Ehpad : après le scandale Orpea, le groupe Medicharme dans la tourmente

Le groupe privé d'Ehpad Medicharme fait l'objet de deux enquêtes administratives dont les conclusions sont attendues pour début 2024, a annoncé ce vendredi le ministère des Solidarités.
Dans leur enquête, les deux institutions publiques se penchent notamment sur les pratiques commerciales, financières et managériales du groupe privé d'Ehpad Medicharme.
Dans leur enquête, les deux institutions publiques se penchent notamment sur les pratiques commerciales, financières et managériales du groupe privé d'Ehpad Medicharme. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Les répercussions du scandale Orpea ne sont toujours pas terminées. Ce vendredi, le ministère des Solidarités et des Familles a annoncé que les conclusions de deux enquêtes sur le groupe d'Ehpad Medicharme seront rendues début 2024.

Lire aussiKorian : la face cachée du géant des Ehpad (« management par la peur », « effectifs insuffisants », obsession de la rentabilité...)

Le gouvernement a demandé, cet été, à l'inspection générale des Finances (IGF) et l'inspection générale des Affaires sociales (Igas) d'examiner, chacune de leur côté, la situation de Medicharme, qui gère 43 établissements en France et compte 1.300 salariés. Les deux institutions se penchent notamment sur ses « pratiques commerciales et financières, ses pratiques managériales, et le temps de présence effectif des personnels » auprès des résidents, ainsi que sur ses « modalités de signalement » d'incidents, indique un communiqué du ministère des Solidarités, qui confirme des informations du quotidien Le Parisien.

Lire aussiEhpad : que faut-il changer pour une meilleure prise en charge des personnes âgées ? (1/3)

Dans une déclaration transmise à l'AFP, le groupe Medicharme assure travailler « sereinement » avec les services de l'Etat et attendre les résultats de leurs travaux « qui seront communiqués de manière transparente ».

Des enquêtes qui font suite à un contrôle de l'Etat

Tout a commencé par un contrôle effectué par le gouvernement sur l'entreprise, dans le cadre du plan de contrôle national des Ehpad de l'ensemble des 7.500 Ehpad en France, débuté en mars 2022 . Ce contrôle a « permis de révéler les difficultés au niveau opérationnel » de Medicharme, selon le gouvernement.

Le contrôle initial a permis de constater la situation financière « dégradée » du groupe (qui n'est pas coté en Bourse) en raison d'une « augmentation des coûts et d'une faiblesse du taux d'occupation » des établissements, indique la lettre de mission des ministères des Comptes publics, du Travail et des Solidarités, adressée aux inspections.

« Comme tous les Ehpad, publics ou privés, nous sommes confrontés à des difficultés financières dans un contexte économique défavorable », a reconnu Medicharme. Il assure toutefois ne pas être en cessation de paiement, ni en liquidation judiciaire. Le groupe, dont l'ancien président et cofondateur Patrick Boulard a été révoqué en 2022, dit s'être mobilisé depuis « pour renforcer la qualité de prise en soin des résidents et éviter toute situation de maltraitance ».

Les répercussions du scandale Orpea

Pour rappel, le plan de contrôle national des Ehpad a été lancé pour prévenir les maltraitances envers les résidents, dans le sillage du scandale de maltraitances de pensionnaires du groupe Orpea. Celui-ci a été révélé par la publication du livre-enquête « Les Fossoyeurs » de Vincent Castanet en janvier 2022.

Ce dernier a dénoncé des maltraitances de pensionnaires et des irrégularités financières dans les établissements du groupe, présent dans 22 pays et qui gère quelque 350 établissements - maisons de retraite et cliniques - en France. Le journaliste accuse Orpea d'avoir mis en place un « système » pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés.

Fin avril dernier, le parquet de Nanterre ouvrait une enquête sur le groupe privé Orpea, soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics. Depuis janvier 2023, en 14 mois, le numéro un français des maisons de retraite a perdu plus de 95% de sa valeur en Bourse.

Orpea avait même dû mettre en place un plan de sauvegarde accélérée, qui doit faire d'un groupement mené par la Caisse des Dépôts un actionnaire majoritaire et effacer une partie de la dette d'Orpea. Avec la mise en œuvre du plan de sauvegarde, la dette nette d'Orpea sera réduite de 60%. Elle s'élèvera ainsi à 3,6 milliards. L'effondrement d'un autre gérant d'Ehpad est maintenant fortement scruté.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 28/10/2023 à 9:05
Signaler
Le véritable problème de fond est d'ordre sociale ! C'est un problème de discrimination et d'aliénation ! On ne regarde pas un enfant ou une personne âgé comme une part de nous même. D'une main on dit vouloir la bientraitance, de l'autre on les relèg...

le 28/10/2023 à 9:31
Signaler
Oui mais cette association a été fondée par des humains et non par des financiers et ça change tout or ce sont les financiers qui décident d'à peu près tout dans notre monde.

à écrit le 28/10/2023 à 8:58
Signaler
Quand est-ce que nos investisseurs réapprendront à assumer leurs immenses responsabilités ? C'est mort je crois il faut les remplacer.

à écrit le 27/10/2023 à 20:08
Signaler
On peut rappeler que dans un Ehpad le montant moyen consacré pour une journée de repas tourne autour de cinq à six euros.

à écrit le 27/10/2023 à 19:26
Signaler
Et bien évidemment qu'avant la publication du livre-enquête du courageux lanceur d'alerte - Vincent Castanet - personne n'avait rien vu🤢

à écrit le 27/10/2023 à 18:58
Signaler
C'est ce que tout le monde savait dans les EHAPD en France. On prend l'oseille et on part. Dansle pire des cas les dirigeants écoperont d'une amende et d'une peine de prison avec sursis. C'est à dire quasiment rien un fois que tous les profits les on...

à écrit le 27/10/2023 à 18:20
Signaler
"Ehpad : après le scandale Orpea, le groupe Medicharme dans la tourmente" Vous pouvez en rajouter un : Emera, qui compte près de 7 000 salariés et une centaine de maisons de retraite en Europe, est sous le coup de plaintes et signalements de f...

le 27/10/2023 à 19:31
Signaler
@lachose. Merci pour cette information. Nous sommes effectivement entrés dans une déshumanisation effrayante de la société et les politiques portent également une très lourde responsabilité sur le sujet.

à écrit le 27/10/2023 à 17:59
Signaler
Je crois que l’on ferai mieux de s’occuper de la maltraitante dans les Ephads publiques où sont placés tous les indigents !!! Car des prestations faites par des fonctionnaires ça ne fonctionne pas très bien …..

le 27/10/2023 à 23:37
Signaler
Pourtant en ratio c est bien les établissements privés les plus mal notés et qui les le plus de plaintes de la part des familles , sources Igas 2015-2022 les gens n ont qu à garder leurs parents chez eux comme en Asie ou en Afrique . Mais ils préfère...

le 27/10/2023 à 23:37
Signaler
Pourtant en ratio c est bien les établissements privés les plus mal notés et qui les le plus de plaintes de la part des familles , sources Igas 2015-2022 les gens n ont qu à garder leurs parents chez eux comme en Asie ou en Afrique . Mais ils préfère...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.