Un simple remaniement « technique » pour répondre à la crise politique...

POLITISCOPE. Un non événement, ce simple remaniement technique. Il permet enfin d'enclencher la première d'un second quinquennat qui patine. En attendant le vrai remaniement, celui de l'Elysée, le gouvernement Borne 2 connaîtra son heure de vérité avec le budget à la rentrée.
(Crédits : Reuters)

L'annonce de la composition du nouveau gouvernement post législatives a donc été faite par un simple communiqué de presse. Deux heures auparavant, la plupart des noms étaient même annoncés par plusieurs médias. Exit donc la traditionnelle déclaration du secrétaire général de l'Elysée sur le perron du château. Alexis Kohler, qui fait l'objet de toutes les critiques dans la macronie depuis quelques jours, et qui attire désormais l'attention des médias, n'aura donc pas eu à montrer sa tête à la télévision. Signe d'une disgrâce ou volonté de protéger une pièce maîtresse du dispositif présidentiel ? On sera fixé dans quelques jours quand le nouveau cabinet de l'Elysée sera totalement remanié.

En attendant, sur les plateaux de télévision, les « éléments de langage » de l'Elysée qui ont accompagné en off ce communiqué tentent d'arrondir les angles. On parle d'un simple remaniement « technique ». Avec un objectif pour les communicants : surtout, ne pas susciter des commentaires politiques autour d'un nouveau gouvernement qui n'aura réussi, au final, qu'à attirer quelques personnes issues de la société civile, et reste composé toujours des mêmes poids lourds de la macronie. Un non-événement en somme. Circulez, il n'y a rien à voir.

Tout va se jouer avec le projet de loi de finances

Et pourtant, il est illusoire de croire que ce remaniement dit « technique » permettra de résoudre la crise politique en cours depuis la déroute aux législatives de la majorité présidentielle. « Le PR est dans la nasse », soupire un ancien macroniste. « En attendant, la bordélisation maximale continue. Macron considère qu'il peut encore attendre les deux mois d'été. Mais c'est en septembre que tout va se jouer avec le projet de loi de finances ». Une fois encore, il est donc urgent d'attendre pour le président.

C'est le Monde qui le disait il y a deux jours : certains proches d'Emmanuel Macron trouvent depuis quelque temps leur champion « hébété », « bloqué », « absent », ou même victime d'un « trou d'air ». La machine présidentielle, ayant subi un sérieux revers avec les législatives, serait-elle en plein bug ? Les explications psychologisantes ont bon dos. Car deux semaines après les résultats des élections, c'est bien la situation politique qui semble totalement bloquée dans le pays. Alors, comme à son habitude, Emmanuel Macron a essayé de gagner du temps. Après avoir refusé la démission d'Elisabeth Borne, il lui aura fallu deux semaines pour concocter avec l'aide de cette dernière un remaniement ministériel. Le petit Paris a bruissé de rumeurs sur d'éventuels nouveaux débauchages, à gauche comme à droite. Rien n'est venu de côté-là. Comme si le principal moteur du macronisme (fracturer ses adversaires par des débauchages massifs) était cassé. Cette dernière séquence n'était pourtant pas neutre politiquement.

Avec une nouvelle ligne rouge pour Emmanuel Macron : dans son univers politique, il y a ceux qui sont « capables » de gouverner, et ceux qui ne le sont pas. Ce « cercle de la raison » nouvelle formule pourrait rapidement lui jouer des tours. Car à force de renvoyer toute opposition à son pouvoir aux « extrêmes », il empêche tout bonnement le débat de se développer, et il laisse les frustrations se développer dans le pays jusqu'à faire éclore les violences, bien réelles, elles, comme lors du mouvement des Gilets Jaunes. Une situation d'autant plus détonante et paradoxale qu'au même moment, la majorité relative présidentielle a permis au RN de décrocher deux vice présidences à l'Assemblée Nationale sans susciter de grandes indignations dans les rangs médiatiques si friands d'habitude à en appeler au « front républicain ». En macronie, la ligne rouge serait donc une question de capacité, et non de principe. Ce tout se vaut apolitique est finalement une des marques de fabrique du macronisme depuis cinq ans. Mais à force de ne pas faire de politique, Emmanuel Macron risque de se retrouver dans l'impasse.

Une dissolution de l'Assemblée nationale dès l'automne ?

Car un nouveau casting ne suffira pas pour réussir à gouverner un pays particulièrement fracturé. Deux semaines après les législatives, il n'est pas encore l'heure pour Elisabeth Borne de se soumettre à un vote de confiance de l'Assemblée nationale. Il est pourtant prévu qu'elle présente son discours de politique générale le mercredi 5 juillet. Et pour cause : en deux semaines, l'exécutif n'a pas réussi à constituer une coalition élargie. Ainsi, les Républicains ont annoncé que « les parlementaires LR ne seront pas la roue de secours d'un macronisme affaibli », précisant toutefois vouloir voter avec le gouvernement au coup par coup si ce dernier reprend certaines de leurs propositions, notamment sur le « pouvoir d'achat ».

De son côté, François Bayrou en avait appelé à constituer un « gouvernement politique » (c'est raté) et réclamait un nouvel « équilibre » dans la répartition des postes (histoire de mieux représenter le Modem, aujourd'hui en position de force à l'Assemblée). N'en déplaise aux communicants, ce nouveau « gouvernement d'action » risque donc de faire très rapidement « pschitt ». Certains évoquent déjà la perspective d'une dissolution de l'Assemblée nationale dès l'automne.

Les défis à venir sont pourtant considérables : guerre en Ukraine, montée des tensions internationales entre la Chine et les États-Unis,  inflation, enjeux mêlés du climat et de l'énergie... Pour les Français, il n'est pas urgent d'attendre.

Commentaires 6
à écrit le 05/07/2022 à 21:24
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Bonjour, Mr Macron n'a aucun respect de la démocratie de notre pays... Un politique sans sois peux honnête aurait dû changer de 1 er ministre, prendre un individu de l'opposition... Enfin pour dire simple, de la majorité qui et l'opposition a sa po...

à écrit le 04/07/2022 à 18:31
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L'absence de gouvernement et un parlement bloqué incapable de voter des lois sont la seule chance de la France de redresser ses comptes publics. Pas de nouvelles mesurettes d'assistanat et finalement un peu de place à la capacité des français de se d...

le 04/07/2022 à 19:09
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Hé oui! Dommage qu'il n'ait que l'idée de faire "un aspirateur a cash" par le biais des cadeaux et baisse de TVA! Il ne stabilisera jamais l'économie ainsi...! Et, encore moins les transitions énergétiques et climatiques sans une idée simple, qui n'a...

le 05/07/2022 à 7:32
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un gouvernement pour satisfaire bruxelles mais pas du tout les francais qu'il continue d'ignorer ou est dans ce gouvernement la volonté pour réindustrialiser le pays tous les ministres nomme sont pour augmenter le droit des minorites le futur s'...

à écrit le 04/07/2022 à 18:02
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Non, puisque c'est un "simple remaniement technique", c'est alors qu'il est fait pour justement ne "pas répondre à la crise politique"... Un jeu de poker menteur dont la France et les Français sont l'enjeu. Pendant ce temps-là, Poutine joue aux échec...

le 05/07/2022 à 11:12
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m macron prend acte dit il mais quel rapprochement a t'il propose ou a t'il comme toujours imposé sa vision sans concession. il souhaite prendre le peuple a temoin mais pour cela il faut connaitre les proposition nous avons trop de en meme temp...

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