Yannick Jadot, de Greenpeace au Sénat en attendant la mairie de Paris

PORTRAIT- Plus d’un an après la déroute à l’élection présidentielle, Yannick Jadot revient sur cet échec sans se chercher des excuses et reconnaît que son projet de porter une « écologie de gouvernement » est apparu trop raisonnable, notamment face à la radicalité de Jean-Luc Mélenchon. Aujourd’hui, à 55 ans, l’ancien directeur des campagnes de Greenpeace (2002-2008), s’apprête à tourner la page du Parlement européen après trois mandats, pour continuer ses combats écologiste au…Sénat. Une nouvelle vie qui pourrait bien servir de tremplin vers la mairie de Paris.
Au début des années 2000, Yannick Jadot fut condamné pour atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation après avoir pénétré en Zodiac dans la base opérationnelle de l'île longue (rade de Brest), port des sous-marins nucléaires.
Au début des années 2000, Yannick Jadot fut condamné pour atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation après avoir pénétré en Zodiac dans la base opérationnelle de l'île longue (rade de Brest), port des sous-marins nucléaires. (Crédits : DR)

« Je n'ai pas de leçon à recevoir. » Tout à coup face à nous, l'immarcescible Yannick Jadot s'emporte. L'ancien candidat à l'élection à la présidentielle (4,63% des voix) en a assez de ce procès en mollesse quand la jeune génération de dirigeants écolos - Sandrine Rousseau et Marine Tondelier - seraient plus en phase avec la radicalité portée par les jeunes militants. « Je suis celui qui a participé le plus à des actions de désobéissance civile », rappelle-t-il en énumérant ses propres opérations coups de poing menées, au nom de l'ONG Greenpeace, au début des années 2000. Il fut d'ailleurs condamné pour atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation après avoir pénétré en Zodiac dans la base opérationnelle de l'île longue (rade de Brest), port des sous-marins nucléaires. Il fut également à la pointe du combat contre les OGM en allant arracher des champs de cultures expérimentales.

Pas faire « du populisme écolo »

Bref, la radicalité, l'ancien directeur des campagnes de Greenpeace (2002-2008) a beaucoup donné et ne le regrette pas le moins du monde. Il soutient les actions des Soulèvements de la terre comme celles d'Extinction Rébellion, mouvements écolos radicaux. Il n'empêche, le sage Yannick Jadot estime qu'il faut, dans le même temps, réaffirmer « fermement » notre opposition à la violence. Un conseil diversement apprécié et qui lui a valu d'être brocardé au printemps par de jeunes militantes lors de la manifestation de Sainte-Soline. La scène a été filmée par une caméra de BFMTV et reprise en boucle. Agacé, Yannick Jadot réplique qu'il s'agissait de « Black blocs » qui n'ont rien à voir avec les écologistes authentiques. Ces « anars » viendraient juste, selon lui, « parasiter » la lutte contre les mégabassines.

Ce jeudi matin 22 juin, Yannick Jadot nous a donné rendez-vous au « Rendez-vous des amis », un café dans le quartier Denfert-Rochereau à Paris, où il habite. Il accepte de revenir sur son échec à la présidentielle. Évidemment avec moins de 5% des voix et une sixième place, le compte n'est pas bon. La campagne ne fut pas facile dans le contexte de la guerre en Ukraine. Mais l'écologiste ne se cherche pas d'excuse. Il regrette le manque de relais sur les réseaux sociaux : « Nous sommes des nains ! » Il reconnaît que son projet de porter une « écologie de gouvernement » est apparu trop raisonnable notamment face à la radicalité de Jean-Luc Mélenchon. « Faire du populisme écolo, ce n'est pas mon truc. A la fin, il faudra bien apaiser la société », analyse-t-il dans une formule qui vise à la fois la fureur de Mélenchon et les formules débridées de Rousseau.

Un Altermondialiste au palais du Luxembourg

Un an plus tard, l'homme politique s'apprête à tourner la page du Parlement européen après trois mandats. Il y était entré en 2009 après avoir été élu sur les listes dirigées par son ami Daniel Cohn-Bendit. Ses combats écologistes, il les mènera au...Sénat ! Étonnant point de chute pour l'ancien altermondialiste et économiste de formation (il a travaillé entre 1995 et 2002 au Burkina, au Bangladesh et participé au sommet de Porto Alegre) qui attaque donc à 55 ans sa quatrième vie. Le futur sénateur Europe-Ecologie/Les Verts de Paris reste toutefois flou sur ses intentions réelles. Prudent, il ménage les figures écolos de la capitale (Rousseau, Bayou, Cofin, Belliard...) et se garde bien d'attaquer frontalement Anne Hidalgo. Dans l'entretien qu'il accorde à La Tribune, il lui reconnaît des qualités en tant que maire. Mais sans dire lesquelles. En réalité, la campagne présidentielle a laissé des traces entre ces deux personnalités. La socialiste n'a pas digéré de s'être faite devancer par l'écologiste... Une humiliation supplémentaire au terme d'une mémorable Bérézina électorale.

Le Sénat, une étape avant la mairie de Paris

D'évidence, Yannick Jadot pose des jalons pour la bataille des municipales. Après vingt-cinq ans de pouvoir partagé avec les socialistes, les écologistes veulent inverser le rapport de force et prendre le contrôle de l'Hôtel-de-ville. L'objectif de Yannick Jadot est clair. Le Sénat est une étape vers la mairie. « A chaque fois que les écologistes ont conquis une ville, ça coïncidait avec la fin d'un cycle », constate-t-il citant les exemples de Marseille, Bordeaux, Lyon ou Strasbourg. Comprendre : à Paris, le PS est à la fin d'un cycle. Mais le natif de Picardie ne veut pas déclencher les hostilités trop tôt. Il sait trop bien que la joute promet d'être âpre déjà en interne au sein des écologistes. Son ennemie jurée l'écoféministe Alice Cofin se mettra en travers de sa route. Le chemin vers la conquête de l'Hôtel de ville sera nécessairement très long.

Devenu relativement populaire (13ème dans le classement Ifop/Paris Match des personnalités loin devant Anne Hidalgo), il reste à ce fan de football le soin de ne pas rater sa cible s'il veut s'ouvrir en grand les portes d'une future cinquième vie. Celle de maire de la capitale.

Bruno Jeudy

@JeudyBruno

Commentaires 6
à écrit le 24/09/2023 à 15:38
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Voilà un gars qui n'a jamais rien fait de sa vie et qui aura une très bonne retraite !

à écrit le 29/06/2023 à 11:56
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C’est beau la politique pour des personnes qui ne savent rien faire en particulier le Sénat ou le réseau et les copains sont plus importants que la compétence.

à écrit le 29/06/2023 à 7:24
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Aaaahh d'accord c'est pour ça ! Venant de Greenpeace l'association qui se mettait à une époque entre les harpons des baleiniers et des baleines et qui maintenant appelle de son canapé à voter Macron pour "sauver la démocratie". Au son des mascarades ...

à écrit le 28/06/2023 à 19:25
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Logique. On se donne une apparence en usant des Européennes. Où on ne fait rien (sauf encaisser), et on revient en disant "z'avez vu comme je sais faire !". Exactement le schéma adopté par d'autres, de l'autre côté de l'hémicycle... Asinus asinum fri...

à écrit le 28/06/2023 à 19:09
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Bonjour, Mr Jadot crois vraiment que les Français vons voté pour lui lors de la présidentielle.... Déjà qu'ils ne représentent personne et que ses idée sur l'économie (échange économique et concurrence déloyale) sont complètement hors sujets... M...

le 28/06/2023 à 21:46
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Déjà la mairie de Paris c'est loin d'être gagné pour lui ni même les sénatoriales .S'il a eu son heure de gloire aujourd'hui il est has been il appartient au cimetière des éléphants comme tant d'autres qui ont cru à leur destin et qui ont fini dans ...

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