La pandémie continue de donner le vertige. Plus de seize mois après l'arrivée du virus sur le territoire européen, les statisticiens de l'Insee commencent à avoir un peu plus de recul sur les effets néfastes de cette maladie infectieuse sur le marché du travail.
L'institut de statistiques a mené pendant un an une vaste enquête de terrain sur la main d'œuvre. Les résultats ont été dévoilés ce mardi 29 juin. On y apprend que si la plupart des salariés de l'ensemble des secteurs ont été touchés par la crise sanitaire, certains ont connu une situation très tendue lors des périodes de confinement.
Dans son travail de recherche intitulé "Cinq trajectoires sectorielles à l'épreuve de la crise sanitaire", Marie Gouyon chargée d'études à la Dares (ministère du Travail) a rappelé lors d'un point presse que "37% des salariés des entreprises ont vu leur activité se dégrader pendant le premier et le second confinement tout secteur confondu. A l'inverse, 19% des salariés travaillaient dans une structure dont l'activité n'a souffert ni du premier confinement, ni du second".
A l'heure où l'économie repart, beaucoup de secteurs risquent de payer au prix fort les différentes vagues épidémiques et les confinements à répétition.
La restauration et la culture dans le rouge
L'un des principaux enseignements est que derrière les moyennes précitées, il existe des contrastes saisissants entre le secteurs. Sans surprise, la restauration et les arts et spectacles ont été en première ligne au cours de cette année pandémique. 70% des salariés de la restauration étaient employés dans une société complètement à l'arrêt lors du premier confinement et 35% pendant le second. Et les perspectives d'activité sont restées sombres pendant toute l'année 2020. Résultat, beaucoup d'employeurs sont actuellement à la peine pour recruter des saisonniers ou trouver du personnel pour la saison estivale.
Dans la culture, six salariés sur dix évoluaient dans des entreprises à l'arrêt pendant le premier confinement et 20% lors du second confinement de novembre. Certaines tâches, notamment administratives, ont pu toutefois être réalisées en télétravail. En revanche, les perspectives sont restées également bouchées pour ce secteur. "Plus de la moitié des entreprises anticipaient fin 2020 que leurs activités mettraient plus d'un an avant de revenir à la normale", indique l'étude. Au final, ces secteurs influents de l'économie française risquent de subir les effets à long terme de la crise.
L'industrie automobile en manque de demande
Un autre secteur économique de poids a été fortement touché. L'industrie automobile très dépendante du commerce extérieur a particulièrement souffert de la fermeture des frontières. Ainsi, l'Insee rappelle que le manque de débouchés a plombé l'activité de cette industrie tout au long de l'année. Si beaucoup d'ouvriers et d'employés ont été placés en chômage partiel à partir de mars 2020, le télétravail a tout de même concerné jusqu'à 25% des salariés du secteur. Les grands acteurs ont annoncé des fermetures de sites et des coupes dans les effectifs très rapidement. Si l'annonce de l'ouverture d'une grande usine de batteries électriques dans le Nord à Douai par le géant chinois Envision devrait permettre de créer des emplois, l'industrie automobile devrait continuer de détruire des emplois dans les mois à venir.
Recours massif au télétravail dans l'informatique
L'informatique est l'un des secteurs qui a limité la casse tout au long de l'année 2020. Déjà avant la crise sanitaire, 14% des salariés effectuaient du télétravail contre 7% en moyenne dans tous les autres secteurs. Les différentes périodes de confinement ont entraîné un recours massif au travail à distance dans ce secteur d'activité. Près de 70% des ces salariés ont été en télétravail lors des périodes de restriction. L'activité a ainsi été préservée.
Commerce : une situation hétérogène
La pandémie a eu des répercussions très contrastées sur le commerce. Dans le segment du détail alimentaire, les salariés ont connu une hausse de l'activité en raison notamment du premier confinement. La situation dans le commerce de gros alimentaire est relativement comparable. Ce secteur a néanmoins souffert de la chute de l'activité dans la restauration et l'événementiel. Enfin, le commerce non alimentaire a été particulièrement affecté. "Les entreprises déclarant avoir subi une forte dégradation de leur activité représentent 70% des salariés lors du premier confinement et 21% lors du second" précise l'organisme de statistiques. Cette chute souligne les moindres restrictions du second confinement et la mise en œuvre importante de nouveaux outils de commercialisation (ventes en ligne) pour tenter de trouver de nouveaux débouchés.