
La partie de ping pong sur les salaires continue entre le gouvernement et le Medef continue. Deux jours après les déclarations du patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, expliquant que l'Etat devait donner l'exemple en matière de hausse de salaires, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a estimé ce samedi sur France Inter que les rémunérations n'étaient "pas à la hauteur" dans certains secteurs comme les hôtels, cafés, restaurants, et à invité les employeurs de ces secteurs, "massivement aidés pendant la crise", à "mettre des propositions sur la table".
"Le sujet du pouvoir d'achat arrive dans le débat, du fait notamment qu'on a vu que les marges des entreprises ont très fortement progressé au premier et au deuxième trimestres", a relevé la ministre. "Donc ça pose effectivement la question du partage de la valeur (...) entre l'entreprise et les salariés et évidemment il faut de la justice dans ce domaine", a-t-elle dit.
Elle a invité "toutes les entreprises dont les marges le permettent à se saisir" de la prime de pouvoir d'achat, dite "prime Macron", qui permet de verser jusqu'à 2.000 euros défiscalisés par salarié. Mais au-delà de cette invitation à toutes les entreprises, Elisabeth Borne a pointé certains secteurs.
"Je pense aussi qu'on a des sujets sectoriels", a-t-elle ajouté, avec "des secteurs dans lesquels les conditions de travail, les rémunérations ne sont pas à la hauteur des contraintes des métiers", citant notamment les "hôtels, cafés, restaurants", qui "doivent se remettre en question".
"Il y a des secteurs qu'on a massivement aidés dans la crise et qui aujourd'hui nous disent: on n'arrive pas à recruter. Eh bien il faut qu'ils se posent la question de pourquoi ils n'arrivent pas à recruter", a-t-elle insisté, ajoutant: "j'attends qu'ils mettent des propositions sur la table".
"C'est des secteurs qu'on aide, qu'on continue à aider, je pense qu'ils entendent le message", a-t-elle conclu.
Interrogé également sur France Inter plus tôt dans la matinée, le leader de la CFDT, Laurent Berger, avait pointé "une responsabilité de l'Etat" et estimé qu'il fallait "conditionner les aides aux entreprises" à l'ouverture de "négociations de branches dans tous les secteurs" sur les rémunérations et les conditions de travail.
Contrats de sous-traitance dans les services passés par l'Etat
Cette sortie de la ministre du travail intervient deux jours après celle de Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef. Pour lui, l'Etat doit donner l'exemple en matière d'augmentation des bas salaires en payant mieux les entreprises de sous-traitance dans les services comme le nettoyage ou le gardiennage,
"Quand l'Etat ou les collectivités locales ou les hôpitaux font des appels d'offres pour du gardiennage, pour de la sécurité avec des prix tirés vers le bas, il n'y a pas de marge de manoeuvre pour augmenter les salaires (...) Quand on augmente les salaires dans ces métiers, c'est les prix qui vont augmenter", a expliqué le patron des patrons.
"Il y a aussi des appels d'offres de grandes entreprises qui doivent montrer l'exemple, mais le premier exemple doit venir de l'Etat", a-t-il insisté.
Le président du Medef a précisé que "la question des salaires se pose pour les emplois de services mal rémunérés, ce n'est pas le cas des fonctionnaires".
"Il y a le cas particulier des HCR (hôtels, cafés et restaurants) où effectivement je pense qu'il y aura des négociations salariales parce qu'il y a un problème de recrutement", mais "là aussi si les salaires augmentent, les prix vont augmenter", a-t-il mis en garde.