
En remettant dans le débat public l'avenir de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a sans doute obtenu, jeudi et vendredi dernier dans le Lot, ce qu'il souhaitait : faire parler de ce sujet brûlant, prendre le pouls des différentes forces en présence et cela sans réellement se positionner. Ce lundi, c'est le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui lui a répondu. Dans un entretien à l'AFP, le patron du syndicat réformiste a estimé que toute relance d'une réforme des retraites avant l'élection présidentielle 2022 serait une "folie" et constituerait une démarche politique "inflammable". Avant de préciser :
"Le temps est à la reprise, à la réparation de l'épreuve qu'on a traversée, dont tout le monde ne sort pas indemne (...). Il y aura des gens qui resteront au bord de la route ; de la fatigue, de la lassitude, parfois de la colère. Donc ce n'est pas la peine de mettre de l'huile sur le feu", a souligné M. Berger.
"Quelle que soit l'option retenue, ça paraîtrait totalement inflammable".
La réforme paramétrique, l'unique carte à jouer ?
Après des mois de négociations, de mouvements sociaux et de grèves, la création du système universel avait été adoptée en mars 2020 en première lecture à l'Assemblée nationale, avant d'être suspendue en raison de la crise sanitaire et économique. Les propos présidentiels de la semaine dernière, estimant que cette réforme ne pouvait être "reprise en l'état", ouvrirait la voie à un enterrement de ce système par points.
Pour rappel, la CFDT défend depuis 2019 la mise en place d'un système universel par points, considéré par la centrale comme un progrès social essentiel pour garantir à long terme le consentement de la population au fonctionnement par répartition des retraites.
"Maintenant chacun assumera sa part de responsabilité. Une approche purement paramétrique est une approche qui ne nous conviendrait pas du tout, chacun le sait", a dit le patron du syndicat réformiste.
L'autre option envisagée par le gouvernement serait donc une réforme des retraites uniquement basée sur son caractère paramétrique : le gouvernement pourrait allonger éventuellement la durée de cotisation des Français ou retarder l'âge légal du départ à la retraite (62 à 64 ans). Des modifications qui viseraient à assurer l'équilibre budgétaire du système.
Dans un entretien à La Tribune en février dernier, Laurent Berger estimait que "l'obsession du gouvernement sur l'ajustement budgétaire est déraisonnable. Il s'agissait de trouver 8 à 9 milliards d'économie d'ici 2027. Actuellement, il est hors de question de faire une guerre de position et d'hystériser la société sur le dossier des retraites.
Selon le Journal du dimanche daté du 6 juin, des documents de travail doivent être rendus d'ici à la fin de l'été afin d'éclairer l'état d'endettement de la France et son avenir. Des informations qui pourraient aider le président de la République à prendre ses fameuses "décisions difficiles" évoquées la semaine dernière.
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