Les signaux positifs se multiplient pour l'économie française. D'après l'Insee, le climat des affaires a gagné un point entre janvier et février. Il se situe désormais à 103 contre 100 correspondant à sa moyenne de long terme. De son côté, l'indice PMI publié par l'institut Markit, jeudi 21 février, signale que l'activité du secteur privé s'est stabilisée en janvier après deux mois de repli. Ces deux indicateurs corroborent ainsi les dernières prévisions de la Banque de France qui indiquaient il y a quelques jours que le produit intérieur brut (PIB) progresserait de 0,4% au premier trimestre contre 0,3% entre octobre et décembre 2018.
L'activité tricolore devrait ainsi retrouver de la vigueur durant les trois premiers mois de l'année après une année 2018 au ralenti (1,5%) et une année 2017 exceptionnelle (2,3%). L'année dernière, le rythme de progression trimestriel n'a jamais dépassé 0,3%, d'après les chiffres de l'institut de statistiques public. Pour le gouvernement, ces derniers indicateurs pourraient constituer une bouffée d'air alors que le mouvement des "Gilets jaunes" se prolonge et que la cote de popularité du président Emmanuel Macron se stabilise dans les sondages.
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Recul dans les services
Le climat des affaires, calculé à partir d'une enquête menée auprès des chefs d'entreprise des principaux secteur d'activité, est resté stable dans l'industrie à 103. Dans le bâtiment, il continue de progresser à 111 en février contre 109 en janvier. Dans le commerce de détail, l'indice retrouve des couleurs à 102 après avoir connu un creux en décembre seulement quelques semaines après le début des "Gilets jaunes". En revanche, le moral des dirigeants dans les services décline à 102 contre 104 le mois précédent.
Sur le front de l'emploi, les perspectives s'améliorent légèrement. Le climat de l'emploi a gagné deux points. Il se situe à 106 contre 104 en décembre. L'"indicateur de retournement pour l'ensemble de l'économie", qui permet d'évaluer le niveau futur de l'activité, reste pour sa part "dans la zone indiquant un climat conjoncturel favorable", souligne l'Insee.
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Hausse des carnets de commande dans l'industrie
L'impact macroéconomique du mouvement des Gilets jaunes reste encore difficile à évaluer. Dans une première estimation, les économistes de l'Insee indiquaient que les mobilisations pourraient ôter 0,1 point à la croissance du PIB au quatrième trimestre 2018, via les secteurs d'activité sans doute principalement touchés. C'est une estimation qui "est néanmoins soumise à beaucoup d'aléas, ne serait-ce que sur la durée du mouvement."
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En revanche, certains secteurs, comme le commerce de détail, ont souffert beaucoup plus que d'autres. Parmi les prestataires de services interrogés par Markit, les répondants indiquent "une baisse de l'activité l'attribuent aux mouvements sociaux sur le territoire français". Dans l'industrie manufacturière, la production s'est stabilisée les économistes de Markit. "Si les manifestations des 'Gilets jaunes' ont de nouveau pesé sur l'activité de certaines entreprises, l'impact négatif de ces manifestations a été atténué par une hausse des carnets de commandes chez de nombreux fabricants".
En revanche, les craintes exprimées sur la croissance en fin d'année ne semblent pas s'estomper. Pour l'économiste Eliot Kerr, "les performances économiques françaises demeureront inférieures à leur potentiel tant que le climat social ne s'apaisera pas. Au vu de la forte incertitude pesant actuellement sur la conjoncture économique mondiale, ces problèmes de politique intérieure et leurs répercussions sur les niveaux d'activité resteront, à n'en pas douter, préjudiciables à la croissance." Le coup de frein des principales économies de la zone euro comme l'Allemagne ou l'Italie et les perspectives de plus en plus sérieuses d'un Brexit sans accord pourraient encore amener les économistes à réviser leurs projections d'activité à la baisse.
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