Etats-Unis : les créations d’emplois baissent, les salaires augmentent

Les créations d’emplois dans la première économie mondiale ont significativement ralenti au mois d’août par rapport aux mois de juin et juillet, tout comme la croissance dans le secteur des services. Pour autant, les salaires sont à la hausse, dopés par les plans de revalorisation mis en place par Joe Biden pour relancer l’économie américaine dans un contexte de pénurie de main d'œuvre. Le taux de chômage est quant à lui légèrement en recul, à 5,2%.
Joe Biden, président des Etats-Unis, considère que la reprise est « durable et forte ».
Joe Biden, président des Etats-Unis, considère que la reprise est « durable et forte ». (Crédits : TOM BRENNER)

Une décélération brutale des créations d'emplois

Publié ce vendredi 3 septembre, le rapport mensuel de l'emploi du département américain du Travail a dévoilé des chiffres bien en deçà des anticipations des analystes. Concrètement, l'économie des Etats-Unis enregistre une décélération des créations d'emploi, tout particulièrement dans le secteur des services, qui a été frappé de plein fouet par l'épidémie de Covid-19.

Alors que le consensus des économistes interrogés par Reuters prévoyait en moyenne 750.000 créations de postes, le rapport du ministère du Travail américain a fait état de 235.000 emplois créés en août, soit trois fois moins que le niveau attendu. Cette dégradation dans les entreprises du secteur des services est d'autant plus flagrante que les mois de juillet et juin avaient enregistré des données plutôt encourageantes (+1,1 million et +962.000 d'emplois créés respectivement en juillet et en juin).

« Les bonnes nouvelles? Il n'y en a pas », a commenté dans une note Ian Shepherdson, économiste en chef du cabinet Pantheon Macronoeconomics. « Septembre sera sans doute aussi mauvais, et on commence à être inquiet quant à la possibilité d'un rebond en octobre », a-t-il anticipé.

Moins pessimiste, le président Joe Biden a quant à lui qualifié la reprise économique de « durable et forte », en dépit de ce ralentissement causé par variant Delta. Selon lui, la conjoncture économique actuelle montre que son plan « fonctionne », même s'il admet que la croissance est inférieure aux attentes. « Malgré les progrès que nous avons faits, nous ne sommes pas où nous aurions besoin d'être dans notre reprise économique », a-t-il précisé.

Un ralentissement de la croissance dans le secteur tertiaire

La baisse de la création d'emplois dans le secteur tertiaire va de pair avec un ralentissement de la croissance dans ce secteur, dû non seulement à la résurgence du variant Delta du coronavirus et à des pénuries de matières premières qui pèsent sur la reconstitution des stocks des entreprises.

Selon l'ISM, l'indice de la fédération professionnelle, publié ce vendredi et qui mesure le niveau d'activité des entreprises par rapport au mois précédent, la croissance est restée solide mais a connu un ralentissement. L'indice s'est établi à 61,7% en août, signe d'une croissance certes au rendez-vous (puisque l'indice excède les 50%), mais toutefois inférieure au record enregistré en juillet, de 64,1%.

Le secteur des services, vital pour l'économie américaine, est celui qui a le plus souffert des restrictions imposées pour contenir la propagation du coronavirus. La Fédération nationale des restaurants a ainsi fait part récemment d'une fréquentation en baisse en août.

Un taux de chômage pour autant en recul

Malgré ce ralentissement de la création d'emplois et de la croissance dans le secteur des services, les Etats-Unis enregistrent un taux de chômage en recul, s'affichant à 5,2% en août, contre 5,4% le mois précédent.

Les enquêtes officielles considèrent toutefois que le taux est sous-estimé en raison du nombre élevé de personnes se déclarant « employées mais absentes du travail » depuis le début de l'épidémie.

Une multiplication des signaux inflationnistes

Enfin, et bien que cela puisse paraître paradoxal de prime abord, les signaux inflationnistes se multiplient aux Etats-Unis. Le salaire horaire moyen, d'une part, a augmenté de 0,6% en août par rapport au mois précédent, soit deux fois plus que la hausse attendue, et affiche une progression sur un an de 4,3%. Une évolution qui s'inscrit dans la lignée de la stratégie de Joe Biden de revaloriser les salaires, afin de relancer l'économie américaine dans un contexte de pénurie de main d'œuvre.

En outre, sur le marché obligataire, les rendements des bons du Trésor se sont orientés à la hausse, à 1,324% pour les titres à dix ans contre moins de 1,30% avant la publication ce vendredi des statistiques officielles du département américain du Travail.

Seule exception à la tendance générale, le dollar, orienté à la baisse dans un premier temps, tombant alors à 1,19 dollar pour 1 euro, soit son niveau le plus bas depuis le 30 juillet, mais qui a rapidement effacé ses pertes.

Une chose est sûre: ces chiffres d'août vont être scrutés par les investisseurs pour tenter d'y trouver des indices quant à l'évolution de la politique monétaire de la Réserve fédérale. L'institution devrait annoncer en septembre ou en novembre son intention de réduire ses achats d'obligations sur les marchés, l'un des principaux soutiens à l'économie. L'emploi aux Etats-Unis, en particulier, est en train de devenir « l'indicateur clé pour les investisseurs, afin d'anticiper la réduction progressive des achats d'actifs de la Fed », souligne Benjamin Melman, CIO Edmond de Rothschild Asset Management, dans son commentaire mensuel.

(avec AFP et Reuters)

Commentaires 8
à écrit le 05/09/2021 à 18:16
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Rogner sur la nourriture, piocher dans l'épargne retraite, ou même quitter définitivement le marché du travail : des choix difficiles attendent des millions d'Américains qui, à partir de lundi, n'auront plus droit au chômage, en pleine vague du varia...

à écrit le 04/09/2021 à 20:04
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Démissionner est à la mode, ces temps-ci. En mai, un record a été battu aux États-Unis avec un nombre de départs volontaires jamais atteint depuis le début du siècle, selon le Bureau des statistiques du travail : sur cent personnes employées dans les...

à écrit le 04/09/2021 à 9:46
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Votre titre est tordu ne donnant pas envie de lire votre article.

à écrit le 04/09/2021 à 0:29
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C'est l'effet boomerang

le 04/09/2021 à 9:45
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Baisse la tête.

à écrit le 03/09/2021 à 22:55
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Toujours la même tromperie des socialistes américains en mettant en avant le salaire moyen (plutôt que médian) pour dissimuler le creusement des inégalités entre les dirigeants de la silicon valley et le reste de l'Amérique...

le 04/09/2021 à 12:15
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En quoi les salaires américains vous concernent-ils ?

le 04/09/2021 à 15:16
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@Art Cela me concerne en tant qu'investisseur car pour la bonne marche de l'économie américaine je préfère de loin que les bas salaires soient augmentés pour que les "pauvres" puissent consommer plutôt que surpayer des dirigeants pour qu'ils pu...

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