« Une mobilisation un samedi, c'est une conception intelligente de la contestation » ( François Asselin, CPME)

ENTRETIEN- François Asselin est le président de la CPME, qui réunit les petites et moyennes entreprises. Il revient sur ce conflit contre la réforme des retraites, à l'issue de la sixième journée de mobilisation. Son organisation redoute les blocages, notamment des raffineries, qui pourraient affecter l'activité économique. Il salue la proposition des syndicats d'organiser des manifestations le samedi, à condition, toutefois qu'il n'y ait pas de dégradations et de violences.
Fanny Guinochet
Le président de la CPME salue les initiatives le samedi

LA TRIBUNE - Les syndicats veulent monter d'un cran dans la mobilisation contre la réforme des retraites, avec des blocages et des grèves reconductibles.  Vous êtes inquiets pour l'activité de vos entreprises ?

FRANCOIS ASSELIN - Oui, bien entendu. Même si nous évoluons dans un pays habitué aux jours de grève. Quand celles-ci sont espacées dans le calendrier, nous nous organisons. En janvier et février, il y a eu peu d'impact sur notre activité. Mais le problème devient compliqué, quand ces journées de débrayage s'enchaînent, quand les moyens de transports sont durablement à l'arrêt, etc... Là, il est encore tôt pour dire comment ça va se passer cette semaine.

Cependant, les raffineries sont à l'arrêt ...

Oui, et ce n'est pas une bonne nouvelle. C'est même sûrement ce qui est le plus inquiétant, car nous avons vu combien le carburant est un produit de première nécessité. Nous n'avons pas envie - entreprises comme particuliers, me semble-t-il- de revivre ce que nous avons connu à l'automne. ( au moment du conflit chez Total)

Les syndicats appellent à des mobilisations le samedi... c'est moins gênant pour vous ?

Ce n'est jamais totalement neutre. Le samedi, des secteurs perdent en activité. Je pense aux commerces, notamment. Mais défiler le samedi, sans dégradation, sans violence, est une conception de la contestation intelligente. Nous ne sommes pas contre le droit de grève, c'est le signe que l'on vit dans une démocratie. En revanche, nous ne pouvons pas tolérer les blocages et actions qui entravent la vie des autres, notamment de ceux qui travaillent. Il n'y a jamais de bon moment pour un conflit social, mais, en ce moment, notre tissu de PME et TPE fait le dos rond. Nos entreprises font face à la hausse des coûts et à un tassement de l'activité. Tout ça dans un environnement incertain.

Mais le gouvernement continue de vous soutenir ....

Le quoi qu'il en coûte est fini. La plupart des mesures d'accompagnement se remboursent en ce moment. On rembourse les prêts garantis par l'Etat, mais aussi les décalages de cotisations fiscales et sociales. Si l'activité flanche, c'est difficile. Regardez ce qui se passe dans l'habillement... on assiste à des défaillances en cascade. Prenez aussi la construction neuve, les permis de construire se réduisent comme neige au soleil, ce qui entraîne des chutes d'activités pour de nombreuses entreprises, de sous-traitants etc ...

Cette réforme des retraites prévoit un décalage de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans dans le privé. Vous allez réussir à maintenir les salariés les plus âgés en poste ?

C'est un vrai défi. Mais nous sommes attachés au maintien des carrières longues, notamment pour ceux qui exercent des métiers difficiles. Le gouvernement les maintient et même élargit ce dispositif. L'autre point d'attention concernait aussi les mesures de prise en compte de l'usure professionnelle. Là, aussi l'exécutif les maintient. Voilà pourquoi nous considérons que cette réforme va dans le bon sens. Même si bien entendu, nous savons bien que demander de travailler deux ans de plus aux Français, ne fait plaisir à personne. Mais nous n'avons pas 36 solutions, si nous voulons maintenir le niveau des pensions dans les années à venir.

Une possibilité aurait été d'augmenter les cotisations ....

Mais cela aurait abouti à rogner les salaires. Or, c'est un point d'attention dans une période de forte inflation comme celle que nous traversons. Dans nos entreprises, les employés nous font part de leurs difficultés à finir le mois.

Et pour garder les salariés, et recruter, nous sommes obligés d'augmenter les salaires. Dans les TPE, et PME, il y a eu beaucoup de hausses individuelles pour essayer de répondre au pic inflationniste. Des primes aussi, grâce à la prime du partage de la valeur (ancienne prime Macron), sans cotisation, ni impôt.

 Mais, les entreprises commencent aussi à baisser leurs marges. Il ne faudrait pas que cette situation inflationniste ne s'installe trop longtemps.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 08/03/2023 à 17:50
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"Il salue la proposition des syndicats d'organiser des manifestations le samedi" Oui bien sur et entre l'église et la mairie de Créteil,pourquoi pas ,pfff

à écrit le 08/03/2023 à 9:35
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Si l'on ne souhaitait pas de "réaction"... c'est que "l'action" est inapproprié, pour certain, c'est une manière de prouver une certaine compétence à "macroner" ! ,-)

à écrit le 08/03/2023 à 7:58
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Une conception intelligente du dialogue social serait de retirer de la réforme ce que les gens ne veulent pas (ie le passage à 64 ans)

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