« Je me bats contre cette idéologie du « tout gratuit ». La gratuité n'existe pas, il y a toujours quelqu'un qui paie. En Île-de-France, la moitié des recettes des transports en commun provient des entreprises, environ un sixième est issu des collectivités locales et un tiers vient des usagers, ce qui est moins qu'à Londres ou Lyon. Si nous appliquions la gratuité intégrale, il faudrait augmenter les taxes de 4 milliards d'euros ! D'une part, ce serait injuste : les cyclistes, les piétons, les personnes qui ne se déplacent pas financeraient celles qui prennent le métro, le bus, le tramway ou le RER. D'autre part, les ressources financières pour investir seraient fragilisées, elles reposeraient sur les aléas de la conjoncture : il serait alors très compliqué de créer de nouvelles lignes et gares. Celles-ci sont pourtant indispensables. Dans ma Région, tous les bus au diesel seront remplacés par des bus propres en 2025, plus d'une centaine de trains et métros neufs arrivent sur le réseau chaque année. Comment pourrait-on faire sans la vente de passes Navigo ?
L'équation s'est posée aux États-Unis à la fin du siècle dernier : des villes engagées dans la gratuité ont dû y renoncer. J'ajoute que les titres mensuels sont pris en charge par les employeurs pour 50% à 75% de leur valeur et nous avons un « bouclier tarifaire » pour protéger le pouvoir d'achat. Le prix n'est donc pas dissuasif. Les études ont montré qu'en Île-de-France très peu d'automobilistes abandonneraient leur voiture pour prendre les transports en commun s'ils étaient gratuits. Le prix n'est pas le problème pour eux. En revanche, beaucoup de Franciliens monteraient dans un bus gratuit au lieu de marcher ou de faire du vélo. Est-ce le bon modèle pour la santé ?
Preuve que le réseau d'une grande métropole a besoin de recettes à la hauteur, les organisateurs des Jeux olympiques ont renoncé à prendre en charge les transports en commun des spectateurs. Il y a une bonne raison. Nous serons la première collectivité dans l'Histoire à avoir des JO totalement accessibles en transports en commun. Cela occasionne un surcoût, 15 % de rames supplémentaires étant nécessaires pour accomplir cette ambition. Les visiteurs paieront finalement un forfait spécial JO de 16 euros par jour (70 euros la semaine), c'est le juste prix. Les Franciliens n'ont pas à subventionner les touristes. Pour les habitants de la Région, nous offrons la nouvelle carte Liberté + qui permet de payer à l'usage en postpaiement, comme sur les autoroutes, les tickets sont facturés au prix du carnet [1,73 euro] et sans surcoût pendant les JO ! »