Réforme des retraites : le patron de la CGT Energie convoqué par la gendarmerie

Après une enquête diligentée par le parquet de Privas, Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT des mines et de l'énergie (FNME-CGT) est convoqué par la gendarmerie pour des actions commises lors des mouvements sociaux contre la réforme des retraites.
La convocation fait suite, selon la CGT-Energie, à une coupure de courant opérée le 8 mars, au plus fort de la contestation de la réforme des retraites.
La convocation fait suite, selon la CGT-Energie, à une coupure de courant opérée le 8 mars, au plus fort de la contestation de la réforme des retraites. (Crédits : Eric Gaillard)

Alors que la loi sur la réforme des retraites entre en vigueur ce vendredi, la CGT Energie, qui déplore la fin des régimes spéciaux des salariés de la branche des industries électriques et gazières (IEG), va devoir répondre d'actes commis durant le conflit social.

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Sébastien Ménesplier, son responsable, devenu un dirigeant de premier plan de la CGT, est ainsi convoqué mercredi à la gendarmerie de Montmorency dans le Val d'Oise pour « mise en danger d'autrui par personne morale (risque immédiat de mort ou d'infirmité) par violation manifestement délibérée d'une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence », dans le cadre d'une enquête diligentée par le parquet de Privas.

Coupure d'électricité

Elle fait suite, selon la CGT-Energie, à une coupure de courant opérée le 8 mars, au plus fort de la contestation de la réforme. Dans la ville d'Annonay (Ardèche), fief du ministre du Travail Olivier Dussopt, l'action avait privé de courant plusieurs milliers de foyers. Elle avait été revendiquée par Sébastien Ménesplier. Ce dernier soulignait sa portée « symbolique ».

Mi-janvier, il avait expliqué que le syndicat envisageait des coupures ciblées contre les permanences des élus qui soutiennent le projet prévoyant de décaler l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l'augmentation de la durée de cotisation.

« On va aller voir ceux qui veulent la réforme, qui la soutiennent, ceux-là on va s'occuper d'eux. On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, et puis si d'aventure ils ne comprennent pas le monde du travail on les ciblera dans les coupures qu'on saura organiser ».

Sollicité à plusieurs reprises par l'AFP, le parquet de Privas n'a pas donné suite. Le ministère de la Transition énergétique n'a pas souhaité commenter.

Sophie Binet demande à Elisabeth Borne d'« intervenir »

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a appelé sur X (ex-Twitter) la Première ministre Elisabeth Borne à « intervenir immédiatement pour mettre fin à ces poursuites » contre le responsable, qui siège depuis le printemps au bureau confédéral de la centrale syndicale.

La nouvelle présidente a aussi envoyé un courrier à la cheffe du gouvernement où elle souligne qu'il faut remonter « aux heures sombres de la décolonisation pour voir un secrétaire général confédéral de la CGT convoqué pour son action militante ». Sophie Binet a aussi porté le sujet à l'Elysée, lors d'une entrevue mardi avec Emmanuel Macron, en soulignant que « la répression syndicale franchit un cap gravissime et inédit depuis au moins 50 ans ».

« Dans la fédération c'est une première, jamais un secrétaire général n'a été convoqué par la gendarmerie ou la police », a renchéri Sébastien Ménesplier, qui souligne qu'il « n'était pas » à Annonay. Dans un « état d'esprit offensif, prêt à (se) défendre et à répondre aux questions », il l'assure : « Jamais ils n'arriveront à nous calmer » et prévient que « de nombreux sujets vont venir sur le devant de la scène » dans le cadre de la rentrée sociale.

La CGT soutenue par la Confédération européenne des syndicats

Si, comme à chaque fois lors de ce genre d'actions, le distributeur d'électricité Enedis a porté plainte contre X, « ces entreprises demeurent sous le contrôle des pouvoirs publics », souligne Stéphane Sirot, historien spécialiste des syndicats, professeur à Cergy-Pontoise, pour qui cet élément « politise » cette affaire.

« Ce n'est pas nouveau, que des agents EDF, RTE ou autre transgressent des règles, simplement à d'autres moments, ça pouvait se régler différemment », note le spécialiste qui évoque « un durcissement très net des mouvements sociaux » depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir.

L'affaire a ému au-delà des frontières françaises : dans un courrier à Matignon, Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, a condamné « une attaque inacceptable contre les syndicats et les droits syndicaux » et appelé la France à garantir « le respect effectif du droit fondamental des travailleurs à mener des actions pour défendre leurs intérêts ».

La CGT appelle les agents électriciens et gaziers à se mettre en grève mercredi à 9 heures, heure de la convocation, et à un rassemblement devant la gendarmerie, sous la houlette de Sophie Binet. Outre cette convocation, trois militants de la CGT doivent être jugés le 15 septembre par le tribunal correctionnel de Marseille et deux autres le 21 novembre par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour d'autres actions contre la réforme des retraites.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 02/09/2023 à 8:12
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Si les syndicats veulent que les états respectent leurs droits, alors ils doivent eux aussi respecter le droit des états, et ne pas se comporter comme des délinquants.

à écrit le 01/09/2023 à 10:28
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Nous n'en sommes pas encore à la séparation des pouvoirs prônée par Montesquieu. Ah! Cette Monarchie Républicaine!....

à écrit le 01/09/2023 à 9:24
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La CGT a tous les droits, même ceux de réaliser des actions illégales et pourquoi pas de demander à la première ministre d'intervenir dans l'indépendance de la justice. Les syndicalistes sont comme les autres justiciables, la loi est la même pour tou...

le 01/09/2023 à 17:00
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"La CGT a tous les droits, même ceux de réaliser des actions illégales" Voir même à appeler à voter Macron en 2022 au deuxième tour comme les autres syndicats d’ailleurs alors que cette réforme des retraites était prévue,comme quoi,faut bien lire ...

à écrit le 01/09/2023 à 9:12
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Et qu'en est il des policiers qui ont tabassé à un mort un jeune actif et du policier qui a exécuté un jeune de 17 ans ? Bref la justice des vainqueurs.

le 01/09/2023 à 9:32
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Justement, il faut restaurer l'Autorité, y compris contre les voyous... Sinon, je deviens voyou à mon tour et je ne paie plus mes impôts, pour commencer...

le 02/09/2023 à 9:11
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Pour toi une exécution c'est de l'autorité ? Pour moi c'est l'inverse c'est le signe d'un effondrement sécuritaire général.

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