Hausse des taux d'intérêt : Emmanuel Macron sous la pression de la dette

Avec la remontée des taux d'intérêt, la charge de notre dette augmente fortement. Selon Bercy, ce sont 10 milliards de plus que prévu initialement à l'horizon 2027 pour les emprunts à dix ans. Ces conditions financières limitent les marges de manœuvre de l'exécutif. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire transmettra mercredi soir 19 avril son programme de stabilité de la France pour 2023-2027 au Haut conseil des finances publiques, avant la présentation en Conseil des ministres. Ce document détaille les prévisions de croissance et de trajectoire des finances publiques sur cette période.
Fanny Guinochet
Emmanuel Macron doit prendre en compte les nouvelles conditions financières de la dette.
Emmanuel Macron doit prendre en compte les nouvelles conditions financières de la dette. (Crédits : POOL)

C'est exactement comme pour les particuliers. Après des années d'argent magique, emprunter devient coûteux. Les taux d'emprunt à dix ans auxquels la France se finance sont remontés bien plus vite que ne le prévoyait le gouvernement. Ils ont dépassé les 3% en fin d'année dernière. Et aujourd'hui encore, ils oscillent autour de 3%. Bercy table sur un taux qui se rapproche de 3,4% dans la seconde partie de l'année.

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Il n'empêche, cette progression amène le gouvernement à revoir ses prévisions. Le ministère de l'Economie tablait dans sa dernière loi de programmation des finances publiques, sur une charge de la dette estimée à 60,6 milliards d'euros, fin 2027. Ses nouvelles estimations seraient plutôt au-delà de 70 milliards d'euros à la même échéance... Soit un delta supplémentaire d'au moins 10  milliards d'euros. Voire plus.

L'envolée des taux d'emprunt

« C'est simple : un point d'intérêt en plus sur la dette française, à horizon 2027, c'est quinze milliards d'euros de charge supplémentaire sur la dette publique », a expliqué, ce matin, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie.

Surtout, ces nouveaux taux d'intérêt alourdissent la facture à mesure que l'ancienne dette, - qui ne coûtait presque rien-, est remboursée, et remplacée par une dette contractée à des conditions très onéreuses.

Résultat : la charge de la dette, selon la comptabilité de Maastricht, devrait passer de presque 42 milliards d'euros l'an dernier à 70 milliards à horizon 2027. Soit 30 milliards d'euros de dépenses en plus pour l'Etat.

Le contexte inflationniste, qui augmente par ailleurs les rentrées fiscales, ne suffira pas à compenser. Même les économies occasionnées par la toute récente réforme des retraites - autour de 13 milliards d'euros d'ici 2030 - qui devrait entrer en vigueur, si le calendrier est respecté, dès septembre prochain, seraient vite effacées.

Des marges de manœuvre réduites

Les marges de manœuvre du gouvernement se réduisent donc comme peau de chagrin. Et le casse-tête est tout autant économique que politique. Comment dans ces conditions financer les chantiers annoncés par le Président en matière de santé, d'éducation, de justice, pas plus tard que lundi soir. Comment payer l'embauche de magistrats ? Le remplacement des enseignants ? La fin des attentes aux urgences ? Où trouver l'argent pour rendre ces promesses élyséennes effectives ?

Jusqu'à présent, le gouvernement tablait sur un endettement à 110,9 % du produit intérieur brut, en 2027, soit peu ou prou le niveau de 2022. Comment réussir à tenir cette trajectoire avec cette nouvelle donne ? Comment faire pour revenir à un déficit public qui repasserait sous la limite européenne de 3% du PIB ? Le programme de stabilité concocté par Bercy devrait toutefois réaffirmer la volonté du gouvernement de réduire les dépenses.

Inquiétude au sommet de l'Etat

Aussi, Bruno Le Maire veut-il accélérer le désendettement de la France. Certes, la clause d'exemption à la procédure de déficit excessif de l'Europe est encore en vigueur jusqu'à la fin de l'année. Mais cette parenthèse va bientôt se refermer.

De fait, cette hausse des taux est comme une épée de Damoclès qui plane sur la France.  « Claquer de l'argent pour la charge de la dette uniquement parce que les taux d'intérêt ont augmenté, je trouve que c'est autant d'argent qui pourrait aller vers les collèges, les écoles, les crèches, la décarbonation de notre économie » a regretté le ministre de l'Economie.

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Au plus haut de l'exécutif, l'inquiétude se ressent. La France n'a pas de mal à trouver des investisseurs qui achètent sa dette, car le pays bénéficie d'une bonne image.  « Mais le risque d'un scénario à la Grecque est toujours possible. Si on se dit que l'on se fiche des réformes, ça peut nous arriver », assure l'entourage de la Première ministre. Et d'ajouter : « C'est d'ailleurs un des éléments qui a nous conduit à tenir sur cette réforme des retraites ».

Fanny Guinochet
Commentaires 19
à écrit le 20/04/2023 à 10:00
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Malgré les politiques qui se gargarisment d'une bonne gestion depuis Mitterrand l'homme des cadeaux dans compter M Chirac plus occupé par la tambouille politicienne M Sarkozy belle parole de mégalo mais dépensier pour le bulletin de vote et son clo...

à écrit le 20/04/2023 à 6:31
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Esther Duflot a sans doute raison sur l'insignifiance de la pseudo réforme des retraites qu'elle voit comme avant tout motivée par des considérations politiques. Mais le FMI, qui n'est pas un club de professionnels du sketch politico-médiatique, m...

à écrit le 19/04/2023 à 16:46
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"Jusqu'à présent, le gouvernement tablait sur un endettement à 110,9 % du produit intérieur brut, en 2027, soit peu ou prou le niveau de 2022." Il faudrait au moins se donner les moyens de baisser notre rapport dette/pib de 1% par an. ça serait vrai...

à écrit le 19/04/2023 à 15:50
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3% sur 3000 milliards de dettes font 90 milliards et sur 3,4% ca ferait 102 milliards!!!!

à écrit le 19/04/2023 à 15:47
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Je ne m'inquiète pas pour lui, il autant d'intérêt d'un coté que de l'autre tout en pédalant dans la semoule par le simple fait de son statut !

à écrit le 19/04/2023 à 14:50
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En realité nous avons une une inflation provoquée !!!!!!! Elle est en partie provoquée par l'etat la hausse sur l'électricité n'est pas justifiée pourtant elle provoque une hausse des prix enorme le prix des autoroutes l'etat pouvait agir en dim...

à écrit le 19/04/2023 à 12:15
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Donc comment les français peuvent ils comprendre une réforme des retraites censé rapportée 10 à 12 milliards d'euros sur 7 ans alors que les seuls intérêts de la dette Française, l'absorbe rien que sur l'année 2023. Voilà après le quoi quy'il en coût...

le 19/04/2023 à 14:34
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Vous êtes très loin du compte sur les intérêts de la dette Française. En 2021 cela nous a coûté 12 milliards, en 2022 cela nous a coûté 38 milliards et cette année cela va nous coûter 60 milliards c.à.d. le coût de la dette risque cette année de deve...

à écrit le 19/04/2023 à 10:32
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L’excellent René Dossière pointe dans son blog (25/10/22) que le gouvernement Borne (41 ministres et 565 conseillers) est le plus cher des gouvernements de la 5ième république, 4,3 % en hausse par rapport au gouvernement Castex. « Chiffre à relativis...

à écrit le 19/04/2023 à 7:56
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L'inflation augmente aussi les recettes de l'état donc c'est quasiment neutre pour le paiement des intérêts. C'est le b.a-ba de l'économie 🙄

le 24/04/2023 à 12:26
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Raisonnement simpliste, il faut peut-être apprendre la suite de l'alphabet. Je n'aurais pas voulu vous avoir comme professeur, ni comme élève d'ailleurs. En matière de dette, il faut aussi parler de croissance en valeur du PIB, de taux d'intérêt appa...

à écrit le 18/04/2023 à 23:06
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Bruno Lemaire en a après ceux qui touchent peu et l'envoi à l'étranger... Mais pourrait il aussi chercher à éliminer la fraude fiscale de grande ampleur comme les très grandes fortunes et surtout les parties politiques qui se font rembourser les frai...

le 24/04/2023 à 12:13
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Je plussoie. A l'image d'un de ses prédécesseurs, l'excellent Raymond Barre (dit "le meilleur économiste de France") qui avait mis la France en rigueur en trois étapes ...et "en même temps" avait planqué une dizaine de millions (d'euros d'aujourd'hui...

à écrit le 18/04/2023 à 20:20
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Demandons conseil à des spécialistes de la réduction des frais généraux et des restructurations; je propose Carlos Tavares. Comme il n'est pas question de demander un effoty supplémentaire aux "sans dents", je propose de réduire président et parlemen...

le 19/04/2023 à 9:51
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Donc on economise 1 milliard euro avec vos propositions. Et le reste de 2999 milliards euro, ils viennent d'ou?

le 19/04/2023 à 14:54
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@ revo : Je crains que vous ne soyez dans l'erreur. Si on économisait 1 milliards, cela ne reviendrait à diminuer de 1 milliard notre déficit budgétaire qui est hélas de près de 150 milliards. En aucune façon cela ne diminuerait la dette, car au lieu...

à écrit le 18/04/2023 à 17:39
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Emettre de la monnaie de manière inconsidérée pour cacher les émissions similaire, plus étalée, pendant 10 ans à l'occasion d'une grippe plus aggressive mais qui cible des personnes retraités, est une faute qui tentait de corriger une terrible incomp...

à écrit le 18/04/2023 à 17:36
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hahaha! c'est pas possible!!!!!!!! papa hollande qui se targuait d'avoir fait 40 milliards d'economie n'avait rien fait, il a profite des politiques sans nom de la BCE pour avoir un peu plus de marge pour depenser gratuit! et la l'ascenceur revient d...

le 18/04/2023 à 23:02
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Vu le quinquennat 2017 à 2022 je suis pas sur que Hollande est creuse le trou. En revanche le "quoi qu'il en coute"...

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