Trimestre anti-inflation : guerre des chiffres sur les prix entre le gouvernement et l'UFC

L'UFC-Que Choisir a publié une étude qui fait état de légères hausses sur les produits composant le panier anti-inflation de la plupart des enseignes. L'association en rajoute une couche, dénonçant la « fausse déclaration » d'Olivia Grégoire la semaine dernière. Elle a été immédiatement défendue par Bruno Le Maire ce lundi qui s'en prend à la « méthodologie malhonnête » de l'UFC.
« Je n'aime pas qu'on trompe le consommateur », a déclaré Bruno Le Maire en réponse à la publication d'UFC-Que Choisir.
« Je n'aime pas qu'on trompe le consommateur », a déclaré Bruno Le Maire en réponse à la publication d'UFC-Que Choisir. (Crédits : Reuters)

La guerre des prix est d'abord une guerre des chiffres. Les produits inclus dans le « trimestre anti-inflation » de trois des cinq enseignes participant à ce dispositif lancé en mars par le gouvernement ont « légèrement augmenté » entre le 23 mars et le 10 mai, d'après les chiffres publiés ce lundi par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.

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Les estimations d'UFC-Que Choisir répondent à celles dévoilées le 10 mai par la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire. Elle assurait alors que, « en moyenne depuis sept semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13% dans le panier, s'il est composé à 100% de produits issus du trimestre anti-inflation », chiffres à l'appui de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

UFC-Que Choisir dénonce les mensonges du gouvernement...

« Malheureusement, cette déclaration est fausse », rétorque l'UFC-Que Choisir sur son site internet. L'association dit avoir « passé en revue les évolutions de prix d'un large échantillon de produits des paniers anti-inflation (entre 50 et 150 références selon l'enseigne), entre le 23 mars et le 10 mai, pour les cinq enseignes ».

« En moyenne, les prix ont légèrement augmenté chez Intermarché (hausse moyenne de 1,5%), Casino (hausse de 1,4%) et Système U (hausse de 1%), et ils sont restés stables chez Carrefour. La seule enseigne qui enregistre un recul ténu est Auchan (baisse de 0,3%), mais c'est elle qui avait auparavant accusé la plus forte hausse. On est loin d'une baisse des prix de 13% », prétend l'UFC dans sa publication.

... et s'attire les foudres de Bruno Le Maire

En réponse, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, interrogé sur RMC et BFMTV ce lundi matin, l'a qualifié de « méthodologie malhonnête ».

« Cette opération a commencé le 15 mars, il faut donc comparer les prix avant le 15 mars et les prix après le 15 mars » alors que l'UFC-Que Choisir « compare à partir du 23 mars », soit « après le début de l'opération », a-t-il dénoncé.

Pour tenter de contenir l'inflation des prix alimentaires, le gouvernement a incité plusieurs enseignes - à l'exception notable de Leclerc - à lancer un « trimestre anti-inflation », qui s'engagent à vendre un panier de produits au « prix le plus bas possible ».

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De nouvelles négociations ?

« Je n'aime pas qu'on trompe le consommateur. Les prix de ces produits ont effectivement baissé de 13% en moyenne. Le trimestre anti-inflation a été un vrai succès, les distributeurs ont pris sur leurs marges très largement pour financer ce trimestre anti-inflation. C'est pour cela que l'on souhaite une prolongation au-delà du 15 juin », a conclu le ministre.

Dans un communiqué, Intermarché a réagi en indiquant que sur sa sélection de 500 produits anti-inflation, « 75% ont vu leur prix baisser de 8% environ », mais que « pour le dernier quart, les prix sont soit étales soit en légère hausse ».

Ces déclarations interviennent alors que, avec le soutien de la grande distribution reçue à Bercy, le gouvernement a redemandé jeudi dernier aux industriels de l'agro-alimentaire de participer à l'effort collectif pour limiter la hausse des prix, en appelant « à leur sens de la responsabilité », ces derniers estimant qu'ils ne sont pas « des profiteurs ».

« Les industriels ne jouent pas le jeu, ils refusent de revenir à la table de négociation pour négocier les prix à la baisse », a déclaré jeudi soir Bruno Le Maire sur TMC, annonçant qu'il les recevrait mercredi.

« J'en appelle à leur sens de la responsabilité », a martelé le ministre de l'Economie estimant « qu'ils n'ont pas à profiter de cette crise ». Bruno Le Maire a appelé à une réouverture des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, « au moment où les prix de gros baissent ». Lors d'une réunion plus tôt dans la journée avec les poids lourds de la grande distribution, ces derniers ont « demandé collectivement au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour pousser à la table des négociations les industriels », a déclaré à l'AFP Dominique Schelcher, le PDG de Système U.

« Si jamais les industriels de l'agro-alimentaire refusent de rentrer dans cette négociation, ce qu'évidemment je ne peux pas imaginer, nous emploierons tous les instruments à notre disposition, y compris l'instrument fiscal, pour récupérer des marges qui seraient des marges indues faites sur le dos des consommateurs », avait averti dans la matinée Bruno Le Maire.

Une vision de la situation rejetée par le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania): « Non, il n'y a pas de profiteurs », s'est offusqué sur RTL jeudi matin Jean-Philippe André, ajoutant que « l'inflation, c'est mauvais pour (les industriels) » également.

Le nouveau président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau, a regretté jeudi lors d'une conférence de presse une forme de « surenchère » alimentée par le ministre de l'Economie et les distributeurs. Cela risque, selon lui, de relancer « une guerre des prix » bas, qui pénaliserait le revenu des agriculteurs et la pérennité des exploitations.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 15/05/2023 à 17:57
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Les prix augmentent en moyenne de 30 à 50% sur l'année.....ceux qui font leurs achats le constatent tous les jours. Bananes premiers prix à 99cents passées à 1.29€ les 5 doigts, lait frais largement proche des 2€ le litre....beurre passé de 1.40 à 2....

à écrit le 15/05/2023 à 17:03
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Pour savoir qui nous dit la vérité il faut se souvenir de ce que chacun des protagonistes nous a dit par le passé. Bruno Le Maire nous avait annoncé que les sanctions allaient "provoquer l'effondrement de l'économie russe". Au moment où j'écris ce co...

à écrit le 15/05/2023 à 14:53
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Croire aux politiques serait une gageure son besoin de toujours vouloir prouver qu'il aux manettes lui impose de raconter des fables Le mensonge est inné en politique du aux résultats inversement proportionnels aux discours pompeux

à écrit le 15/05/2023 à 13:24
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La baisse des prix, comme le travail ça ne se décréte pas. Le maître des prix, c'est le consommateur qui peut faire réagir les distributeurs et fournisseurs en consommant moins en particulier de choses non essentielles souvent très mauvaises pour la ...

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