Pourquoi le moral des ménages se redresse

Par Grégoire Normand  |   |  734  mots
L'indice de confiance des ménages en France, qui avait atteint en décembre son plus bas niveau depuis novembre 2014, a poursuivi son redressement en février, même s'il reste encore en dessous de sa moyenne sur une longue période, a indiqué mardi l'Insee. (Crédits : Reuters)
La confiance des ménages en France s'est redressée pour le deuxième mois consécutif en février, progressant plus qu'attendu et retrouvant ses niveaux d'avant le déclenchement du mouvement des "Gilets jaunes" grâce à un recul des craintes sur le chômage et à une meilleure perception de leur niveau de vie, malgré des inquiétudes sur la hausse des prix.

Les bons indicateurs se multiplient pour l'économie française. Après une amélioration du climat des affaires, la confiance des ménages a de nouveau progressé en février selon la dernière enquête de conjoncture de l'Insee publiée ce 26 février. L'indicateur qui la mesure a gagné trois points passant de 92 à 95 points. Il retrouve le niveau qu'il avait connu avant le déclenchement du mouvement des "Gilets jaunes" et les revendications de pouvoir d'achat en novembre. Il reste toutefois en deça de sa moyenne de long terme. Le chiffre du mois de janvier a été révisé légèrement à la hausse passant de 91 à 92.

Pour l'économie tricolore, ce redressement est une bonne nouvelle alors que la croissance s'est largement essoufflée en 2018 à 1,5% contre 2,3% en 2017, et que les grandes économies européennes ont également connu un sérieux coup de frein ces derniers mois. Selon une estimation de la Banque de France publiée le 11 février dernier, le produit intérieur brut (PIB) progresserait de 0,4% au premier trimestre.

Pour l'économiste de l'Insee Julien Pouget, « l'indicateur de confiance des ménages confirme son rebond - mais reste encore inférieur à sa moyenne de longue période. Les soldes d'opinion sur le niveau de vie remontent - mais également les anticipations d'inflation ».

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Optimistes sur les perspectives

La part des Français qui considèrent que le niveau de vie passé en France s'est améliorée au cours des douze derniers mois augmente de nouveau, le solde correspondant progressant de 6 points, mais demeurant au-dessous de sa moyenne. L'opinion des interrogés a également rebondi concernant le niveau de vie futur en France progressant de deux points.

En parallèle, les craintes des Français relatives au chômage ont largement chuté.

« Le solde correspondant perd 20 points (après avoir augmenté pendant 3 mois consécutifs). Il est désormais nettement au-dessous de sa moyenne de longue période.»

Si le nombre de créations d'emplois a clairement baissé entre 2017 et 2018, le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) est passé sous la barre des 9% pour la première fois depuis 2009. Il a atteint 8,8% de la population active sur la France entière et 8,5% en France métropolitaine, contre 9% et 8,6% il y a un an. Ces résultats sont légèrement meilleurs que ceux anticipés par l'Insee dans sa dernière note de conjoncture publiée le 18 décembre.

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Craintes sur l'inflation

Les résultats de l'enquête de février indiquent que les ménages anticipent une augmentation des prix dans les douze mois à venir.

« Le solde d'opinion correspondant augmente de 21 points. Il repasse au-dessus de sa moyenne de longue période. Les ménages estimant que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois sont légèrement plus nombreux que le mois précédent : le solde correspondant gagne 3 points (après avoir baissé de 22 points en janvier) mais reste au-dessous de sa moyenne. »

De leur côté, les économistes de l'Insee prévoient une baisse de l'inflation au cours du premier semestre 2019 pour s'établir à 1% en juin.

Après avoir connu une flambée en 2018 au cours du troisième trimestre, le prix du pétrole est retombé. Le prix du baril de Brent avait dépassé les 80 dollars en septembre. Les experts de l'institut de statistiques public prévoient une stabilisation du prix autour de 60 dollars. Le gel des tarifs de l'électricité et du gaz annoncé en décembre par le Premier ministre Edouard Philippe pour répondre à la crise des "Gilets jaunes" devrait contribuer à freiner la hausse des prix. « L'inflation diminuerait nettement d'ici juin 2019 » prévient l'Insee.

Mais ce gel est bien temporaire. La commission de régulation de l'énergie a récemment rappelé que le gel devra être rattrapé. En réponse, le gouvernement français a confirmé qu'il n'appliquerait pas avant la fin de l'hiver la hausse de 5,9% TTC des tarifs réglementés de l'électricité entérinée le 21 février par la Commission de régulation de l'énergie. Cette hausse est censée s'appliquer dès le premier mars à tous les consommateurs résidentiels abonnés au tarif bleu d'EDF, soit à 25,6 millions de foyers, ainsi qu'aux petits professionnels (3,2 millions).