Bruno Le Maire fait le bilan de "son" quinquennat et trace des pistes d'avenir (si Macron est réélu)

Lors de ses voeux à la presse, le ministre de l'Economie a tiré le bilan du quinquennat Macron et dessiné les grands chantiers économiques à venir si le président de la République est réélu en avril prochain.
Grégoire Normand
Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)

Il flottait comme un parfum de fin de règne dans les couloirs clairsemés de Bercy ce vendredi 7 janvier. Télétravail oblige, de nombreux fonctionnaires ont déserté les immenses bâtiments du 12e arrondissement proches de la Seine. Après cinq années tumultueuses aux manettes de l'économie française, le ministre des Finances Bruno Le Maire a dressé, lors de ses voeux à la presse, le bilan de son mandat tout en esquissant ses projets si Emmanuel Macron est réélu à la prochaine présidentielle en avril prochain.

"Le quinquennat a été marqué par une transformation importante de l'économie. Cette transformation a été bouleversée par la pandémie. Il faut dorénavant revenir sur les rails de cette transformation. Mon mandat en 2017 était de rendre l'économie plus compétitive et plus attractive", a affirmé le ministre devant quelques journalistes réunis dans le centre de conférences Pierre Mendès France. Alors qu'Omicron continue d'affoler les compteurs des contaminations, Bruno Le Maire se retrouve à devoir encore gérer l'impact des différents variants sur l'économie française.

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Pouvoir d'achat : le dossier brûlant des prix de l'énergie

La fièvre des prix de l'énergie, des matières premières et de l'alimentaire reste un dossier brûlant pour le ministre de l'Économie. À moins de 100 jours du premier tour du scrutin présidentiel, le gouvernement est sous pression pour tenter de limiter l'impact de ces hausses de prix sur le porte-monnaie des Français.

"C'est politiquement dangereux. En 2021, il n'y a pas eu de hausse des factures d'électricité pour les Français. Beaucoup d'entreprises électro-intensives peuvent se retrouver en forte difficulté économique. Nous cherchons une solution pour plafonner les prix de l'électricité à 4% en 2022. Cette explosion des prix de l'électricité n'est pas soutenable pour les ménages et les entreprises", a déclaré le ministre des Finances.

Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee a d'ailleurs prévu une baisse du pouvoir d'achat par unité de consommation d'environ 0,5% au cours du premier semestre 2022. Ce qui pourrait assombrir le bilan du gouvernement qui s'acharne depuis le mois de septembre dernier à défendre ses actions en matière de pouvoir d'achat.

Après avoir multiplié les chèques au cours de l'automne (chèque énergie, chèque inflation), l'exécutif pourrait annoncer dans les prochains jours de nouvelles mesures destinées à amortir la hausse des prix qui s'éternise plus longtemps que prévu.

En ce qui concerne les hausses de salaires dans le secteur privé, le locataire de Bercy s'est montré "favorable à des augmentations dans les branches qui ont des difficultés de recrutement comme le HCR (hôtel, café et restaurant). En revanche, je ne suis pas favorable à une hausse généralisée du SMIC", a-t-il poursuivi.

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Réindustrialisation : baisse des impôts de production et des cotisations au-delà de 2,5 SMIC

Deux années après l'arrivée du virus sur le Vieux Continent, l'industrie européenne continue de trembler. Les derniers chiffres du commerce extérieur dévoilés par les douanes ce vendredi indiquent que le déficit commercial tricolore a plongé à un niveau record en novembre à 9 milliards d'euros. La hausse des prix de l'énergie en fin d'année a largement contribué à aggraver la balance commerciale hexagonale.

"En volume, les importations n'auraient augmenté que de 2,6% depuis le début de l'année 2021, contre 20,1% en valeur", rappellent les douanes dans un communiqué.

De son côté, le ministre de l'Economie a réaffirmé que la réindustrialisation de la France devait être "la priorité" des prochaines années.

"La France ne peut pas garder une balance commerciale déficitaire. La faiblesse de notre commerce extérieur est le reflet des faiblesses de notre économie domestique. C'est une désertion industrielle à laquelle nous avons assisté depuis trente ans", a-t-il regretté. Il a notamment pointé que "le concept d'industrie sans usine est une foutaise", rappelant que les dirigeants d'entreprise avaient également "leur part de responsabilité dans les délocalisations".

Puis le ministre lançait cet avertissement:

"La France a le taux de délocalisation le plus élevé dans les pays développés. C'est un mauvais modèle qui appauvrit les Français. Lorsqu'une usine ferme, il y a une permanence du Rassemblement National qui ouvre."

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Face à cette désindustrialisation galopante, Bruno Le Maire veut poursuivre sans surprise la politique de l'offre menée depuis le début du quinquennat. Il veut notamment continuer la baisse des impôts de production en s'attaquant à la C3S (Contribution sociale de solidarité des sociétés) qui contribue au financement de l'assurance vieillesse. La baisse des impôts de production réclamée par une partie du patronat pourrait fragiliser le financement du modèle de protection sociale. Le ministre des Finances a également ouvert le débat sur les baisses de cotisations pour les salaires au dessus de 2,5 SMIC.

France 2030 : un plan d'investissement toujours sans gouvernance

Le plan d'investissement France 2030 a décidément du plomb dans l'aile. Alors que le président de la République avait promis, lors d'un discours fleuve à l'Élysée en octobre, de présenter une gouvernance de cette enveloppe de 30 milliards d'euros au début du mois de janvier, la question est loin d'être tranchée.

Interrogé sur ce point, Bruno Le Maire ne s'est pas montré satisfait des pistes avancées. "Les propositions sur la gouvernance de France 2030 sont démodées. Ce n'est pas une question de personnalité, mais c'est la structure qui ne va pas. À chaque fois, on me propose une structure avec beaucoup de technocrates. La vraie question est de s'interroger sur le lien entre la recherche et l'industrie. Comment fait-on le lien entre recherche fondamentale et reconquête industrielle ? Si la gouvernance est du 20e siècle et pas du 21e siècle, je ne serai pas convaincu et je ne ferai pas de proposition au président de la République", a-t-il déclaré. En attendant, la campagne présidentielle pourrait prendre le pas sur cette décision.

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Grégoire Normand
Commentaires 29
à écrit le 10/01/2022 à 5:49
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Avec les taux qui remontent, ca va saigner. Merci micron.

à écrit le 09/01/2022 à 14:08
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c est bien beau de baisser les impots de production et la C3S mais il faut voir a biasser les depenses qu elles financent ! Et je voit pas un gouvernement assez courageux pour mettre a la diete les retraités (eh oui le gros des depenses c est les pen...

à écrit le 09/01/2022 à 9:23
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La résultante de son bilan se résume à un seul chiffre : 2800 milliards de dettes publiques.. Si il n'est pas le seul responsable son devoir était d'y mettre bon ordre.

à écrit le 09/01/2022 à 8:55
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son bilan est facile, c'est ' quoi qu'il en coute'.......ca va se payer tres cher dans pas longtemps, mais il fera comme hollande, il dira que c'est pas lui, c'est pas sa faute

à écrit le 08/01/2022 à 20:05
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Ce qu’il faut à mon avis comprendre, concernant l’écart de langage méprisant de Macron que certains s’obstinent à considérer comme étant un savant calcul alors qu’il s’agissait probablement d’une bourde, c’est que les 25 % d’intentions de votes pour ...

à écrit le 08/01/2022 à 18:58
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"Mon mandat en 2017 ", les Français n'ont donné aucun mandat à M Le Maire, il n'a fait qu’obéir aux ordres de M Macron. Le responsable du projet Hercule (cf présidence de l'UE de 2008) qui détruit EDF ferait mieux d'aller voir auprès des agriculteurs...

à écrit le 08/01/2022 à 15:57
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Lu dans le canard du 05/01 :"Dans les colonnes du Figaro, l'homme de Bercy s'emballe : Non seulement Emmanuel Macron aime l'histoire de France, mais en plus il la fait !". comment passer la brosse à reluire.

à écrit le 08/01/2022 à 12:18
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"Mon mandat en 2017 était de rendre l'économie plus compétitive et plus attractive" Un mandat pour rien, en 2021 la France bat tous les records (déficit commercial, explosion de la dette plus importante que ses voisins avec la même pandémie, récessi...

le 08/01/2022 à 12:40
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Bof rien de différent que l époque Sarkozy .. voir pire quand on regarde la courbe de l endettement Balladur et Sarko ont même fait pire que Mitterand .. mais ça ils ne le diront jamais .. ni pecresse de d ailleurs ministre a le poque …

le 08/01/2022 à 18:16
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En ce qui concerne la politique industrielle et ses différents aspects (fiscal, formation, innovation...) on juge les resultats surtout au niveau de la balance commerciale sur 5-10 ans parce que c'est le temp pour voir les premiers resultats. Les de...

à écrit le 08/01/2022 à 12:16
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"Mon mandat en 2017 était de rendre l'économie plus compétitive et plus attractive" Un mandat pour rien, en 2021 la France bat tous les records (déficit commercial, explosion de la dette plus importante que ses voisins avec la même pandémie, récessi...

à écrit le 08/01/2022 à 11:21
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Bruno LEMAIRE devrait faire l'économie de présenter son bilan et de tracer l'avenir, Macron va être renvoyé dans l'oubli par les électeurs, comme Hollande et Giscard

le 08/01/2022 à 12:47
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Pas si sûr non pas que Macron ait brillé même s il a tenu le navire dans les remous des gilets jaunes et du covid et si il a fait la ferorle de la sncf la ou tous ses prédécesseurs avaient échoué -on moins ça on peut lui être gré - Mais c est sur...

à écrit le 08/01/2022 à 10:21
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En 5 ans rien n'a vraiment changé. L'industrie en France est en voie de disparition. Toujours plus de délocalisations il faudrait se poser la question pourquoi ? Sûrement trop de prélèvements obligatoires. Bilan de Bruno Lemaire nul note 2/20.

le 09/01/2022 à 11:33
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Les 2 points sont pour quoi ?

à écrit le 08/01/2022 à 9:19
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Une explosion de la dette alors qu'ils disaient tous qu'elle était insoutenable. Bravo !

le 09/01/2022 à 10:39
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Un dette contractée par les vieux, à charge à leurs petits enfants de régler (comme ils aiment à le penser)

le 09/01/2022 à 11:45
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Ils n'ont pas hésiter une seule seconde et s'ils pouvaient même s'en débarrasser de tout ces jeunes beaux et vivants ça permettrait d'avoir un peu moins peur pendant un peu de temps.

à écrit le 08/01/2022 à 8:18
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Lire l’article de Challenges aussi, on y trouve beaucoup d’arrogance quand il m’est sur le dos des chefs d’entreprise la désindustrialisation de la France alors que si les entreprises ont quitté le pays on le doit à une fiscalité excessive sur tous l...

à écrit le 07/01/2022 à 21:30
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Monsieur 4% a trouvé un job pour un plat de lentilles: fin avril bon débarras!!

à écrit le 07/01/2022 à 20:54
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Il n'a rien. Que des échecs à mettre à son actif. 600 milliards d'euros de dettes, déficit budgétaire, commercial en mode record.

à écrit le 07/01/2022 à 17:53
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Bruno Lemaire... n'a pas reduit les depenses de l'Etat, a augmente la dette de 28%, n'a pas reduit le deficit industiel, commercial, mais il a ecrit 14 livres, Il n'a pas stimule, encourage le secteur exportateur, reforme la France, En un mot: une ...

le 07/01/2022 à 18:16
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Vous oubliez nombre de ses performances: la dette de la SNCF, le gâchis fantastique d'argent public dans Air France (l'état -merci M.Lemaire, va laisser plus de 10 milliards dans ce dossier), les chèques énergies qui vont se révéler très couteux, le ...

à écrit le 07/01/2022 à 17:49
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Mon Nono t'avais pourtant la solution, décorréler le prix de l'électricité en france de celui du gaz, t'en es où la dessus, ça avance bien?

à écrit le 07/01/2022 à 17:22
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Pour Macron, la France n'est qu'une province européenne et doit s'aligner a la "hauteur" basique des autres!

le 07/01/2022 à 18:17
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D'ailleurs , L'Académie française est prête à aller devant la justice pour faire supprimer des mentions en anglais sur le nouveau modèle de la carte nationale d'identité, a indiqué son secrétaire perpétuel Hélène Carrère d'Encausse .L'Académie estime...

à écrit le 07/01/2022 à 17:22
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Pour Macron, la France n'est qu'une province européenne et doit s'aligner a la "hauteur" basique des autres!

à écrit le 07/01/2022 à 17:13
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ce qu'il appelle investissement sera sans doute une magouille comptable pour transformer les dettes de mauvaise gestion en investissement ; A quand la promesse de la derniere campagne ,de supprimer tous ces elus qui se sont ridiculises la semaine d...

le 07/01/2022 à 20:12
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Ben voyons...

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