Sandrine Bonnaire, au nom de la mère

Le 23 août, la mère de Sandrine Bonnaire décède dans des circonstances mystérieuses au sein de l'Ehpad où elle résidait. Après avoir réuni les preuves de négligence et de maltraitance de la part de l'établissement, la comédienne a décidé de porter plainte.
Sandrine Bonnaire témoignant sur Instagram
Sandrine Bonnaire témoignant sur Instagram (Crédits : Instagram)

« Je voudrais redonner de la dignité à ma maman parce qu'elle a été négligée et qu'elle est morte sans aucune considération. » Sandrine Bonnaire fait partie de ces actrices discrètes, absentes des réseaux sociaux. Ce mardi 28 novembre, c'est sur le compte Instagram de son ami Jeanfi Janssens qu'elle a pris la parole pour témoigner et dénoncer les maltraitances dont sa mère aurait été victime.

L'émotion est contenue, mais les mots sont forts. Depuis la disparition de Lucienne ce jour d'août, l'actrice s'échine à faire la lumière sur sa mort soudaine et inexpliquée. Déterminée, elle ira jusqu'au bout, comme elle nous l'a confié par téléphone. Elle et ses sœurs ont décidé de porter plainte contre l'Ehpad de Recouvrance, géré par le centre communal d'action sociale de Saintes (Charente-Maritime), qui accueillait leur mère depuis trois ans. Après analyse du dossier médical par plusieurs experts, les conclusions sont unanimes : « Nous avons réuni suffisamment de preuves qui confirment que sa mort est liée à des erreurs et à de la négligence. » Ni l'établissement en question ni la maire de Saintes n'ont répondu à notre appel. L'agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine a indiqué que cet Ehpad était suivi de près après deux inspections, la dernière datant de 2022, lors desquelles des dysfonctionnements ont été constatés.

Lucienne avait 84 ans et ne souffrait d'aucune maladie, si ce n'est d'hypertension. « La dernière visite de ma sœur remonte à dix jours avant sa mort. Elle allait très bien. » D'une voix douce et fragile, l'actrice dit avoir noté plusieurs dysfonctionnements au fil des visites, reflet à ses yeux d'un manque patent d'humanité chez certains employés. « Ils savaient bien que ma mère ne pouvait pas marcher seule, et pourtant la carafe d'eau était posée tout au bout de la chambre. » Elle déplore également le manque d'entretien, de papier toilette et de couches. « Mes sœurs étaient obligées de faire le travail des auxiliaires. Elles la douchaient, achetaient des couches, car là-bas il ne fallait pas dépasser le quota... » Sous-alimentée à cause d'une nourriture « infecte » malgré les 2 300 euros mensuels, sa mère attendait, souvent en vain, qu'une aide-soignante lui réchauffe au micro-ondes les plats préalablement cuisinés par ses filles. Malgré les nombreuses remarques à la directrice, les conditions ne se sont jamais améliorées. Sandrine Bonnaire avait bien cherché un autre établissement, et une place s'était même libérée une semaine après la mort de sa mère. Elle retrace la vie de Lucienne, veuve et mère de onze enfants, solide et déterminée. « Ma mère a eu une vie de merde, et elle est morte sans aucune considération. Elle était un roc avec un caractère parfois très dur. Il faut le reconnaître, elle n'était pas appréciée par beaucoup de personnes à l'Ehpad. Mais elle était malgré tout un être humain », soupire-t-elle, avant de se souvenir que, dès le premier jour dans cette résidence, Lucienne s'était plainte. « On ne faisait pas trop attention au début parce qu'on se disait, c'est maman, elle est toujours un peu râleuse. »

La comédienne a appris le décès de sa mère par un coup de fil de l'hôpital. « Elle était tombée dans le coma et les médecins nous ont prévenues qu'elle ne se réveillerait plus. » Les filles Bonnaire sont alors priées de récupérer les affaires de leur mère, sans aucun message de condoléances de la directrice de l'Ehpad. Si aujourd'hui elle a décidé de médiatiser son histoire personnelle, c'est pour aider les autres victimes de l'ombre et les pousser à porter plainte à leur tour. Cette dure réalité avait déjà été mise en lumière début 2022 dans le livre enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet. Depuis la publication de sa vidéo, l'actrice de 56 ans reçoit des messages par centaines qui la confortent dans l'idée que le combat ne fait que commencer.

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