Jeudi 16 février, les chefs des syndicats défileront en région, avec les Albigeois

Cette 5e journée de mobilisation, qui succède à la mobilisation nationale de grande ampleur de samedi, était annoncée depuis le 8 février. Pour ce jeudi 16 février, « afin de souligner l'engagement très massif des travailleurs sur tout le territoire national », les dirigeants des organisations syndicales défileront cette fois dans une ville de province, Albi. Ce 16 février constituera un test pour la stratégie de durcissement du mouvement, pas encore en vigueur mais qui pourrait culminer avec l'objectif d'« un pays à l'arrêt » le 7 mars. Mardi 14 février, la DGAC indique qu'au vu du préavis relayé par les syndicats de contrôleurs aériens, elle annonce des perturbations et demande aux compagnies de réduire leur trafic de 30%.
La manifestation de samedi 11 février (photo) a réuni l'ensemble des organisations syndicales, les chefs des grandes organisations syndicales se retrouvant tous en tête de cortège derrière la même bannière : notamment, (2e à partir de la gauche avec un foulard clair) Frédéric Souillot (FO), Laurent Berger (CFDT), et derrière lui au 2e rang Diego Melchior (CFDT Ile-de-France), Valérie Lesage, (URIF CGT), Philippe Martinez (CGT), et Francois Hommeril (CFE-CGC).
La manifestation de samedi 11 février (photo) a réuni l'ensemble des organisations syndicales, les chefs des grandes organisations syndicales se retrouvant tous en tête de cortège derrière la même bannière : notamment, (2e à partir de la gauche avec un foulard clair) Frédéric Souillot (FO), Laurent Berger (CFDT), et derrière lui au 2e rang Diego Melchior (CFDT Ile-de-France), Valérie Lesage, (URIF CGT), Philippe Martinez (CGT), et Francois Hommeril (CFE-CGC). (Crédits : Reuters)

[Article publié le 13.02.2023 à 13:50, modifié le 14.02 à 19:00 avec DGAC]

Mercredi dernier, au lendemain d'un 7 février où les chiffres de mobilisation avaient un peu fléchi, l'intersyndicale avait annoncé pour le 16 février, une nouvelle journée nationale de mobilisation et de grève contre le projet de réforme de retraites du gouvernement, cinq jours donc après le succès de mobilisation du samedi 11 février, toujours avec les mêmes mots d'ordre demandant l'abandon du texte prévoyant notamment un report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Entre la fin de la semaine dernière et ce lundi matin, les syndicats ont chacun publié des communiqués de presse, voire la copie de leur courrier de dépôt de préavis de grève pour jeudi prochain, par branche, adressé au ministre de tutelle concerné.

« Le 16 février, tous ensemble en grève et dans les rues pour participer aux manifestations interprofessionnelles pour gagner le retrait de la réforme des retraites », concluent les signataires.

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Les numéros uns des syndicats défileront cette fois en province, à Albi

La CGT, constatant que « depuis le 19 janvier 2023, la mobilisation ne faiblit pas », a ainsi appelé lundi les salariés des secteurs du transport et de l'énergie (cheminots, dockers, électriciens, gaziers) mais aussi ceux de la chimie et du verre à faire grève jeudi, lors de la 5e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites.

« Les Fédérations nationales CGT des ports et docks, des cheminots, des industries chimiques, du verre et céramique et des Mines Energie appellent à 24 heures d'arrêt de travail pour la journée de grève et de mobilisation interprofessionnelle du 16 février 2023 », ont indiqué lundi les fédérations concernées dans un communiqué conjoint.

La CGT « appelle à l'amplification du mouvement », à « interpeller les parlementaires » sur l'ensemble du territoire, « à multiplier les initiatives de déploiement dans les zones industrielles, d'activités ou commerciales »...

La CGT précise en outre que pour « souligner l'engagement très massif des travailleurs sur tout le territoire » les responsables des organisations syndicales (secrétaires généraux et présidents) ne défileront pas à Paris mais en province, à Albi dans le Tarn.

Le syndicat donne ses chiffres de la mobilisation en régions : « Ils étaient 100 000 à Toulouse, 70 000 à Nantes, 50 000 à Clermont-Ferrand, 15 000 à Lorient et à Perpignan, 7 000 à Metz, 1500 à Granville... »

La mobilisation en province a chuté malgré des rebonds impressionnants

En effet, samedi, les manifestations en province contre le projet de réforme des retraites ont rassemblé plus de monde que celles de mardi, mais moins que les deux premières journées de mobilisation, selon les premiers chiffres des autorités, qui divergent de plus en plus de ceux des syndicats.

Le sursaut est surtout visible dans les villes moyennes, comme à Roanne (Loire) où la police, bien qu'avançant des chiffres inférieurs à ceux des syndicats, a noté un doublement de la mobilisation en compté 6.000 manifestants samedi, contre 3.000 mardi. Même tendance à Périgueux, où 5.200 personnes ont défilé contre 3.700 quatre jours plus tôt. Ou encore à Guéret, avec 4.000 participants contre 2.900 en début de semaine.

D'autres grandes villes ont aussi connu un net rebond de participation, comme Orléans (12.500), Brest (14.000), Lyon (15.800), Caen ou Montpellier (20.000 chacune).

La jauge est cependant restée le plus souvent en deçà des niveaux atteints au début du mouvement social, comme à Pau (8.500 contre 14.000 les 19 et 31 janvier) et Angoulême (5.000 contre 9.000 au maximum).

Idem à Nantes, où la préfecture a dénombré 23.000 manifestants. Mais la CGT en a compté 70.000, soit un écart de un à trois, plus marqué que lors des journées précédentes. A Toulouse aussi, les chiffres se sont écartés de un à quatre (entre 25.000 et 100.000).

Le durcissement du conflit en ligne de mire, mais pas encore acté

Un durcissement du conflit est toujours dans les têtes des syndicats, mais ne se matérialise pas encore. Les cinq fédérations précisent qu'elles « recherchent » encore "ensemble les conditions de l'élévation et de l'élargissement du rapport de forces, notamment par la grève reconductible".

Elles pointent une fois de plus du doigt « une réforme injuste et injustifiée », et notamment le report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Les fédérations mettent aussi l'accent sur les conséquences pour les femmes, aux carrières hachées, pour les jeunes dont les années d'étude ne sont pas comptabilisées pour le calcul de la retraite et les travailleurs usés, qui n'auraient pas de compensation pour la pénibilité subie.

Le point culminant de cette série de mobilisations et de grèves est envisagé pour les journées des 7 et 8 mars, au moment où le texte sera débattu au Sénat.

Mise à l'arrêt de la France le 7 mars, mobilisation pour les femmes le 8

Sur le site de Force Ouvrière, le communiqué appelant à la grève du 16 février rapporte la stratégie de l'intersyndicale expliqué samedi midi sur BFM par Frédéric Souillot, le secrétaire général de FO :

« Nous avons jusqu'au 7 mars pour mobiliser et mettre la France à l'arrêt. À moins que le gouvernement d'ici-là recule sur son projet. »

Le syndicat CFE-CGC dirigé par Francois Hommeril publie sur son site le communiqué de l'intersyndicale (intitulé « L'intersyndicale est prête à durcir le mouvement ») et signé par la liste de tous les syndicats participants(*) qui appelle le gouvernement à ne pas rester « sourd à la contestation populaire » :

« Si, malgré tout, le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire, l'intersyndicale appellerait les travailleurs et les travailleuses, les jeunes et les retraité.e.s à durcir le mouvement en mettant la France à l'arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain.»

Et d'ajouter que le choix de la date du 8 mars n'a rien d'un hasard puisqu'il s'agit de rappeler que les femmes seront les grandes perdantes de cette réforme :

« L'intersyndicale se saisira du 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes pour mettre en évidence l'injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes. »

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Aérien : la DGAC demande aux compagnies de réduire leur trafic de 30%

La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a publié un communiqué mardi 14 février pour signaler que plusieurs syndicats représentatifs des contrôleurs aériens avaient relayé le préavis de grève nationale interprofessionnelle déposé par plusieurs organisations syndicales pour la journée du jeudi 16 février 2023 concernant l'ensemble de la fonction publique et le secteur privé en France métropolitaine et outre-mer.

De ce fait, la DGAC mettra en vigueur des dispositions du service minimum dans les « centres en route de la navigation aérienne » (CRNA), c'est-à-dire dans les centres qui, dans l'espace aérien qui leur est affecté, contrôlent les avions en vol -ni en phase de décollage ni en phase d'atterrissage- dans l'espace aérien qui leur est affecté. Ce service minimum sera également appliqué dans les services de navigation aérienne des aéroports où les dispositions réglementaires le permettent.

« Pour la journée du jeudi 16 février 2023, la DGAC a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols de 30% sur l'aéroport de Paris-Orly et de 20% sur les aéroports de Toulouse, de Marseille, de Lyon, de Montpellier et de Nantes », a-t-elle stipulé expressément dans son communiqué.

L'organisme régulateur demande en outre aux voyageurs qui le peuvent de reporter leur déplacement, et à s'informer directement auprès de leur compagnie aérienne pour avoir les informations les plus à jour sur le statut de leur vol initial. Car, « en dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir », explique-t-elle.

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(*) CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT, FO, UNSA, Solidaires, FAGE, FSU, UNEF, VL, F!DL, MNL

(avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 15/02/2023 à 7:56
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C’est fini.. tous le savent mais continuent à faire semblant, trouvant des motifs de satisfaction là où ils n’en ont pas.. Il faut mettre nos systèmes sociaux à l’équilibre..

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