Protection des entreprises stratégiques : la France en état d’alerte

Depuis le début de la crise du Covid-19, les services de l'Etat ont constaté une intensification des alertes concernant d’éventuelles prises de contrôle de pépites industrielles ou technologiques par des acteurs étrangers.
Pierre Manière
Le ministère de l'Economie et des Finances.
Le ministère de l'Economie et des Finances. (Crédits : Reuters)

La France est sur le qui-vive. La crise du coronavirus a fragilisé le tissu économique, dont beaucoup d'entreprises stratégiques dans tous les domaines d'activité. Un grand nombre de pépites industrielles et technologiques ont essuyé de grandes difficultés. Certaines ont rencontré des problèmes de trésorerie, d'autres ont vu leur valorisation baisser significativement. Un contexte qui aiguise l'appétit des groupes étrangers - chinois et américains notamment -, qui y voient l'opportunité de faire main basse sur certains fleurons tricolores. Selon Bercy, les services de l'Etat ont constaté, depuis le début de l'épidémie, une « intensification des comportements de prédation ». Sur ce front, le nombre d'« alertes » a été multiplié par deux. Sachant qu'il ne s'agit pas seulement de tentatives de rachat purs et simples : certaines alertes concernent, par exemple, des propositions de partenariats de recherche émanant de groupes étrangers dont Bercy se méfie.

Cet accroissement du nombre d'alertes demeure toutefois inférieur à ce que l'Etat attendait. Deux raisons peuvent l'expliquer. Primo, l'exécutif a tout de suite mis en place des dispositifs visant à contrecarrer d'éventuels rachats de groupes stratégiques. Ce qui a pu avoir un effet dissuasif. Secundo, il est possible que ce type d'offensives arrive plus tard, une fois que les incertitudes économiques, qui pèsent sur tous les acteurs économiques à travers le monde, seront plus ou moins dissipées. Autrement dit, la vigilance reste de mise, pas question de baisser la garde.

Cartographie des actifs stratégiques

L'exécutif estime aujourd'hui disposer d'un arsenal suffisant pour contrer d'éventuels prédateurs. Le premier levier concerne la détection de ces menaces. Ces dernières années, la Direction générale des entreprises (DGE) a « élaboré une cartographie précise de l'ensemble des actifs stratégiques à protéger »expliquait à La Tribune Thomas Courbe, son patron, en janvier dernier. Beaucoup d'entreprises, y comprises de petites PME, sont désormais dans le champs de vision de Bercy. Ce qui permet à ses troupes de réagir beaucoup plus tôt que par le passé. Cette cartographie a, en outre, été étoffée pendant la crise du Covid-19. Certaines entreprises, dans le domaine médical en particulier, ont logiquement rejoint les rangs des actifs stratégiques.

Il y a ensuite la question des moyens d'actions. Peu après le début de la crise du Covid-19, le gouvernement a mis en place un fonds d'aide pour les entreprises stratégiques, doté de 20 milliards d'euros. Cette manne doit notamment permettre à l'Etat de répondre à des tentatives de prise de contrôle, au besoin via des prises de participation majoritaire. Le gouvernement prépare aussi le lancement du fonds French Tech Souveraineté. Doté d'une capacité de 500 millions d'euros, il permettra, si nécessaire, à l'Etat de s'inviter au capital de startups françaises stratégiques en cas de raid.

Préserver la souveraineté économique

Ces mesures s'inscrivent dans une politique plus large, visant à préserver la souveraineté économique du pays. Ces dernières années, nombre de grands groupes (Technip, Alstom Energie ou Alcatel-Lucent) et startups stratégiques sont passés sous pavillon étranger. Or la crise du coronavirus et la guerre technologique et commerciale entre la Chine et les Etats-Unis montrent, plus que jamais, l'importance, pour la France, de garder la maîtrise de certains savoir-faire clés.

Pierre Manière
Commentaires 7
à écrit le 16/07/2020 à 18:45
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ce qu'il y a de clair c'est qu'avec toutes les lois hollande ( dailymotion, florange, eckert et toutes les autres) les boites rachetees ne restent pas en france il faudrait un actionnariat de long terme, ca tombe bien, y a la bpi pour financer tous ...

le 17/07/2020 à 14:46
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Heureusement qu'il y a eu Hollande en attendant ! D'un coup il a permit à ta sémantique de rajeunir de 35 ans ! Et merci à lui ! Sinon tu nous parlerais toujours de mitterand... :-)

à écrit le 16/07/2020 à 18:30
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Ah bon ?! Sans dec' ! Heureusement qu'on a nos énarques pour s'en rendre compte 😁

à écrit le 16/07/2020 à 15:30
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L'état ne s’intéresse aux "pépites" en question que de part ce qu'elles rapportent, le reste ils s'en moque !

à écrit le 16/07/2020 à 13:16
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défendre à tout prix par l'endettement de l'Etat et des entreprises est un suicide collectif

le 17/07/2020 à 10:51
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Pourquoi? Vous préfériez que toutes ces pépites passent sous pavillon chinois ? Peut être le motif la cause ou la conséquence du covid 19... ouvrez les yeux au lieu de vous lamenter !

à écrit le 16/07/2020 à 13:06
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Nos entreprises n'ayant jamais eu grande valeur en bourse sont des proies faciles pour les groupes étrangers et fonds de pension. Faut dire que nous n'avons jamais étés incités à investir en bourse. Manquent des lois de protection et toute fermetur...

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