire saute sur l'occasion. « Vous croyez que je peux me faire élire ? » me demande-t-il. « Oui à condition de vous mettre à portée de baffes et d'y aller à fond », lui dit-on. L'énarque-normalien met alors entre parenthèses ses envies d'écriture et se lance sur les routes de Normandie. Et sort vainqueur d'une primaire fratricide. La suite est une irrésistible ascension. À l'Assemblée nationale, le chiraco-villepiniste sort vite du lot. Et pas seulement grâce à son mètre quatre-vingt-onze. Il taille sa route au milieu des clans de la droite. Décroche un premier portefeuille ministériel en 2008 (les Affaires européennes) avant de découvrir le monde agricole où il restera jusqu'en 2012. Son vrai baptême du feu avec son lot de manifs musclées d'agriculteurs.

Mais avec Bruno Le Maire, l'écriture n'est jamais bien loin. Après s'être fait remarquer en publiant un premier essai Le ministre (2004) dans lequel il raconte son métier de conseiller-plume, il récidive en 2008 avec Des hommes d'État. Un récit percutant qui raconte de l'intérieur l'impossible ménage à trois entre Chirac-Sarkozy-Villepin. L'opus le brouille avec la chiraquie. La sarkozie se gausse. Le ministre-écrivain n'en a cure. Il en profite pour constituer une garde rapprochée autour de quelques conseillers prometteurs dont Sébastien Lecornu, l'actuel ministre des Armées. Car Le Maire voit au-delà de 2012. Il ne croit pas trop à la réélection de Sarkozy. En 2013, il signe un nouveau et cinglant livre (Jours de pouvoir) sur ses années sarkozystes...

Désormais émancipé, il n'attend pas son tour. Il défie l'ex-président lors de son retour en politique. Une opération gonflée mais qui lui offre la notoriété. À défaut de succès. Un galop d'essai pour la primaire présidentielle de 2016 où il se ramasse avec 2,4% des voix... La marche était trop haute. L'ambitieux Le Maire apprend l'humilité. Désertant le camp Fillon en pleine présidentielle, il passe avec armes et bagages chez Emmanuel Macron et devient ministre de l'Économie et des Finances dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe. À Bercy, il consolide son fortin au fil des années avec la confiance d'Alexis Köhler, le puissant secrétaire général de l'Élysée et véritable numéro deux du pouvoir macroniste. Ses relations avec Edouard Philippe sont fraîches. Elles seront plus indifférentes avec son successeur Jean Castex. Ces deux-là ne s'aiment pas beaucoup. La nomination d'Elisabeth Borne ne le dérange pas. Le numéro deux du gouvernement a élargi son périmètre. Au fond, Bruno Le Maire a compris que le président de la République ne le nommerait pas à Matignon. Le plus expérimenté des ministres, le plus professionnel aussi n'a pas conquis la confiance de Jupiter. Juste son respect pour « le professionnel ». Ce qui n'est déjà pas mal de la part d'Emmanuel Macron, président-philosophe probablement envieux de son ministre écrivain.

Dans l'immédiat, l'homme fort du gouvernement en poste à Bercy depuis 2182 jours (seul VGE a fait mieux) doit reprendre en urgence le contrôle des finances publiques de la France sous peine de finir comme la Grèce et d'hypothéquer son propre avenir politique. « Le rétablissement des comptes publics n'est pas négociable », clame-t-il. Avant de quitter le ministère de l'Économie et des Finances, il doit donc prouver que le « quoi qu'il en coûte » est bien terminé. C'est tout le défi du budget 2024. Après quoi, il sera toujours temps pour Le Maire de prépare sa prochaine fugue. Vers l'Élysée ou la littérature.

Commentaires 12
à écrit le 11/05/2023 à 9:34
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Encore une balle dans le pied, car nous sommes déjà un des pays qui émet le moins de CO2. Ces politiciens devraient sortir un peu de leurs palais pour découvrir la vraie vie de ceux qui gagnent moins de 1500€ par mois !!!!!

à écrit le 11/05/2023 à 2:09
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Cette promesse sera facile a tenir, vu qu'il n'y a pratiquement plus d'industries en France. Ce lemaire est un pitre.

à écrit le 10/05/2023 à 22:10
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Velléitaire et inconséquent. Parce que pour ça le pays doit bosser bcp plus.

à écrit le 10/05/2023 à 21:37
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Avec le monde des licornes, ce monde imaginaire francais, nous ne devons pas trop polluer dans le monde réel ! Le Maire notre farfaradets à nous.

à écrit le 10/05/2023 à 20:07
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nous sommes passés de 20 %du pib dans l industrie en 2005 à moins de 10% en 2022 et la desindustrialisation continue. alors encore un effort et nous serons complètement decarbones en 2035. bravo lemaire macron Hollande Sarkozy pour votre grande réuss...

le 10/05/2023 à 22:37
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Bruno Le Maire ayant échoué à effondrer l'économie russe, va immédiatement se venger sur ce qu'il reste d'industrie en France!!!

à écrit le 10/05/2023 à 19:56
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La folie des grandeurs, alors même que le pays tombe déjà en lambeaux sur tous les secteurs (et services publics) à cause d'un autisme déconcertant. Pour Freud, le rêve a essentiellement pour fonction de permettre la poursuite du sommeil, et son prin...

à écrit le 10/05/2023 à 19:43
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Tiens mon bruno, voilà le dernier billet du ..docteur Asselineau, le seul politique interdit d' élections qui démonte la race des suiveurs d' une UE qui se révèle à l' usage la mère porteuse du projet davosien consistant à ruine...

à écrit le 10/05/2023 à 19:12
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Voilà un bon petit suiveur de davos, mon bruno va ..dilater l' économie décarbonée voulue par schwab sans aucun vraie raison sauf à porter à son great reset, on s' attend au pire.. Mieux, mon bruno veut empêcher qu'...

à écrit le 10/05/2023 à 19:07
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On préfèrerai être décarboné que d'être une puissance industrielle ! ;-)

à écrit le 10/05/2023 à 19:04
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C'est bizarre, quand même, de sortir des absurdités pareilles. Pourtant, il a dû faire des études, non ?

le 10/05/2023 à 19:56
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BLM a la réputation d' être écrivain, pas celle d' allumer les ampoules...

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