Retraites : dans l’énergie, la CGT veut bloquer l’économie, la semaine prochaine sera « cruciale »

Dans le secteur de l'énergie, la CGT prépare déjà le coup d’après et appelle à faire grève les 6,7 et 8 février prochains afin de faire plier le gouvernement sur la réforme des retraites. Outre les baisses de production, les coupures d'électricité ciblées et les actions « Robin des bois » organisées ce mardi, les syndicats préviennent des conséquences à retardement qu'aura cette mobilisation pour le réseau électrique.
Juliette Raynal
Manifestation à Paris contre le projet de réforme des retraites le 19 janvier dernier.
Manifestation à Paris contre le projet de réforme des retraites le 19 janvier dernier. (Crédits : Reuters)

Alors que des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues ce mardi 31 janvier pour manifester contre le projet de réforme des retraites, les syndicats de l'énergie avaient déjà « fixé la suite », avant le début de la manifestation, expliquait  ce mardi matin Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la Fédération nationale des mines et de l'énergie-CGT (FNME-CGT).

La fédération appelle ainsi à la grève les 6,7 et 8 février prochains « pour être dans le même temps que les fédérations des ports et des docks, des industries de la chimie et du pétrole et des cheminots », explique le syndicaliste. « Nous sommes persuadés que la mobilisation sera plus forte aujourd'hui que le 19. Mais qu'importe le bilan en nombre de la journée, on est déjà persuadé qu'on continuera la mobilisation jusqu'au retrait du projet de réforme », ajoute-t-il. Même son de cloche du côté chez TotalEnergies.

« Le moment crucial, ce sera la semaine prochaine », a assuré à l'AFP Eric Sellini, coordinateur pour TotalEnergies. Plusieurs fédérations de la CGT, comme dans l'énergie ou la chimie (raffineries), ont déjà affirmé leur volonté d'inscrire le mouvement dans le temps, quitte à le durcir. De nouvelles grèves sont d'ores et déjà à prévoir de lundi à mercredi prochain dans les raffineries, en pleines vacances scolaires qui auront commencé le 4 février pour la zone A (qui inclut Lyon et Bordeaux).

« C'est là qu'on va voir si la bascule se fait ou pas, si les salariés sont prêts à nous suivre sur le mot d'ordre de la reconduction », explique Eric Sellini. Et d'ajouter : « On est quasiment persuadé que s'il n'y a pas d'impact sur l'économie de façon significative, il n'y aura pas de changement de ligne de conduite du gouvernement ».

Une stratégie à l'opposée de celle de la CFDT.

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Pour l'heure, la grève à TotalEnergies a été suivie mardi par 55% des effectifs postés du quart du matin (contre 65% le 19 janvier), selon la direction. La CGT comptait elle, après les changements de quart de la mi-journée, 90% de grévistes à la raffinerie de Normandie, 85% à celle de Donges près de Saint-Nazaire et 50% grévistes au dépôt de Flandres.

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Le secteur de l'énergie se présente comme le fer de lance de ce mouvement social. Les salariés de la branche des Industries électriques et gazières (IEG) sont particulièrement concernés par cette réforme car son adoption conduirait à la suppression de leur régime de retraite spécial. Celui-ci permet, dans certains cas, des départs anticipés pour tenir compte de la pénibilité des métiers. Le calcul de la pension s'effectue également sur la base du salaire des six derniers mois de la carrière du salarié.

Baisses de production et coupures ciblées

La mobilisation, très importante dans les entreprises du secteur le 19 janvier dernier, s'est maintenue au cours des dix derniers jours. Ces dernières heures, elle s'est illustrée par une baisse de la production d'électricité de 3.000 mégawatts (MW) en cumulée entre 16 heures hier et aujourd'hui au petit matin. Soit l'équivalent, en puissance, de trois réacteurs nucléaires. « Il y a encore de nombreux piquets de grève dans les centrales de production ce matin, mais pas de baisse de charge car RTE [le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, ndlr] a envoyé très tôt des messages de sûreté en raison d'un équilibre tendu entre l'offre et la demande d'électricité. Nous avons été très vite bridés », explique Fabrice Coudour. « Les équipes de nuit et du matin étaient majoritairement grévistes », confirme Virginie Neumayer, déléguée syndicale de la FNME-CGT.

Outre les centrales nucléaires de Paluel (Seine-Maritime), de Gravelines (Nord) et de Saint-Alban (Haute-Garonne), les baisses de production ont également touché la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) et les centrales fonctionnant au gaz situées à Martigues (Bouches du Rhône), Blénod (Meurthe et Moselle) et Bouchain (Nord).

Dans le département du Lot et Garonne, les grévistes ont également mis hors tension plusieurs radars routiers dans le cadre d'une opération baptisée ironiquement « Sobriété énergétique », par la CGT, en référence au plan de sobriété dévoilé par le gouvernement à l'automne. Au cours de la journée, des coupures d'électricité ciblées pourraient également viser les permanences d'élus locaux soutenant le projet de réforme des retraites. Le 19 janvier dernier, deux coupures avaient été enregistrées à Massy (Essonne) ainsi qu'à Chaumont (Haute-Marne).

Actions « Robin des bois »

Depuis plusieurs jours, les grévistes affirment effectuer également des actions dites « Robin des bois ». Il s'agit de rendre gratuite la consommation d'énergie pour certains services publics, comme les hôpitaux et les écoles, et certaines petites entreprises « étranglées par la crise de l'énergie », fait valoir Fabrice Coudour. Très concrètement, il s'agit d'un acte technique qui permet de couper le comptage de l'énergie consommée.

Dans le Lot et Garonne encore, la communication des compteurs Linky a ainsi été coupée, indique la CGT. Et ce, grâce à la substitution « des cartes SIM de 170 concentrateurs », explique le syndicat. « Ces cartes ont été envoyées par courrier à Elisabeth Borne », précise un communiqué de presse.

Pour les particuliers, « nous pratiquons des rétablissements », précise le délégué fédéral. « Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, des particuliers voient bien leur contrat de fourniture d'électricité coupé pendant la trêve hivernale car certains fournisseurs alternatifs contournent la loi et maquillent des demandes de résiliation », déplore-t-il.

Retard à prévoir dans les travaux de maintenance

Au-delà de ces actions ciblées aux conséquences immédiates, les grèves dans le secteur de l'énergie pourraient conduire à des difficultés différées sur la sécurité d'approvisionnement en électricité. En effet, la mobilisation des salariés contre la réforme des retraites retardent des travaux de maintenance menés sur différents réacteurs nucléaires. « Certaines tranches ne pourront pas revenir comme prévu sur le réseau, prévient Virginie Neumayer. La moindre perturbation sur les plannings de maintenance a des répercussions sur le moyen et long terme », ajoute-t-elle. La situation du système électrique « ne nous permet pas de prendre du retard dans le programme de maintenance », alertait, de son côté, RTE lors de son dernier point mensuel, le 18 janvier.

Chez EDF, le taux de grévistes à la mi-journée s'élevait à 40,3%, contre 44,5% à la mi-journée, le 19 janvier dernier. Engie, pour sa part, annonçait 34,3% de grévistes parmi ses salariés IEG à la mi-journée.

Juliette Raynal

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Commentaires 11
à écrit le 01/02/2023 à 17:08
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Ce titre est presqu'un pléonasme car que fait continuellement la CGT sinon bloquer l'économie ? Comment voulez vous attirer les capitaux pour re industrialiser ce pays avec un syndicat repoussoir ?

à écrit le 01/02/2023 à 10:36
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Dès lors que ma pension de retraite tombe chaque mois ,la CGT peut bloquer tout ce qu'elle veut je m'en tape🤣

à écrit le 01/02/2023 à 10:07
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"La CGT veut bloquer l',economie"! C'est intelligent! En même temps on ne peut pas attendre grand chose d'autre d'un syndicat de culture communiste. La philosophie (!) reste celle de l'armée Russe, parce qu'on veut gagner on casse- tout, on prend en...

à écrit le 01/02/2023 à 7:53
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La suite du feuilleton va être amusante, les syndicats énergies , transport ont compris que sans impact fort voire destructeur sur l'économie le gouvernement ne cédera pas, donc il faut paralyser le pays. L'année de la coupe du monde de rugby ,un an...

à écrit le 01/02/2023 à 7:49
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La suite du feuilleton va être amusante, les syndicats énergies , transport ont compris que sans impact fort voire destructeur sur l'économie le gouvernement ne cédera pas, donc il faut paralyser le pays. L'année de la coupe du monde de rugby ,un an...

à écrit le 01/02/2023 à 7:02
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ce qu'il aurait fallu faire, c'est utiliser le 1%CE et les 30 milliards de la formation pour financer les retraites; ca n'aurait rien coute a personne, sauf aux preneurs d'otages......comment des politiciennes incompetentes peuvent elle avoir autant ...

à écrit le 01/02/2023 à 6:53
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L’entêtement du gouvernement est pitoyable et va maintenant devenir dommageable. Les députés devraient mieux représenter leurs électeurs. Aux prochaines élections, ça va dégager sec.

le 01/02/2023 à 10:31
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Vous pensez que les électeurs ont les connaissances nécessaires pour le financement des retraites ?

à écrit le 31/01/2023 à 15:01
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La réforme des retraites des sénateurs n'a pas été faite et ils voudraient nous faire travailler plus. !!!!!! Stop aux privilèges. .

à écrit le 31/01/2023 à 14:49
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2 siecles de combat social trahi par les deputes et le pouvoir en place et tout ceci en excluant tout dialogue social mais ne touche pas a leur avantage et ne sont pas concerné et c'est pourtant bien la que les francais sont trahi une nouvell...

le 31/01/2023 à 15:15
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Combat social contre les actifs qui viennent après et contre la génération suivante qui devra payer nos dettes? Et ne parlons pas d'augmenter les cotisations ou les taxes sur les entreprises: nous sommes déjà le pays avec le déficit commercial plus ...

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