Surendettement : malgré l'inflation, le nombre de dossiers augmente légèrement

Le nombre de dossiers de surendettement est en hausse de 6% sur les neuf premiers mois de 2023 sur un an, selon la Banque de France. Une augmentation que l'institution qualifie de « modérée », contrairement à ce qu'aurait pu laisser prévoir la hausse des prix à la consommation. Les personnes sans emploi et vivant seules sont les plus concernées.
Au total, 113.000 personnes ont connu en 2022 une situation de surendettement, selon les chiffres du ministère de l’Économie.
Au total, 113.000 personnes ont connu en 2022 une situation de surendettement, selon les chiffres du ministère de l’Économie.

Bonne nouvelle pour les ménages français : ils sont toujours moins touchés par le surendettement qu'avant la crise liée au Covid-19. « On reste inférieurs de près de 21% aux chiffres de 2019 », indique Mark Béguery, directeur des particuliers à la Banque de France, ce mardi 17 octobre. Le nombre de dossiers de surendettement reste en hausse de 6% sur les neuf premiers mois de 2023, par rapport à la même période un an plus tôt.

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Le surendettement est souvent déclenché par une perte d'emploi, une séparation, ou « un choc dans les dépenses qui fait [que les personnes] n'arrivent plus à faire face ». Mais pour expliquer cette absence de « rebond » consécutif aux années Covid, une situation qu'il juge « intrigante », Mark Béguery avance plusieurs raisons : les aides d'urgence, l'ajustement des budgets des ménages face à l'inflation, et surtout le taux d'emploi qui se maintient. « C'est indéniablement une des clés de la baisse du surendettement sur le long terme », assure-t-il.

« Une légère majorité de femmes »

Le profil des concernés par le surendettement permet d'ailleurs de renforcer cette hypothèse : il s'agit en majorité de personnes inactives. « Ce sont en majorité des personnes seules, avec une légère majorité de femmes », explique Mark Béguery. La moitié des personnes concernées disposent d'un revenu très faible, inférieur au seuil de pauvreté monétaire (un peu plus de 1.100 euros par mois). Il n'existe toutefois pas de seuil, ou de limite qui détermine le « surendettement » d'un particulier, rappelle Mark Béguery.

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Pour l'année 2022, les données de la Banque de France indiquaient que les femmes et les personnes « isolées » étaient surreprésentées dans les dossiers de surendettement. Les femmes représentaient ainsi 55% des débiteurs et codébiteurs, contre 50% dans l'ensemble de la population française. Surtout, les femmes seules avec enfant(s) représentaient près de 20% des dossiers, mais moins de 10% de l'ensemble des ménages. Les hommes n'étaient toutefois pas épargnés, puisque 28% des ménages surendettés étaient des hommes vivant seuls (16% dans la population française).

25.000 euros de dettes

En moyenne, l'endettement des personnes qui font appel à la Banque de France est de 25.000 euros. Ces chiffres se basent seulement sur les personnes ayant fait la démarche de s'adresser à l'institution. Pour éviter un phénomène de surendettement caché, la Banque de France souhaite se donner plus de visibilité. Elle lancera « dans les prochains jours » une campagne de communication. Un an après le lancement du numéro 3414 pour faciliter son accès aux personnes en difficulté financière, la Banque de France a constaté une hausse de 34% des demandes d'accompagnement ou de demandes d'informations.

Au total, 113.000 personnes ont connu en 2022 une situation de surendettement. Un chiffre en baisse de 7% en un an malgré la pression inflationniste qui a commencé fin 2021 et a connu un pic en 2022, selon les chiffres du ministère de l'Économie. Le nombre de ménages surendettés a même diminué de 40% depuis 2016.

Une expérimentation pour mieux détecter le surendettement

En février dernier, le gouvernement a lancé une expérimentation d'un an dans 11 départements pour mieux détecter et « prévenir le surendettement et la précarité financière des ménages ». Baptisé « Aide-Budget », ce dispositif repose sur deux volets : un « repérage précoce » des situations de difficulté financière par des « organismes auxquels on doit des dépenses régulières » et un « accompagnement renforcé » des ménages.

« Quand un bailleur social repérera deux impayés de suite, il déclenchera une procédure pour proposer un diagnostic, afin de voir s'il s'agit d'un accident de parcours ou d'un incident plus grave », avait indiqué le ministère de l'Économie.

Ce repérage sera aussi effectué par les fournisseurs d'énergie, EDF, Engie et Total Energies, partenaires de cette expérimentation qui associe aussi les ministères des Solidarités, de la Transition énergétique et du Logement. Si le diagnostic montre que le ménage est surendetté, il recevra une information sur les dispositifs en place pour l'aider et pourra être orienté, pour un « accompagnement renforcé », vers un des 60 « Points Conseil Budget » qui participent à l'expérimentation. Ces espaces - plus de 500 au total en France - accompagnent les personnes souhaitant améliorer la gestion de leur budget ou faire face à une situation financière difficile.

Une évaluation sera menée à la fin de l'expérimentation pour décider s'il y a lieu de la généraliser à l'ensemble du territoire.

(Avec AFP)

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